Personnalités rattachées à Letia

Ugo Colonna

Letia entre dans l’histoire avec la mort du Pape Léon III, lorsque son successeur Etienne IV monte sur le trône de Saint Pierre avec le soutien de Louis le Pieux, successeur de Charlemagne. Le comte romain Ugo Colonna et ses partisans qui s’étaient opposés à l’élection du nouveau Pape furent pardonnés à la condition qu’ils aillent reprendre la Corse aux sarrasins. Ugo Colonna et les siens se rendirent en Corse, en l’an 816, avec mille fantassins et 200 cavaliers. Embarqués sur plusieurs navires, ils se dirigèrent vers la cité d’Aléria pour la libérer. Parmi les gens d’armes qui accompagnaient le comte Ugo Colonna se trouvait son neveu, Orlandino, cavalier émérite. L’île libérée, Ugo Colonna institua en l’an 818, son neveu Orlandino Colonna, seigneur de la contrée que l'on nomme de nos jours le vicolais, avec résidence à Letia.

La paix imposée par Ugo Colonna en 816 perdura jusqu’en 856, bien après sa mort qui intervint en 856. Alors que son fils Bertario était demeuré à Rome, les deux autres, Bonifacio et Cinarca Colonna, l’avaient secondé en Corse. Bonifacio Colonna succéda à son père en 856, alors que la Chrétienté était sous le pontificat du Pape Pascal, auquel succédèrent le Pape Valentin, puis de 828 à 844, le Pape Grégoire IV. Tous trois le confirmèrent comme suzerain de l’île de Corse. Bonifacio fit de l’île un état sain et sûr. Il la défendit contre les exactions des puissants infidèles. Il organisa, avec le soutien de ses parents de Toscane, des incursions en Afrique où il dirigea le sac de Carthage et de Tunis. Il libéra la Sicile. En Corse, il dû affronter les maures qui revinrent avec leur roi Nugolone après avoir débarqué à Aléria et en profitant de l’aide de leur roi Saladin, du roi de Tunis et du roi de Bône pour tenter de reconquérir la Corse. Le comte Bonifacio dirigea la lutte et fini par triompher de Nugolone et de son fils Abitel, lesquels avaient pu soulever les maures établis en Corse depuis leur première défaite, à l’époque d’Ugo Colonna.

Le comte de Barcelone qui avait défendu Rome contre la menace de la flotte de Saladin et de ses alliés, fût envoyé par le Pape en Corse pour soutenir les derniers efforts du Comte Bonifacio pour chasser les arabes. Beaucoup parmi ces derniers, n’ayant pu rembarquer, profitèrent de l’édit du comte Bonifacio qui leur permit de se convertir à la religion catholique, malgré les protestations du Pape. A la mort du comte Bonifacio Colonna en l’an 879, la Corse était stabilisée, alors que la guerre avait duré de 816, sous le règne du comte Ugo Colonna, à 856 sous le règne de Bonifacio Colonna. Les descendants de Bonifacio maintinrent la Corse dans la paix et le calme dura 84 ans. Ils appliquèrent, pour gouverner le pays, le cadre et statut laissés par Ugo Colonna et son Fils Bonifacio. Le comte Orlandino, son fils lui succéda, suivi du comte Ridolfo, puis du comte Guido, et du comte Bonifacio, et ainsi l’un après l’autre, de père en fils.

Bonifacio donna le jour au comte Arrigo, que l’on surnomma Arrigo bel Messere pour ses qualités humaines, intellectuelles, physiques et morales. Selon Giovanni della Grossa, l’arrivée au pouvoir d’Arrigo bel Messere intervint en 968, soit 152 ans après le débarquement d’Ugo Colonna en 816. Ce dernier avait amené avec lui en Corse, en plus de Bonifacio, son autre fils Cinarca, dont la descendance s’était perpétuée. On pu distinguer successivement le comte Olivieri, père du comte Rinaldo, qui eut comme fils le comte Gulielmo, lequel donna naissance à Forte, comte de Cinarca, qui vécut à l’époque d’Arrigo bel Messere. Forte et tous ses prédécesseurs et descendants de Cinarca s’étaient appelés ainsi comme le château et le comté du même nom; ils l’avaient également donné à leur château et à leur comté. Forte vécut du temps d’Arrigo bel Messere qui avait une fille prénommée Bianca ; celle-ci épousa son fils, Antonio di Cinarca. « Bel messere » avait également sept fils. En l’an 1000, Arrigo bel Messere entreprit une médiation à la demande de Forte de Cinarca qui avait une querelle avec les châtelains du Castello de Talavento. Arrigo bel Messere fût traitreusement tué dans une embuscade des talaventesi qui firent prisonniers ses sept fils avant de les noyer au « pont des sept polli ». Cette tragédie eut lieu au mois de mai de l’an 1000 et, selon la légende, une voix surnaturelle se fit alors entendre annonçant à tous : « Arrigo bel Messere est mort ». L’historien Giovanni della Grossa ajouta pour sa part, «Et la Corse ira de mal en pis ». En 1072, Malaspina chassa le comte Andrea de Cinarca, et tous les siens, ils se réfugièrent en Sardaigne. Son fils, qui lui succéda, ne put gouverner. Le Pape envoya plusieurs gouverneurs successifs qui ne parvinrent pas à rétablir la paix. Le pape se résolut alors à confier la Corse à Pise qui exerça une tutelle bienveillante sur la Corse en cherchant à développer l’île.

Ugo Colonna, à la tête du détachement qui se rendit en Corse pour libérer l’île des sarrasins, débarqua en Corse en l’an 816. Il avait à ses côtés le vaillant Orlandino Colonna, son neveu. Cavalier émérite et guerrier d’élite, il brilla par sa conduite au combat contre les maures, dès le débarquement à Aléria et pour la libération de l’île entière. En récompense de son courage et des services rendus, Ugo Colonna l’institua, en l’an 818, seigneur de la contrée de ce que l’on nomme aujourd’hui le vicolais, avec résidence à Letia. Orlandino Colonna fit bâtir le Castello della Catena, à Letia, la même année 818, ainsi que le Castello de Geneparo, à mi chemin entre Sia et Salognu. Le castello de la Catena était bâti sur un arc naturel de pierre qui surplombe deux précipices ce qui le rendait aisément défendable. Les études archéologiques confirment le récit de Giovanni della Grossa en indiquant que les ruines du Castello remontent au IXe siècle.

Amondo Amondaschi.

Après la mort d'Arrigo Bel Messere en l'an Mil et avant 1072, date d'arrivée du gouverneur Malaspina nommé par le Pape, une famille de la région, les Amondaschi qui habitait « Supetra », une localité proche de Vico, attaqua le Castello de la Catena dont elle s’empara. Le Castello fût détruit ainsi que celui de Geneparo. Le principal organisateur de ces attaques était Amondo Amondaschi, qui après s’être emparé de la Catena et de Geneparo, revendiquait le titre de seigneur et comte de Cinarca car il appartenait à la famille du comte Arrigo bel Messere. Il tenta de conquérir des seigneuries dans le Cismonte sans y parvenir. Il se replia alors sur Catena. Les affrontements qui se perpétuaient plongèrent la Corse dans le chaos. Une délégation des peuples de l’île se rendit alors à Rome pour demander au Pape Grégoire VI de ramener le bon ordre dans le gouvernement de Corse. Le pape donna le gouvernement de la Corse au marquis Malaspina qui prit contact avec les Amondaschi et avec d’autres seigneurs qui se rallièrent. Le comte de Cinarca, considérant qu’il était le successeur d’Arrigo bel Messere, refusa de faire allégeance

Diotaiuti

En 1072, Malaspina, gouverneur de la Corse nommé par le Pape, chassa le comte Andrea de Cinarca et tous les siens. Ce dernier se considérait comme le successeur d'Arrigo Bel Messere et donc comte de Corse. Il avait pour cela refusé de faire allégeance à Malaspina. Il se réfugia en Sardaigne avec les siens. Son fils, qui lui succéda, ne put gouverner. Le Pape envoya plusieurs gouverneurs successifs qui ne parvinrent pas à rétablir la paix. Le pape se résolut alors à confier la Corse à Pise qui exerça une tutelle bienveillante sur la Corse en cherchant à développer l’île. En 1112, le Castello de Cinarca revint aux Cinarchesi, qui rentrèrent en Corse après quarante ans d’exil en Sardaigne. Le comte Andrea, fils d’Antonio de Cinarca et petit fils de Forte de Cinarca avait été banni par le gouverneur Malaspina. Il avait été accueilli par Giudice di Gallura qui l’avait pris sous sa protection. Giudice di Gallura prit Arrigo, le fils d’Andrea, en estime et lui donna une formation de chevalier puis le maria à sa nièce. De cette union naquit Diotaiuti, petit fils d’Andrea de Cinarca. Les gentilshommes du vicolais, plus particulièrement les « Alzovisacci », décidèrent à la veille de l’an 1112 de se rendre en Sardaigne pour demander au comte Arrigo et son fils de revenir en Corse pour reprendre leur seigneurie de Cinarca. En 1112, Arrigo da Cinarca et Diotauti revinrent en Corse où ils furent très bien accueillis. Arrigo fit jurer allégeance à son fils Diotaiuti. Ce dernier se rendit à Pise pour y nouer des contacts avec les autorités. Plus tard, il se rendit à Letia ou il enleva le Castello de la Catena tenu par les Amondaschi et qui avait été reconstruit comme celui de Geneparo. Il occupa les deux Castelli. Il reprit l’ensemble du vicolais et le Niolu. Diotauti laissa un fils légitime qui s’appelait Cinarchese. Ce dernier agrandit le domaine et gouverna la Cinarca qui s’étendait alors, au Sud, au delà du col Saint Georges et, au Nord, au delà du Niolu. Il gouverna en bonne entente avec le représentant de Pise. Avant de mourir, il transmis son comté à son fils Cinarchese . Ce dernier eut deux fils, Guido et Goglermo da Cinarca. Ils vécurent en bonne entente sans tenter d’étendre leur domaine.

Arrigo Cinarchese.

Fils de Diotaiuti, il fût seigneur de la Catena et de Cinarca comme son père. Il conserva son domaine en veillant à le maintenir en paix, malgré les agissements de Pise, de Gênes, des factions et du clergé.Il eut deux fils, Guido et Goglermo.

Guido della Catena

Guido, seigneur de la Catena et da Cinarca,vécut en bonne entente avec son frère Goglermo. Il sut maintenir son territoire dans la paix. Guido eut deux fils. Le premier fût nommé Arrigo Orecchiritu, Le second fût nommé Rinieru Pazzo parce qu’il faisait des "choses étranges".

Arrigo della Catena e da Cinarca, surnommé Arrigucciu Orecchiritu,

Arrières petits fils de Diotaiuti, petits fils de Cinarchese, fils de Guido, les deux frères Arrigo Orrechiritu et Rinieru Pazzo, firent mettre aux fers leur oncle Goglermo et l’étrangler quelques jours plus tard. Arrigo séjournait le plus souvent à la Catena, il demeura seigneur de Catena et de la Cinarca. Il avait construit le Castello cinarchese situé entre Sagone et le Liamone. Il s'agit vraisemblablement du lieu dit "U Castellu" situé au dessus de la plage dite de San Ghjuseppu

Arrigo Orecchiritu était réputé pour sa sagesse. Les autres seigneurs faisaient appel à sa médiation en cas de litige entre eux.

En 1245 Sinoncellu della Rocca fils illégitime de Goglermo da Cinarca revint de Pise où il s’était rendu pour éviter le sort de son père assassiné par Arrigo Orecchiritu et Rinieru Pazzo. Il voulait faire valoir ses droits en Cinarca. Après avoir noué une alliance avec Rinieru Pazzo, réfugié à Gozzi après une brouille avec Orecchiritu, il s’attaqua alors à ce dernier qui vivait au Castello de la Catena avec ses deux fils après avoir confié le Castello de Cinarca à la garde de ses partisans. Ces derniers le trahirent et permirent à Sinoncellu de s’emparer du Castello de Cinarca. Cette prise, obtenue grâce à l’aide des galères pisanes, consacra son influence auprès des seigneurs féodaux.

Il se fit appeler désormais, Sinoncellu della Rocca, comte de Cinarca et Giudice di Corsica, soit, Giudice di Cinarca. Giudice de Cinarca se rendit alors à Letia, au castello de la Catena où il provoqua Arrigo Orecchiritu en assiégeant épisodiquement le castello de la Catena durant plusieurs jours d’affilée puis en levant le camp.

Arrigo Orecchiritu noua alors une alliance avec le seigneur de Sant Antonino et prit attache avec Gênes. Les génois promirent de lui fournir un contingent de 500 hommes.

Giudice di Cinarca, décida d’attaquer le fort de Catena avant que le contingent génois ne vienne renforcer Orecchiritu. Il se rendit ainsi au Castello de la Catena et tenta d’attirer Arrigo hors les murs. Il demanda à ses hommes de simuler une fuite dès la sortie des hommes du castello de Catena qui ne manqueraient pas de les poursuivre. En cette année 1257, Arrigo quitta le castello pour prendre en chasse les hommes de Giudice ; tombant dans une embuscade, il fut tué. Cependant, Giudice ne pût s’emparer du castello dont le pont-levis fût relevé. La défense de Catena était assurée par les deux fils d’Arrigo Orecchiritu, Arrigo et Guido qui résistèrent.Giudice se retira de Catena pour éviter d’affronter le contingent génois.

Ayant perdu Cinarca, les fils d’Arrigo Orecchiritu portèrent désormais le seul titre de comte de la Catena. La résistance se poursuivit au castello de la Catena jusqu’à ce qu’Arrigo de la Catena décide de demander la paix à Giudice qui la leur accorda. Mais dès que l’occasion se présenta, ils reprirent la guerre, alternant combats et trêves, causant des difficultés à Giudice qui jamais ne put en venir à bout.Guido mourut. Il laissa cinq fils. Arrigo, qui n’avait pas de descendance prit soin de ses neveux. 

Arrigo Della Catena.

Arrigo Della Catena, fils d'Arrigo Orecchirito, et comte de la Catena depuis que son père, Orrechiritu avait perdu Cinarca, n'eut pas de descendance. Il assura le devenir des ses neveux, les fils de son frère Guido della Catena, qui avait épousé une romaine de la famille Leca, avant de décéder. Arrigo della Catena fit reconstruire le castello de Geneparo (Calanche de Piana) et le donna à son neveu Golgelmo. Il fit édifier le castello de Maschio (près de Coggia) et le donna à Arrigo, autre neveu. Arrigo fit édifier pour son troisième neveu Restoruccio le castello de Leca (près d’Arbori). Ce Castello deviendra celui des Leca ( nom de la mère romaine de Resteruccio) et notamment celui de Ghjuvan Paulu da Leca, le plus connu et de la Huitième génération après Arrigo Orecchiritu et à la quatrième génération après Resteruccio. Arrigo della Catena avait deux autres neveux, Branca et Giudicellu. Il continuait de résider à la Catena mais lorsqu’il fut âgé, l’un de ses neveux le chassa du castello pour qu’il aille vivre dans une localité du voisinage avec l’assurance du versement de quelques subsides. Cette attitude ingrate fût le salaire des soins attentifs qu’il avait portés à l’éducation et l’établissement de ses neveux. Gênes tentait alors de s’imposer en Corse et avait su profiter de l’alliance demandée par les fils d’Arrigo Orecchiritu comtes de la Catena, pour affronter Giudice de Cinarca, allié de Pise.

Golgelmo della Catena, seigneur de la Catena, était l’aîné des cinq fils de Guido della Catena. Il succèda à son oncle, Arrigo della Catena, qui, âgé, avait été conduit dans le village proche. Golgelmo eut un fils Lupaciello. Les génois qui commençaient à se familiariser avec les choses de Corse furent mécontents de ce que Golgelmo se lie avec les aragonais en raison de l’antagonisme entre aragonais et génois qui avaient, les uns et les autres, des prétentions sur la Sardaigne. Gênes décida en cette année 1329 d’attaquer Golgelmo et son fils Lupaciello dans leur fief. Elle ne put les réduire car ils avaient avisé Aragon et organisé leur défense avec succès, à Catena et à Cinarca. Le roi d’Aragon occupait alors la Sardaigne. Les habitants de Sassari se révoltèrent et massacrèrent les troupes aragonaises. Il en alla de même à Alghero où les génois vinrent secourir les sardes. Aragon répliqua en envoyant une flotte qui, après avoir battu la flotte génoise, se dirigea vers la Corse. Gogliermo della Rocca gouvernait alors la Corse, sous la protection de Gênes qui s’était imposée dans toute l’île, excepté en Cinarca et Catena, en affirmant qu’elle était venue en Corse à la demande des insulaires. Après que Gogliermo della Rocca ait changé de camp et choisi celui des aragonais, il s’appuya sur les seigneurs de Catena et de Cinarca. Ensemble ils demandèrent à Aragon de venir les assister, leur affaire échoua et Gogliermo della Rocca fût tué. En Cinarca et Catena, Golgelmo et son fils Lupaciello qui avaient, depuis 1329, combattu pour le roi d’Aragon furent attaqués, cette fois vaincus et déportés à Gênes où ils moururent. C’est vraisemblablement à cette époque que le Castello de Catena fût rasé, bien qu’aucun document ne l’atteste.

Ghjuvan Paulu da Leca.

Au cours des derniers soubresauts du Moyen-Âge, reprenant le projet traditionnel de ses prédecesseurs tendant à imposer leur comté face à Gênes, Ghjuvan Paolu da Leca (3) (Jean Paul de Leca) domine cette période par l'ambition de son projet et l'opiniatreté qu'il développa pour l'imposer et réussir un moment à rassembler au nom du sentiment national.

Fils de Resterucciu di Leca et petit fils de Rinucciu di Leca, il naitra en 1450 au cœur de la seigneurie construite par le fils d'Arrigo Orecchiritu, Arrigo della Catena, pour son neveu Resteruccio, près d'Arbori (Castello da Leca).

À cette époque, l’île était gérée, au nom de Gênes, par l’Office de Saint Georges, avec l’assentiment du Pape. La domination génoise devint ainsi fondée en droit. Giovan Paolo di Leca su rassembler la région de Catena et de Cinarca en incarnant, face à Gênes, au XVe et aux marches du XVIe siècle, le sentiment national qui lui permis de mobiliser les paysans de la région que l’on nomme aujourd’hui le vicolais. Cette mobilisation contre Gênes lui permis d’arracher l’indépendance de l’état de Cinarca et de l’étendre des portes de Calvi, au Nord, jusqu’aux portes d’Ajaccio et au-delà du Celavo, au Sud.

Sous le régime de Giovan Paolo di Leca, Gugliemo Bolano est nommé évêque de Sagone en 1480 et fonde la même année le couvent de Vicu, que fait bâtir l’année suivante, en 1481, Giovan Paulu di Leca. Bolano, originaire de Speloncatu en Balagna, demeurera en poste à Sagone jusqu’en 1490, année de son décès. (C. F. cronica di Corsica de Caporossi).

En 1487, Gênes tente de reprendre la main et s’efforce de mettre fin au régime seigneurial et à l’État de Cinarca, instauré par Giovan Paolo di Leca. Ce dernier dirigera la révolte contre les troupes génoises qui le harcèlent. Au cours de ces affrontements, comme les autres villages du vicolais, Letia participe avec sa population au mouvement qui embrase les terres de l'état de Cinarca et notamment le vicolais. Le chef de la révolte s’appui sur le fort de Cinarca, situé près du littoral et facile à prendre, et sur le castellu fortifié de Leca (Arbori) ainsi que sur le castellu de Sia, situé au sud d’Osani et au-dessus de Portu sur la commune actuelle d’Ota. Giovan Paulu di Leca est passé à l’offensive contre l’Office de Saint Georges dont il était l’allié. C’est le début de la nouvelle guerre des cinarchesi contre Gênes.

Ghjuvan Paulu di Leca est élu comte di Corsica à u Borgu di a Marana, devant 30.000 personnes. Blessé à Vicu, il rentre à Leca. Le soulèvement qu’il a conduit dans toute la région de Vicu, Letia, etc. et de la Cinarca entière, jusqu’au Niolu et une partie de la Balagne, est écrasé. En effet, Gênes à fait parvenir à ses troupes un canon de bronze, débarqué à Sagone par le chef du corps expéditionnaire génois, le français de Falcon. La région de Vicu et Letia subissent une forte répression et nombres de destructions, menées sous les ordres du mercenaire de Falcon.

Battu, Giovan Paulu di Leca se réfugie en Sardaigne, après s’être embarqué à Ajaccio pour Sassari. En 1489, au cours de la deuxième guerre livrée par l'Office de Saint Georges contre Giovan Paolo di Leca (Chronique de Corse- Anto Pietro Filippini, Editions Piazzola, Introduction , traduction, notes et Index de Antoine Graziani, janvier 1996, page 401, note 53) Ambroggio da Negri dirige la repression et détruit et incendie les villages de Sorru in su, de Sevi in dentru, de l'ensemble du vicolais, du Filosorma, Chiomi et Lecciola. Il chasse les habitants de l'ensemble de ces régions, y compris les populations des villages du Sia et de la Cinarca, eux mêmes incendiés, notamment Sari d'Orcino, Ambiegna, Arro et Lopigna.

En 1493, après avoir fait raser les forts de Leca et de Cinarca, l’office de Saint Georges confie le fort de la Zurlina,(Construit par Rinucciu della Rocca) situé face à Letia, à un allié de Gênes, le pievan de Coggia.

Les 24 et 25 août 1498, Giovan Paulu di Leca débarque à Roccapina avec ses deux fils et quelques partisans. Il se rend chez l’un de ses fidèles, Amoroso de Vezzani, qui le dénoncera aux génois. Traqué par Gênes, sa tête est mise à prix 100 ducats. Les alliés corses de Gênes le combattent dont Rinuccio della Rocca. L’Office de Saint-Georges envoie Ambrogio de Negri et Gerolamo de Gentile pour diriger les troupes combattant Giovan Paulu di Leca. Ce dernier fait alliance avec Rinuccio de Leca, ancien allié de Rinuccio della Rocca.

Giovan Paulu di Leca est finalement battu et s’embarque pour Rome. Il se rendra en Sardaigne.

De retour de Sardaigne en 1501 et après avoir débarqué à Aléria, Giovan Paulu di Leca rallie successivement le Niolu où il recrute 200 Hommes, puis Evisa, avant de parcourir les villages de sa seigneurie et y recruter des partisans dans tout le vicolais, notamment à Letia qui fournira une nouvelle fois des hommes et des vivres. Il en est de même pour toutes les autres localités du vicolais qui rejoignent l’insurrection.

Après divers combats au cours desquels il doit affronter à nouveau le gouverneur et chef du corps expéditionnaire génois, Ambrogio de Negri, débarqué en juin 1501 à Bastia avec pour mission de le réduire, Giovan Paulu di Leca(9) se réfugie dans le fort de la Zurlina (situé face à letia, sur le monte a u castellu, au-dessus du col de Sorru) d’où il négocie sa reddition, directement avec Ambroggio de Negri.

Après l’échec de la révolte, Giovan Paulu di Leca s'embarque à Calvi, en octobre 1501, pour s’exiler en Sardaigne. Le chef cinarchese décèdera à Rome en 1515 et sera inhumé dans la Basilique Saint Chrysogone (San Crisogono), lieu de sépulture de la colonie corse de Rome, où furent inhumés notamment les officiers de la garde papale corse (11) de 1506 à 1662, dans la ville éternelle.

Ghjuvan Francescu Leca de Cristinacce,

Ghjuvan Francescu Leca de Cristinacce, Chanoine de l’évêché de Sagone, intervint auprès des autorités génoises en faveur de la population de Letia, chassée du village lors de la révolte de Gio Paulu di Leca de 1501 et celle de Rinucciu della Rocca en 1504. Après plusieurs tractations, il adressa le 23 janvier 1516 une requête (47) écrite aux autorités de Gênes afin que la population de Letia puisse revenir cultiver ses terres, à nouveau. L’interdiction avait été imposée pour trente ans après la révolte de Gio Paulu di Leca, en 1501, et surtout celle de Rinucciu della Rocca, plus précisément en 1504, où celui-ci, après son échec, avait du, avant de se rendre, se réfugier dans le fort de la Zurlina, sur le monte a u castellu, situé face à Letia. C’est en 1504 que Letia avait été détruit, une nouvelle fois, par les troupes de Nicolo Doria, chef du corps expéditionnaire génois, chargé de mener la répression, et qu’accompagnaient les unités de « Guastatori », ayant pour tâches de détruire les maisons, récoltes, arbres fruitiers, oliviers, châtaigniers, séchoirs, bergeries, troupeaux, etc. En 1516 le chanoine Leca de Cristinacce obtint des autorités de Gênes, l’autorisation pour que les habitants de Letia puissent revenir cultiver leurs terres. Cette requête est conservée dans les écrits de Mathieu de Porta, aux archives de la Banque de Saint Georges à Gênes où elle peut être consultée. Elle porte les noms des habitants de Letia en faveur desquels le Chanoine Ghjuvan Francescu Leca de Cristinacce intervint. La famille Leca de Critinacce est demeurée présente à Letia jusqu'à la deuxième moitié du dix neuvième siècle.

Antoniu ARRIGHI.

En 1575, Antoniu Arrighi (41), émigré de Letia à Speloncatu, fils de Francescu Arrighi de Letia , reçoit le 18 janvier 1575 les lettres d'attestation de noblesse, signées du gouverneur génois de la Corse, Agostino Doria. Il est à l'origine de la famille Arrighi de Balagna, qui servira le Regnu di corsica et le parti national.Le descendant d'Antonio Arrighi, Domenicu Arrighi se mit au service de Pascal Paoli dès 1755 après avoir servi et favorisé l'implantation du parti national en Balagna. De 1808 à 1881, neuf descendants d’Antoniu Arrighi, qui quitta Letia en 1575, ont exercé les fonctions de Maire de Speloncatu. La maison familiale Arrighi existe toujours à Speloncatu et porte sur sa façade une plaque commémorative. (Sources : Site Cronica di Corsica de Caporossi et site Noitutti.com.)

Dumenicu Arrighi, proche conseiller de Pasquale de Paoli, législateur et juriste, chef de guerre, il est l'un des rédacteurs des lois constitutionnelles établies sous le généralat de Paoli. Né en 1714 à Speloncatu, décédé le 26 août 1789, il est le descendant de Antoniu Arrighi qui quitta Letia en 1575 (supra). Sous le régime de Pascal Paoli, Dumenicu Arrighi (42), apparenté au père de la patrie, servit le parti national et son chef. Il exerça d'importantes fonctions politiques auprès du Bappu di a patria. Le 10 août 1753, il est l'initiateur et un des signataires du manifeste de Belgodère, en faveur de Gaffori et qui entérine la destitution de Giuliani par ce dernier, lors de la Consulta qui s'était tenue à Tuani les 30 et 31 juillet. En 1756, il est chargé par Pascal Paoli de diverses missions de médiation, notamment à Lumiu. Il est élu membre du Magistratu di Balagna. Il sera réélu en 1757. En mai 1761, il est nommé membre du Guvernu Supreme ou Conseil d'Etat à Corti où il siège auprès de Pascal Paoli. En août 1761, le général Paoli le nomme chef des forces armées de Balagna avec le grade de Lieutenant général des troupes de Balagna. Il est conseiller d'état en 1762, puis en 1765. En 1767, il est élu président de la Consulta Generale (assemblée générale des représentants de toutes les communautés de Corse). Il participera aux différents combats et particulièrement à la bataille de Ponte Novu. Après la défaite, il se retirera avec les chefs de la Nation sur le Rotondu et demeurera en contact avec Clément Paoli, le frère du général, afin d'organiser la résistance, jusqu'à la chute de Corti et le départ de Paoli pour l'exil à Londres. Il se ralliera alors à la France et fera partie de la délégation, représentant les familles qui s'étaient retirées sur le Rotondu et ailleurs. Carlu Bonaparte le père de Napoléon et Jean Thomas Arrighi de Corti feront partie de cette délégation qui rencontra le comte de Vaux, à Corti, pour engager des pourparlers avec le commandement des troupes de Louis XV. En 1772, Dumenicu Arrighi sera nommé commissaire de la junte royale de Caccia. Il décèdera le 26 août 1789, sans revoir le père de la patrie qui ne reviendra en Corse que le 14 juillet 1790.

Ghjuseppu Maria Arrighi (43), né à Speluncatu en 1769, il décèdera en 1834.Il est le petit-fils de Dumenicu Arrighi. Ecclésiastique, il a été étudiant en Droit et Littérature à la Sapienza de Rome. Ecrivain, juriste, et magistrat, il a exercé comme conseiller à la Cour de justice de Bastia. Juge et président de session du Tribunal du département du Golu, puis président du Tribunal Civil de l'arrondissement de Balagna, il exerça la magistrature tout en menant une carrière d’écrivain. En 1794, il fait imprimer un opuscule dédié au général Pascal Paoli et intitulé La félicita, i diritti e le virtù sociali nella cattolica religione (la félicité, les droits et les vertus sociales dans la religion catholique). En 1803, il est membre résident de la société d'instruction publique du département du Golu. En 1806, il écrit Viaggio di Licomede in Corsica, relation historico-philosophique sur les coutumes anciennes et actuelles de la Corse. En 1809, il écrit un essai historique sur le règne de Naples. En 1818, il est membre de la société d'Instruction Publique du Département de la Corse. Il est l'auteur de nombreuses publications en langue italienne dont Il Saggio Storico, ouvrage dans la lignée de Pietro Giannone, dont l'œuvre constitue, selon l'écrivain Jacques Thiers, l'une des sources de Montesquieu.

Capitanu Ignaziu ARRIGHI,(51), officier et patriote corse, né à Letia en 1736, décédé le 1er Novembre 1790,(Il était âgé de 36 ans lors du recensement de 1769), son acte de décès porte la mention 54 ans. Il était le fils de Giuseppe Arrighi,né à Letia en 1708, lui même fils de Gio Siliu Arrighi  (né à Letia le 20 juin 1666) et petit fils du capitanu Arrigo Arrighi, né le 6 octobre 1631, mort après 1680, capitanu  Podestat en 1678.

Ignaziu Arrighi a représenté, comme député, la communauté de Letia à la consulta organisée en 1765 , sous le régime de Pascal Paoli. Il fut désigné pour prendre le commandement de la compagnie,  formée à Letia en 1768, alors que le conseil suprème à Corti, devant le danger d'invasion qui se précisait avec les premiers débarquements de troupes françaises, avait  décidé de renforcer l'armée nationale en faisant  appel plus particulièrement aux communautés qui avaient soutenu le parti de la nation et son chef. Cette unité a été formée avec des letiais et a recruté deux hommes pour chacun des villages de Sorru in Giù et également à Soccia pour Sorru in sù. L'unité pris le nom de son commandant, la Compagnia ou Squadra Arrighi, de l'armée nationale corse du général Pascal Paoli. Dirigée sur Corti en juin 1768, elle reçu l'ordre de se positionner à Furiani, avant poste face aux troupes françaises de Bastia et de Saint Florent. Elle  demeura à Furiani en juillet et en août et elle mena divers combats sporadiques contre les troupes françaises  venues de Bastia et de Saint Florent. Repliée en Casinca avec l'ensemble du bataillon Saliceti, la compagnie participa à la contre offensive qui rejeta les troupes françaises au dela de Furiani, alors que Borgo demeurait aux mains des français. A la veille de la bataille de Borgu, la compagnie reçu l'ordre de marcher sur Lucciana, participant à la mise en place d'une ceinture de sécurité par l'installation de point d'appuis, en direction des contreforts de Borgo pour parachever l'encerclement des troupes du colonel de Ludre et préparer ainsi  a battaglia Maestra qui fut une victoire éclatante de l'armée nationale (5 au 9 octobre 1768). Avant la bataille  la compagnie à reçu une solde, à deux reprises, à Lucciana, durant le mois de septembre. Les moines et les troupes corses qui tenaient le couvent saint François de Lucciana mirent en déroute les troupes de Louis XV, venues de Bastia pour tenter de percer l'encerclement.

Ignaziu Arrighi participa avec la compagnie aux combats de l'armée nationale qui tenta de sauver l'indépendance de la Corse et le libre destin de la nation que Paoli avait unifiée et structurée autour des valeurs traditionnelles et des idéaux des lumières.

ARRIGHI Ignazio (49),officier et chef de guerre sous le régime du roi Théodore.

Né à Corti vers 1700, il est le frère d’Antonio Maria Arrighi qui sert dans l’armée vénitienne. Ignazio Arrighi à rejoint son frère à Venise où il devient Lieutenant des armées de la république de Venise. Il entre par la suite au service du roi de Sardaigne.

En avril 1733, de passage en Corse, il est arrêté par les génois, comme « rebelle », puis libéré au bout d’un mois. Considéré comme un agent de Venise par les représentants de Gênes; Ignazio Arrighi est aussi un personnage quelque peu excentrique. Il arbore un large crucifix sur la poitrine et un chapelet autour du cou.

En février 1734, il se met au service de l’un des généraux du Règne de Corse, le général  Ghjacintu Paoli. Il sera toujours opposé à Giafferi et marquera de la défiance à son égard. Il est chargé de prendre Corti, tenu par une centaine de Suisses, commandés par un capitaine mercenaire, aux ordres des génois. Il parvient à prendre la ville et incendie une douzaine de maisons des fidèles de la république génoise, notamment les Adriani. Seule la citadelle demeure aux mains des génois, jusqu’à ce qu’il s’en empare en avril 1734.

A la consulta de Sant’ Antonio di a Casabianca, dans l’Ampugnani, il est nommé Lieutenant général du Royaume. En mai, à la consulta d’Aregno, il tente en vain de décider les balanais, fidèles à Gênes, à entrer dans le conflit aux côtés des nationaux.

En janvier 1735, à la consulta d’Orezza, il est nommé membre de l’Uffiziu di a Guerra. Ses troupes désarment les balanais qui ont refusé de participer à la consulta et qui sont demeurés fidèles à Gênes. En avril, il est dans le Cap corse. En mars 1736, il est le seul chef corse à ne pas accueillir Théodore 1er. Il est chargé de s’emparer de Saint Florent. Avec 300 fusiliers, il fait route vers San Pellegrino. En mai, à la tête de 100 cavaliers et de 500 fusiliers, il s’empare de Patrimonio et de Barbaghju  et cerne Saint Florent. Toujours en mai,entré en dissidence, il veut empêcher le roi Théodore de séjourner à Corti. Il s’en suit une bataille au cours de laquelle il est battu. Il s’enfuit et se réfugie dans le vicolais. Sa maison et celles de ses parents sont pillées et incendiées. Demeurant opposé à Théodore, menacé d’arrestation par ce dernier, il devient chef de la région vicolaise (C.F. Eléments de biographie dans  Cronica di Corsica). Théodore de Neuhoff  a toujours considéré Arrighi comme un ennemi au même titre que le chanoine Orticoni, Ghjacintu Paoli ou Salvini. Il le dit par lettre adressée, après son départ intervenu début novembre 1736, lorsqu’il écrit à Giovan Maria Balisone Teodorini qu’il appelle «son  premier chapelain ». ( C.F Antoine Marie Graziani, le Roi Théodore, Editions Taillandier juin 2005, page 223).

Avant de quitter la Corse pour arriver à Livourne le 12 novembre 1736, affirmant vouloir revenir bientôt en Corse, Théodore nomme divers responsables et désigne comme son représentant dans le vicolais le chanoine et comte Ilario Guagno et comme chef du Dila, Luca Ornano. (C.F Antoine Marie Graziani, infra).Ces deux personnages ont pour objectif de contrecarrer l'action d'Arrighi à la tête du vicolais où il s'appui sur son parent Prete Marcoriu.

Ignazio Arrighi est bien installé dans la région du vicolais à l’arrivée du colonel comte de Boissieux. Il s’y trouvait déjà depuis qu’il était menacé d’arrestation par Théodore, après les affrontements à Corti et l’attaque menée par les partisans de Théodore qui avaient incendié la maison Arrighi dans cette cité.

Selon Ambrogio Rossi (Osservazioni Storiche sopra la Corsica, Libro VII, page 73  et 74), le chanoine et comte Ilario Guagno et le responsable du Dila, Luca Ornano, nommés tous deux dans leurs fonctions par Théodore, avaient écrit à Maillebois pour dénoncer  Ignazio Arrighi, en affirmant qu’il fallait considérer comme suspecte sa présence dans le vicolais.

Selon Ambroggio Rossi, toujours dans le livre cité infra, (page 96), en juin 1739 le colonel Maillebois a chargé le commissaire à la guerre , Villeheurnois, de vérifier à Campo dell’Oro, puis à Sagone, les quantités de fourrage disponible  pour la cavalerie. Villeheurnois s’est rendu à Sagone avec le consul de France, le docteur Paravisini. A cette occasion, l’envoyé de Maillebois a convoqué les chefs de province. Il a ainsi reçu le Chanoine Ilario Guagno, le prêtre Marcoriu, le chanoine Bianchi et, précise Ambrogio Rossi, le lieutenant Arrighi Ignazio.

Arrighi Ignazio est bien responsable du vicolais à l’arrivée de Maillebois auquel il se rallie.

En 1739, le 10 août, à la demande du marquis de Maillebois qui avait remplacé le comte de Boissieux comme envoyé de Louis XV, alors que Gênes n’était plus en mesure de gouverner la Corse devant la révolte et l’emprise des nationaux, Ignazio Arrighi est capitaine au régiment Royal Corse.  Il a en effet accepté l’offre de Maillebois qui délivre des patentes de capitaine aux corses qui arrivent à lever 50 nationaux corses. C’est le 10 août 1739, qu’il  est admis au Real Corso, régiment royal d’infanterie italienne, créé  par ordonnance du roi Louis XV. Avec  Ignazio Arrighi, on trouve dans ce régiment Ignaziu Domenicu Baldassari de Furiani et le capitaine Ghjuvan Carlo Salicetti.

Le 4 octobre 1739, Maillebois  présentera  à Corti  sept compagnies du Royal Corse, avec leurs officiers dont Saliceti Ghjuvan Carlu, Arrighi Ignaziu, Francescu Orticoni, Orsone Tavera, Oraziu de Carbuccia, Don Filippu Grimaldi et Petru Paulu Murati.

Ignaziu Arrighi décèdera à Antibes le 28 décembre 1739. 

SALICETI Ghjuvan Carlu, officier et patriote corse (50).

Saliceti Ghjuvan carlu, capitaine. En 1739, le 10 août, à la demande du marquis de Maillebois qui avait remplacé le comte de Boissieux comme envoyé de Louis XV, alors que Gênes n’était plus en mesure de gouverner la Corse devant la révolte et l’emprise des nationaux, Saliceti est capitaine au régiment Royal Corse.  Il a en effet accepté l’offre de Maillebois qui délivre des patentes de capitaine aux corses qui arrivent à lever 50 nationaux corses. C’est le 10 août 1739, qu’il  est admis au Real Corso, régiment royal d’infanterie italienne, créé  par ordonnance du roi Louis XV. Avec Ghjuvan Carlo Saliceti on trouve dans ce régiment Ignaziu Domenicu Baldassari de Furiani et le capitaine d’origine Cortenaise Arrighi Ignaziu, ancien lieutenant de l’armée de Venise qui de passage en Corse sera arrêté par les génois avant de se mettre au service de Ghjacintu Paoli.

Le 4 octobre 1739, Maillebois  présentera  à Corti  sept compagnies du Royal Corse, avec leurs officiers dont Saliceti Ghjuvan Carlu, Arrighi Ignaziu, Francescu Orticoni, Orsone Tavera, Oraziu de Carbuccia, Don Filippu Grimaldi et Petru Paulu Murati. Ignaziu Arrighi décèdera à Antibes le 28 décembre 1739.

En décembre 1739, Ghjuvan Carlo Saliceti participe à la Consulta de Biguglia, où il rencontre avec Ghjuvan Tomasu Giuliani et d’autres Principali, le marquis de Cursay,  envoyé de Louis XV en Corse. Ce dernier évoque les « bonnes intentions» du roi de France à l’égard des corses. Cursay ne fera pas allusion à une nouvelle soumission à Gênes mais évoque l’obéissance au roi de France. Les corses semblent séduit par la démarche de  de Cursay. Une lettre est envoyée au roi de France dans laquelle les corses le prient de recevoir leur soumission sans réserve et lui promettent de se conformer à toutes les instructions de son représentant. Salicetti Ghjuvan Carlu signe cette lettre ainsi que dix sept des plus éminents chefs corses du moment.

Il se rallie à Pasquale de Paoli des avant son accession au pouvoir en 1755.

En novembre 1760, Salicetti commande le détachement de soldats nationaux qui s’empare de la tour de la Mortella qu’il enlève aux génois. Après l’avoir bombardée, il s’en rend maître au nom de la nation.

En mai 1762, Pascal Paoli lui confie la direction du siège de Macinaghju. En août de la même année, Aleriu Francescu Matra, qui veut combattre Pascal Paoli, lui adresse, ainsi qu’à d’autres chefs régionaux, un manifeste pour l’inciter à abandonner le parti de Paoli et à le rejoindre. En septembre, Salicetti  attaque Antisanti, dans la piève de Vezzani, où se sont réfugiés les partisans de Matra. En octobre, il est à Ferringule  (Farinole) dans le Cap pour empêcher Antonucciu de Matra d’atteindre la Coscia. En décembre, il est nommé commandant de compagnie d‘un des deux régiments nationaux, nouvellement créés.

En juillet 1763, il est blessé  à la bataille de Furiani contre les génois.

En  octobre 1763, Il participe sur ordre de Pascal Paoli à l’attaque de la citadelle d’Ajaccio avec un détachement chargé de s’emparer du quartier du Borgo pour approcher la citadelle, tandis qu’un autre détachement, commandé par Buttafoco, viendra de Saint Antoine par les collines. Ce projet avait été préparé par l’avocat Giuseppe Masseria, neveu de Santu Folacci, représentant du général Paoli dans le Pumonte. Masseria s’étant emparé de la citadelle par surprise attendit les renforts de Salicetti qui devaient venir de Campo dell Oru pour attaquer le Borgo, quartier proche des fossés. Buttafoco allongea son parcours en descendant de Saint Antoine du Mont, au Nord Ouest d'Ajaccio, après avoir rejoint le sentier venant des Sanguinaires. Les troupes génoises avaient eu ainsi le temps de réagir. Masseria  sera blessé et fait prisonnier ainsi que son fils. Il  mourra sous la torture. Saliceti sera contraint de quitter les abords de la ville.

En février 1767,  il est chargé de préparer le débarquement de Capraia.

En septembre 1768, lors de la première offensive des français, il dirige les unités nationales, dont la compagnie Arrighi, qui sont chargées de défendre, à Furiani, la pénétration sur l’axe Bastia - Casamozza. Paoli avait renforcé son dispositif en lui adjoignant Vinciguerra, à la tête de 400 hommes. Encerclé, après que les français se soient emparés de Biguglia, il réussi à décrocher avec ses unités dont la compagnie Arrighi et a gagner la Casinca. Il participe à la contre attaque en Casinca avec les effectifs qu’il a sous ses ordres. Les français sont rejetés sur la ligne de front, Saint Florent – Bastia, mais tiennent Borgo. Le 5 octobre, Gian Carlu Salicetti est présent à Lucciana, où il a installé ses compagnies sur les contreforts de Borgo, à la réunion préparatoire, autour de Pascal Paoli, des chefs des unités corses qui doivent mener l’assaut sur Borgo. Il participe avec ses unités, dont la compagnie Arrighi, à la bataille de Borgo qui se termine le 10 octobre par la reddition des troupes de de Ludre.

En avril 1769, il est parmi les chefs nationaux qui s’apprêtent à affronter les français à Ponte Novu. En mai, après la défaite, il se rend dans la région de Vico, où il connait le capitaine Ignaziu Arrighi, et les sous officiers et les soldats de sa compagnie  qu’il a eu sous ses ordres,  aux combats de Furiani et de Casinca, ainsi qu’à la bataille de Borgo. Avec Clemente Paoli, le frère du général et d’autres nationaux, il tente de reconstituer et de réorganiser l’armée nationale autour des quelques hommes qui restent avec lui, et de faire de la piève de Vicu un bastion de la résistance. La plupart des Capipoli du vicolais s’y  refusent et prennent contact avec les français. Salicetti se dirigera sur l’Île Rousse d’où il s’embarquera pour la Ligurie sur un navire anglais, avec deux cent nationaux. En décembre, il reviendra en Casinca avant de se rendre à Florence où il retrouvera Clemente Paoli.

Saliceti demeura fidèle aux idéaux du Babbu. Ainsi en 1774, il participera à l’expédition de Nicodemu Pasqualini, afin de soulever le Niolu. Originaire de Castinetta, Pasqualini avait été envoyé par Clemente Paoli en Corse pour tenter de fomenter une insurrection générale à partir du Niolu. Ce projet échoua et les protagonistes poursuivis par Marbeuf, réussirent à se réfugier dans le fort de Matra à Aléria, d’où ils seront chassés par l’artillerie de Marbeuf. Ils réussiront à fuir dans le Cap et enfin en Ligurie.  Ghjuvan Carlu Saliceti se réfugiera à Florence où demeurait également Clemente Paoli.

Sources : Cronica di Corsica de Caporossi. Ambroggio Rossi, Osservazioni storiche sopra la Corsica 1761-1768. Rôle de la compagnie Arrighi, archives départementales de la Corse du Sud. Journal des campagnes de 1768-1769 en Corse par le chevalier de Lenchères. Mariotti BSSHNC N° 103,106 (pages 382- 474).

Giacomu Petru Carlu ABBATUCCI. Officier et patriote corse, (31)

Il fut l’un des principaux artisans de la victoire de  Borgu (5 au 9 octobre 1768), où il commandait I pumuntichi, (les originaires de la région du Pumonte ou de l’Au Delà des monts) et des patriotes du Cismonte avec quelques étudiants de l’université de Corti.

Grâce à son action au Nord de Borgo, les troupes françaises furent ralenties sur les rives du  Bevinco, avant de tenter de prendre en tenailles les corses qui assiégeaient Borgo. Après leur échec pour délivrer la garnison de Borgo, elles furent rejetées sur la Marana et Bastia. Ce coup d’arrêt porté aux troupes de Chauvelin, dont les colonnes de Marbeuf et d’Arcambal, permis à l’ensemble des troupes nationales de s’emparer de Borgo et de la garnison française aux ordres du colonel de Ludre. Ces troupes, placées sous le commandement du général Pasquale de Paoli, et des chefs nationaux comprenaient, entre autres, le bataillon Saliceti avec la compagnie Arrighi, formée à Letia. .

 Le général J.P. Abbatucci, héros de la guerre d’indépendance contre Gênes puis contre la France, responsable des Pievi du Sud de la Corse, contesta l’autorité de Paoli et fut incarcéré à Corti durant sept mois. Il se réconcilia  avec lui en 1766 et fut nommé, à cette date, général pour le Sud de l’île. Rallié au vainqueur après Ponte-Novu.
Marbeuf, marquis de Cargèse, « le vieux pacha luxurieux » qui le jalousait à cause de son charisme et de l’ascendant qu’il avait sur ses compatriotes, tenta de le compromettre dans un complot criminel, objet d’un montage avec le faux témoignage du curé de Guitera, qui tourna à son désavantage. Le général fut néanmoins condamné et envoyé au bagne de Toulon avant d’être innocenté en 1782, puis réhabilité en 1787. Il pu retrouver son grade de Lieutenant colonel de l’armée royale, avant d’être élevé au grade de Maréchal de Camp en 1791.

Il s’opposa à nouveau à Pascal Paoli après le retour de celui-ci de son exil de Londres.
Le général Jacques Pierre Abbatucci dont les aïeux originaires, de Zicavo, dans la Pieve de Talavu, s’étaient distingués au service de la République de Venise, notamment lors de la guerre contre les turcs, avait fait ses études chez les jésuites à Brescia, ville où son grand père maternel, le général Domenicu Paganelli-Zicavo, était gouverneur.
Il est le père du général Charles Abbatucci mort au combat de Huningue en 1796 à l’âge de 25 ans, du jeune lieutenant Séverin Abbatucci, mort à 19 ans, après le siège de Calvi (août 1794) où il fut mortellement blessé, et du chef d’escadron Antoine Abbatucci, mort à 22 ans durant la campagne d'Égypte avec Bonaparte.
Son petit fils Jacques Pierre sera ministre de Napoléon III.

Petru COLLE, officier et patriote corse

Ayant quitté Letia pour Corti, au début du mois de juin 1768, la compagnie Arrighi à perçu  son armement et ses équipements individuels.Sous les ordres de Ignaziu Arrighi, elle présenta les armes à Petru Colle, l’un des chefs militaires nationaux originaire du Rustinu, chargé par Pasquale de Paoli de passer la compagnie en revue le 22 juin.

Le même jour, Petru Colle, après avoir versé la solde à la compagnie Arrighi, rendit compte par écrit au général Paoli de la revue de présentation de l’unité letiaise à laquelle il venait de procéder. Il émargea le Rôle de la compagnie Arrighi, signé également par le général Paoli.

En septembre 1768, devant l’offensive des français, aux ordres du marquis de Chauvelin, Pasquale Paoli abandonne le Nebbio et demande à Petru Colle de demeurer à Lentu pour assurer la défense du  passage de Tenda. En octobre, Petru Colle participe à la bataille de Borgo. Il retrouvera, le 5 octobre, la compagnie Arrighi qui fait partie du groupement commandé par Gian Carlu Salicetti et qui est cantonnée à Lucciana. Petru Colle, qui est lui-même à la tête d’un groupement, assiste le 5 octobre à Lucciana, à la réunion des chefs nationaux autour de Pascal Paoli, avant l’offensive sur Borgo.

En avril 1769, il est parmi les chefs nationaux qui vont affronter les troupes françaises à Ponte Novu le 8 mai 1769. En mai, après la défaite, avec près de 200 soldats nationaux de Balagna, il quitte l’île à bord d’un vaisseau anglais et s’exile en terre ligure. En 1777, il est à Venise. Lors de la guerre d’indépendance de l’Amérique (1776 – 1779), il est agent recruteur pour le compte de l’Angleterre. Devenu capitaine de l’armée anglaise, il combat les français à Minorque, aux Baléares en 1781. Il y perd le bras droit. Il se retire en Angleterre en 1782.

Anto Santu Arrighi (1713-1770), (note N°52)

Capitaine et procureur de la communauté de Letia sous le généralat de Pasquale de Paoli. Né en 1713 à Letia, Anto Santu Arrighi est le fils du capitano Giacomo Francesco Arrigho (1).          Anto Santo Arrighi a été élu procureur de la communauté de Letia après 1755. En 1762, tout en demeurant attaché au parti national et fidèle au général de la nation, Pasquale de Paoli, il contesta, avec d’autres capipopoli de la région, l’autorité de Santu Folacci, commissaire général pour le Dila.

En 1768, alors que le danger d’affrontement avec les troupes françaises se précisait, le général Paoli a demandé à cinquante communautés de l’intérieur de mettre à la disposition du gouvernement une compagnie qui devait renforcer l’armée nationale ou truppa pagata. Letia fut choisi avec d’autres communautés pour fournir une unité pour l’armée régulière. En Août 1768, alors que la compagnie Arrighi, formée en majorité de letiais, se trouvait sur la redoute de Furiani où les combats allaient s’engager, Anto Santu Arrighi mobilisa les hommes valides de la communauté pour marcher sur Sagone,  avec divers contingents du vicolais, pour repousser le débarquement de galères, venues de la garnison françaises d’Ajaccio en vue de s’emparer de la tour de Sagone (2).

Anto Santu Arrighi désigna le député qui avait représenté la communauté de Letia à la Cunsulta de 1765, le capitanu Ignaziu Arrighi, pour recruter et former la compagnie de volontaires qui pris son nom. Cette unité était composée en majorité de ressortissants de la communauté letiaise. La compagnie recruta des volontaires dans les villages de Sorru in Giu. Un recrutement fut effectué à Soccia pour Sorru in su, alors que Coggia, Arbori, Murzo, Vico fournissaient chacun deux hommes. Anto Santu Arrighi avait participé à la désignation des hommes de la compagnie où l’on retrouve toutes les familles de la communauté letiaise. Les procureurs des autres villages avaient eux-mêmes, en accord avec Ignazio Arrighi, désigné les soldats recrutés dans les communautés de la piève.

L’effectif réduit des compagnies résulte du manque de moyens dont disposait le gouvernement de Paoli qui limita ainsi les possibilités de recrutement dans les villages et les pièves. Les commandants d’unité de l’armée régulière durent modérer les ardeurs des jeunes volontaires et s’en tenir, comme c’est le cas pour la compagnie formée à Letia, à un enrôlement total de 17 puis de 21 recrues.

Anto Santu Arrighi se rendit régulièrement à Corti pour assister aux différentes Cunsulte en vue de la mobilisation générale. Il décéda en 1770, deux ans après l'infelice battaglia di Ponte Novu.

Anto Santu Arrighi s'était marié le 17 octobre 1746 avec Angiola Maria LECA d' Arbori, née dans ce village en 1724 et fille de Pietro Santo Leca. L'épouse Angiola Maria reçu de ses parents une dot de 1300 lires par contrat signé devant le notaire Padivantonio Peraldi de Vico.(C.F.-1-supra, Les seigneurs de Leca, Tome IV, Canavelli Colonna, éditions Piazzola, 2012).

                                                        -------------------

(1)  Giacomo Francescu Arrigho était le fils del podestà Battestino d'Arrio, fils de Mighele d'Arrio dit Arrio II, fils d’Arrio I, le fils de Franciscone da lo Piano, arrêté par les génois en 1513 avec son frère Andria, alors qu'ils s'étaient rendu sur le territoire de la communauté de Letia, pour y cultiver les terres, interdites d'accès à la suite de la grande révolte, menée en faveur de Gio Paolo di Leca, et qui suscita la destruction du Village de Letia et ceux de la région, par Niccolo Doria, en 1503 avec, pour les habitants, interdiction de revenir durant trente ans pour y cultiver leurs terres. (C.F. Livret sur le Patrimoine historique et Religieux de la Communauté de Letia, pages 15 et 50). Concernant l’ascendance, voir « Les seigneurs des Leca et leurs descendants » – tome IV. Canavelli Colonna. Editions Piazzola, 2012.

(2)     C. F Bulletin de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de la Corse. Archives Départementales de la Corse du Sud (10 RE V). Dans cette lettre Paoli indique à Vinciguerra, présent à Furiani,  que la Tour de Sagone avait été menacée par des Galères, venues de la garnison française d’Ajaccio mais que 300 nationaux du vicolais, qui montaient la garde sur la grève, avaient empêché le débarquement des soldats qui projetaient de s’emparer de la tour.

Antonio ARRIGHI (44), notaire établi dans le village de Letia, au hameau de Cugugnana, sous le régime de Pascal Paoli (1755-1769). Il représenta la communauté de Letia comme délégué à la Cunsulta que le général Paoli organisa en juin 1794, afin d'éviter que l'île ne tombe sous le régime de la Terreur qui s'imposa en France à compter de 1793. La Consulta generale s'est tenue à Corti et a adopté, par vote des délégués des différentes communautés, dont celui d'Antonio Arrighi, délégué de la communauté de Letia, la rupture avec la France et la constitution du Royaume de Corse (anglo-corse), qui est un acte fondamental en 12 titres et 75 articles. (Sources: site de la "Cronica di Corsica" de Caporossi. Corse-Hebdo" no 531 daté du 16 octobre 2009, et bulletin municipal de Letia "A Voce di Letia", no 4 du mois de février 2010).

Padre ALBINI, né à Menton le 26 novembre 1790 Charles Doninique Albini est décédé au couvent San Francescu de Vicu le 20 mai 1839. Letia a reçu dans la première partie du 19ème siècle, en 1838, la visite du père Albini, père oblat de Marie Immaculée, envoyé en Corse, à Vico, en terre de mission par le fondateur de l’ordre, Mgr de Mazenod, alors que monseigneur Casanelli, évêque de la Corse avait racheté le Couvent San Francescu, bien national depuis la Révolution française. C’est à l’occasion de sa visite à Cugugnana que fut érigée une grande croix de bois, au lieu-dit « campanile », qui était visible du village. Cet épisode a donné lieu à ce qui a été considéré comme un miracle réalisé par le père Albini. Il nous a été conté comme tel. Alors que les paroissiens de Cugugnana ne parvenaient pas à hisser la croix afin de l’installer à l’emplacement choisi, le père Albini aurait apostrophé les hommes chargés de cette tâche en leur disant : « Hommes de peu de foi, je vous ordonne de lever cette croix pour la plus grande gloire de Dieu ». Afin de leur apporter son concours, il aurait alors effleuré les cordages qui entouraient la croix avec son mouchoir et ce qui était auparavant si difficile se réalisa sans peine. Les hommes présents racontèrent ainsi cette manœuvre de force. La relation de cet épisode contribua à établir la réputation de sainteté du père Albini dont la mémoire est révérée encore aujourd’hui. La confrérie cantonale fondée en 1996 porte d’ailleurs son nom.

Toussaint MERCURI, né à Letia en 1871, émigre très jeune en Algérie à l'instar de nombre de compatriotes. Installée tout d'abord à Lucet, sa famille obtient par la suite une concession dans le Constantinois, à Chateaudun du Rhumel où d'autres insulaires, et notamment des letiais, se sont établis depuis 1874. Un frère de Toussaint Mercuri y exercera les fonctions de maire de la commune durant plusieurs années. Toussaint Mercuri s'illustra en Afrique. Un an avant la capture du chef Malinke, Samory Toure en 1898, Toussaint Mercuri entreprend l'exploration du centre africain, poursuivant ainsi l'œuvre accomplie, toujours un an avant, par Sarvognan de Brazza et renouvelant la tentative de Paul Crampel qui, en 1890, avait voulu rejoindre le Tchad en remontant le cours du fleuve Oubangui. En 1897, l'explorateur de Ferdinand de Béhagle organise une mission destinée à étendre l'influence française dans ces régions du centre africain. Pour le seconder, il choisit Toussaint Mercuri, alors âgé de 26 ans et le charge de recruter au Dahomey (actuel Bénin) les porteurs destinés à l'expédition. Le 13 septembre 1897, de Behagle, Mercuri et leurs compagnons quittent Lango et prennent la direction de Bangui qu'ils atteignent à la fin octobre. Sur place, deux groupes sont formés; l'un est placé sous les ordres de Behagle et emprunte la voie terrestre; l'autre, commandé par Mercuri, doit remonter le fleuve Oubangui à l'aide de pirogues et jalonner sa progression en installant des postes. Toussaint Mercuri est chargé d'effectuer les relevés topographiques et de veiller à l'aménagement de bastions de défense. Il installe un premier comptoir à Gribingui, puis un autre à Kouno en juillet 1898. Dans le même temps, une autre colonne française conduite par le commandant Bretonnet traque le chef rebelle Rabah. L'expédition prendra fin avec la mort du responsable de l’expédition de Behagle. Toussaint Mercuri poursuivra sa carrière au Tchad et dans le sud Libyen. Il pourra nouer des relations d'amitié avec le sultan Senoussi, descendant du fondateur de la confrérie Senoussia en 1837 (C.F. famille régnante en Libye al-Sanussi). Cette confrérie est influente en Libye, au Tchad, au Niger, en Égypte et au Soudan. La mort surprend Toussaint Mercuri en 1901, et l'empêche de mener à bien son œuvre (45).

Guy de MAUPASSANT. Durant le mois de septembre 1880, Guy de Maupassant a séjourné à Letia (46) où il a été accueilli et hébergé à Letia San Roccu par la famille Paoli, dans la maison connue de la Leccia, et par la famille Arrighi dans la maison de la Murella. Durant son séjour, il se rendra à Custica dans la haute vallée du Liamone, pour diverses parties de Chasse durant lesquelles Santu Mosca sera chef de battue. Étienne Arrighi, dit Matosu, lui fera visiter le site historique du Surbellu et les ruines de Santa Maria di u Surbellu. Guy de Maupassant, dans son compte-rendu de ce séjour à Letia, indique qu'il effectua diverses excursions. Il décrit la majesté de la vallée du Liamone et précise que ses hôtes organisaient parties de chasse et excursions pour prolonger son séjour. Durant son séjour à Letia, il rédigera la poésie, "La grande plaine est blanche..."(non autrement connue). En quittant Letia par le Niolu, il se rendit en Balagna, à Corbara, pour rendre visite au prédicateur connu, le père Didon (C.F. Henri Didon ), philosophe et écrivain, exilé en 1880 au couvent de cette localité, pour ses idées jugées "avancées et par trop libérales". Sources : Texte original de Guy de Maupassant, Publié à Paris, le 5 octobre 1880, par l'auteur dans Le Gaulois, sous le titre Le monastère de Corbara. visite au P. Didon. Texte cité, dans La Corse de Guy de Maupassant. Editions Albiana, Jean Dominique Poli, 2006. Et Renseignements rapportés par la tradition orale à Letia.

Saveriu Paoli et Ghjacumu Santu Versini.

Instituteurs de l'enseignement public et poètes distingués, ils ont publié en mars 1914 la revue en langue corse, A Cispra, (antologia annuale). Saveriu Paoli, né à Letia en 1886 est décédé en 1941. Ghjacumu Santu Versini est né à Marignana  en 1867. Il est décédé en 1922. Même si elle n'a eu qu'une existence éphémère, il est utile de signaler A Cispra, opuscule de 78 pages, conçu à Marignana où les deux instituteurs étaient en poste. En effet, un seul et unique numéro a été imprimé et diffusé. A Cispra portait le nom d’un des fusils en usage en Corse au XVIIIe siècle, et avait été annoncée comme un organe de combat incarnant la renaissance de l’identité culturelle de la Corse, tout en initiant la revendication autonomiste et en s’identifiant comme le défenseur vigilant de la langue. Les fondateurs de la revue précisaient dans le texte leur choix concenant l'orthographe et indiquaient "Parlons et écrivons nos dialectes et laissons la langue corse "devenir". Entre deux formes également usitées nous optons pour celle qui s'éloigne le plus de l'italien. Nous préférons Côrzica et côrzu (prononciation de la province de Vico) à Corsica et Corsu (formes purement italiennes). De même nous préférons pueta à poeta" . A Cispra a gardé en Corse l’image emblématique de la renaissance identitaire, de la défense de la culture et de la langue corses, même si elle n'est plus reparue après la première guerre mondiale.  

 Le poème de Ghjacumu Santu Versini, Neve, publié dans l' unique numéro de A Cispra, est désigné comme un exemple éclatant de la richesse de la langue et de la puissance de la poésie corses. Toutes les générations l'ont étudié depuis 1914, pour la profondeur des sentiments qu'il exprime et qu'il suscite dans la description, quelquefois simplement suggérée, de la vie rurale. Au sein de la châtaigneraie on perçoit la rigueur de l'hiver et la chape de désolation jetée sur nos villages de montagne. On ressent la tritesse qui a tout recouvert et qui s'efface devant la majesté du panorama. Les vers claquent ou coulent; ils décrivent, avec des mots simples mais forts, l'âme de la montagne corse, laborieuse et rude. On distingue la vie traditionnelle qui se développe malgré les rigueurs hivernales. Ces vers nous communiquent  jusqu'aux odeurs que l'on ressent les jours de neige, autour des séchoirs qui laissent échapper une fumée aux parfums reconnaissables par les initiés mais uniques, ceux qu'exhale le bois de châtaigner qui se consume.On entrevoit autour de ces séchoirs le peuple industrieux qui s'affaire malgré la rudesse hivernale de nos contrées. Ghjacumu Santu Versini nous dit là, Eccu a maesta di u nostru Rughjone. Dans ce texte qui, avec la neige, nous parle aussi des fleurs qu'elle transporte et du blé qui est prêt à élancer ses épis, on discerne et l'on devine la force du printemps qui ne manquera pas bientôt d'éclater.

Ange Pierre, FIORAVANTI.

Né à Letia le 9 octobre 1831,  il décèdera le 14 février 1900 à Ajaccio. Elève au grand séminaire de la ville, licencié ès lettres, Ange Pierre Fioravanti est ordonné prêtre en 1854. Sa carrière ecclésiastique  le maintient toujours éloigné des charges paroissiales, en partie malgré lui. Professeur au petit séminaire d’Ajaccio pendant treize ans, il est nommé aumônier de l’école normale d’instituteur en 1867. En 1882, sa demande de nomination à la cure de Bastelica est rejetée par le gouvernement. Il est vrai que l’abbé Fioravanti est connu pour ses opinions conservatrices. Directeur et  rédacteur du Messager de la Corse (1873-1876), journal bonapartiste et clérical, puis du  Conservateur de la Corse (1881 – 1899) il est de tous les combats contre les républicains surtout dans les rangs du clergé. La presse qu’il dirige est aussi un instrument de combat contre les missions protestantes qui parcourent la Corse dans la deuxième moitié du XIX e siècle. Ses écrits littéraires et religieux consistent essentiellement dans des panégyriques, des discours et des traductions d’écrivains ecclésiastiques corses. On peut noter également un recueil de piété intitulé Flocoli ex imitatione Christi,  publié à Lyon en 1861.

Sources : Michel Casta. C.F. Dictionnaire historique de la Corse sous la direction d’Antoine Serpentini.

CHOUPIK Ivan,

Au début des années vingt, un ukrainien, Ivan Choupik, réfugié en Corse après la Révolution russe de 1917 et la guerre civile qui s’en suivit, a été engagé par le Conseil de Fabrique de la paroisse de Cugugnana du village de Letia, pour décorer l’église San Roccu. Ce peintre excellait dans l’exercice de son art, ses fresques sont inspirées des œuvres des maîtres baroques du XVIIe siècle. On doit plus particulièrement signaler une fresque, d’un extraordinaire réalisme, représentant la Cène, peinte au dessus du maître autel, ainsi qu’une descente de croix, dans le chœur, inspirée de Rubens mais reproduite avec des teintes plus sombres. On note une représentation divine qui trône, en gloire, à hauteur du transept séparant le chœur de la nef centrale. Choupik s’est appliqué à décorer l’ensemble de la nef, les voûtes latérales, leurs piliers, ainsi que les corniches et l’ensemble des parois de San Roccu. Choupik a œuvré dans d’autres églises de Corse, notamment à Rosazia, ou il a réalisé une réplique de l’Assomption de Murillo. A Saint Roch, l’Assomption qu’il a peinte à gauche du chœur, s’inspire seulement de Murillo.

Né en 1898 dans le village ukrainien de Prokovskoïe, dans le district de Zaporog, Ivan Choupik appartenait à un détachement de l’armée blanche du général Wrangel qui affrontait, depuis le début de la révolution de 1917, les troupes bolcheviques de Trotski. Après la défaite du général Wrangel, en 1921, Choupik sera embarqué avec de nombreux autres militaires et civils sur le vapeur français, le Rion. Affrété par les autorités françaises, ce transport de troupes évacua une grande partie de l’armée de Wrangel de Crimée en Turquie occupée depuis la fin de la première guerre mondiale par les alliés. Le bateau qui avait quitté Gallipoli le 24 avril 1921 était attendu à Toulon le 10 mai, après une escale en Tunisie. Une grave avarie le contraignit à faire escale à Ajaccio, le 14 mai 1921, avec 3700 personnes à bord. En 1924, la majorité des réfugiés avaient quitté l’île. Moins de trois cents, dont Ivan Choupik demeurèrent en Corse.

Choupik fût notamment engagé à Letia, avec une dizaine de ses compatriotes, comme journalier, par Minighella Arrighi, dite Paiona. Il a ainsi été employé avec une dizaine de compagnons d’exil par cette dernière, à l’entretien des vignes et des oliveraies à Villa, Cagafeccia et Cargèse. Le souvenir de Paiona, montant en amazone sa jument blanche, à la tête du groupe d’ouvriers russes qu’elle dirigeait avec fermeté, est demeuré vivace à Letia. Ces ouvriers se réunissaient régulièrement dans le café de la Murella, tenu par Jean Arrighi, dit Ghjuvani di Rosa. Ils étaient célibataires et festoyaient, en appréciant les alcools locaux qu’ils découvraient dans cet établissement où ils dansaient et chantaient régulièrement leurs airs traditionnels. La monnaie tsariste, dont ils n’étaient pas démunis, n’ayant plus cours et donc de valeur, ils en faisaient cadeau aux enfants de Cugugnana qui ont longtemps conservé le souvenir de billets de grande taille que les émigrés russes distribuaient libéralement, devant le café de la Murella. Minighella Paiona discerna rapidement les talents de peintre de Choupik et le sollicita pour exécuter divers tableaux. On trouve également de ses peintures dans d’autres maisons du village. Sollicité par le Conseil de Fabrique pour décorer l’église de San Roccu Yvan Choupik réalisa cette tâche en professionnel accompli. Le prêtre Bartulumeu Arrighi, originaire de Cugugnana, était à cette époque desservant des paroisses de Ciamannaccia et Palneca. Il demanda à Choupik de décorer l’église de Palneca, celui-ci reproduisit à l’identique la cène dans l’église de Palneca.

Séjournant à la fin des années vingt à Ajaccio, il faisait partie du groupe de peintres de « l’Ecole d’Ajaccio » fondée en 1911 par Bassoul, lui-même artiste peintre et propriétaire d’une galerie de peinture. Les peintres Canavaggio, Léon-charles Cannicioni, Lucien Peri, Corbellini, Capponi et Bassoul, parmi les plus connus, ont fait la renommée de « l’Ecole d’Ajaccio » à laquelle Choupik appartenait. En 1920, l’artiste peintre et galeriste Bassoul ouvrit son atelier et le cercle de l’école d’Ajaccio aux peintres de passage et aux étrangers.

Après l’arrivée des réfugiés russes en 1921, Bassoul, qui était également peintre décorateur entreprit divers travaux dans les églises de Corse. Il obtint ainsi un marché pour décorer l’église d’Ota dont le desservant, le curé Battini, était originaire du Sevi in dentru. Bassoul engagea, pour le seconder, un peintre russe, Moshé Sakharovitch Chagallof, qui avait pour tâche de peindre une fresque dans le chœur de l’église. Dès le début des travaux, le curé Battini manifesta sa désapprobation sur la manière dont Chagallof menait son affaire ; celui-ci avait entrepris de réaliser une œuvre qui représentait la vierge et où dominait la couleur bleue. Le curé Battini refusa absolument que l’artiste poursuivre la décoration dans les formes et dans les tons qu’il avait choisis. La querelle s’envenima et Chagallof quitta Ota et le café-restaurant Padovani où il s’était installé en compagnie d’un autre réfugié russe qui l’assistait dans ses travaux, Nicolas Ivanoff, également employé par Bassoul. Les propriétaires du café-restaurant, où nos deux peintres avaient pris pension, avaient une petite fille, née en 1916, qui avait l’âge de la fille de Chagallof. Alors qu’Ivanoff donnait à l’enfant des cours d’arithmétique, Chagallof, qui se faisait prénommer Marc, lui donnait des leçons de dessin. Cette petite fille, prénommée Blanche, devenue Mme Leca, se rendit bien plus tard à Paris où, en compagnie de sa fille elle visita une exposition dans laquelle elle découvrit des peintures qu’elle identifia comme étant celles de Marc, son professeur de dessin qui était devenu Marc Chagall. Elle regretta alors d’avoir détruit les cahiers de dessin qui rassemblaient les cours donnés par Marc. Quant au curé Battini, on ignore s’il apprit un jour ce qu’il était advenu du peintre qu’il avait, en 1922, empêché de réaliser une fresque de la Vierge, en bleu Chagall, dans le chœur de l’église d’Ota. Ivanoff n’était pas peintre mais ingénieur. Il termina cependant les travaux de peinture et de décoration au départ de Chagall.

Après Ota ou il avait fait ses preuves, Ivanoff fût engagé pour assister Ivan Choupik à Evisa ou ce dernier était sollicité pour décorer l’intérieur de l’église Saint Martin datée du XVIe siècle. Après la réalisation des travaux à Evisa, le prêtre de cette localité recommanda Choupik et Ivanoff au desservant de l’église Latine de Cargèse, le curé Mattei ainsi qu’au curé Coti, de l’église grecque. Choupik et Ivanoff décorèrent ainsi les deux églises de Cargèse. L’abbé Mattei s’est plus tard illustré dans la résistance, en fournissant aide et assistance à la première mission envoyée clandestinement d’Alger en Corse, la mission De Saule.

Nicolas Ivanoff rencontra sa future épouse, une demoiselle Versini, dans la cité grecque. Recommandé par des habitants de Cargèse à M. Stephanopoli, architecte de la ville d’Ajaccio, il s’établit dans cette ville où il fût employé comme dessinateur avant de devenir, à son tour, architecte. Ivanoff a fait souche à Cargèse. Père de deux enfants, il y a vécu jusqu’à l’âge de 104 ans. L’un de ses fils, Jean, est domicilié au hameau de Chiuni.

Choupik poursuivit sa carrière de peintre. On lui doit la décoration de l’église de Pietranera, en 1927, puis de celle de Rosazia et de Salice en 1929, ainsi que de celle d’Appieto. Dans cette période, Ivan Choupik signait ses œuvres Jean Choupic. Ayant obtenu la nationalité française en 1929, le peintre qui était également musicien, avait séjourné durablement à Letia où il avait été bien accueilli. Bien intégré durant son séjour, grâce à sa personnalité, ses qualités humaines, sa culture et son talent, il s’efforça de prendre épouse dans le hameau mais il rencontra des réticences qui s’expliquaient par son appartenance à la religion orthodoxe, à une période où l’œcuménisme n’était guerre en vogue et parce qu’il s’adressait à des fidèles de l’Eglise catholique et romaine, façonnées par des traditions, alors strictement respectées dans nos villages. C’est ainsi que, malgré ses qualités humaines et artistiques, il ne réussit pas à s’installer durablement à Letia. Choupik quitta la Corse au début des années trente pour Tunis, à la suite de la famille Arrighi-Ragazzacci.

Employé dans l’administration française du Protectorat, dans les services de l’Equipement, il épousa en 1933 une jeune fille du nom de Camilleri, installée à Tunis où résidait sa famille d'origine italienne. Il a eut un fils, Serge, né à Tunis en 1937 et une fille, Lucienne, née en 1935. Ivan Choupic est décédé à Tunis, en 1941. Son fils qui avait quitté Tunis en 1957 est revenu à Letia, sur les pas de son père , en mai 2009 et a visité longuement l’église de San Roccu. Il était porteur d’un portrait de Xavier Arrighi, officier tué au Maroc en 1932. Ce dernier était le frère de prete Bartulumeu. Le portrait avait été peint à la fin des années vingt par Choupik qui ne revit plus Xavier Arrighi. Son fils le confia afin qu’il soit remis au plus proche parent de Xavier Arrighi, en l’occurrence Jean François Rossi.

Francis Mercury, Grand reporter et homme de lettres

Originaire de Letia de famille maternelle et paternelle, Francis Mercury est ancien élève de l'Ecole Nationale des Langues orientales vivantes et du Centre des Hautes Etudes pour l'Afrique et l'Asie modernes, diplômé d'études approfondies d'Histoire de la Fondation nationale des Sciences politiques, il est né en 1930 et a débuté dans le journalisme le 1er janvier 1953, à la Radiodiffusion française.                                                            

Appelé en 1955 durant la guerre d'Algérie, il effectue son service militaire en Afrique du Nord, au groupement aérien d'observation d'Artillerie N°5.                                                    

 Libéré en septembre 1957, il présente le journal du soir de France 1, "Paris vous parle", créé par Pierre Desgraupes et Pierre Dumayet. 

Nommé en 1963 Grand-reporter à la Télévision, il exerce son métier au Moyen Orient, au Maghreb et en Afrique, à l'occasion des événements sur les différents théâtres de conflits: guerres du Proche Orient, conflit de Chypre, révolte Mau-Mau au Kenya mais aussi, voyage de Paul VI à Jérusalem, concile Vatican II à Rome, conférence de paix algéro-marocaine à Bamako. Francis Mercury rencontrera ainsi, en aparté, les principaux chefs des Etats impliqués dans ces conflits.        

Rédacteur en chef du service de Politique Etrangère en 1968 à Information Première dirigé par Pierre Desgraupes et Joseph Pasteur, sur la 1er chaîne de télévision, il est nommé trois ans plus tard directeur pour l'Amérique du Nord avec résidence à New York.

A la tête du Département des documentaires et magazines du Programme de la Société nationale de télévision TF1, en 1975, sous la présidence de Jean Louis Guillaud, il développe des coproductions internationales avec B.B.C., la R.A.I.  et la N.D.R. et contribue à engager TF1 dans des opérations ambitieuses de tournage sur les cinq continents, avec le commandant Cousteau, les réalisateurs et auteurs les plus prestigieux (Hubert Knapp, Jean Elile Jeannesson, Jean Claude Bringuier, Jean Marie Drot et pour les magazines, Jean D'Ormesson, Georges Suffert, Igor Barrerrère et les scientifiques, Robert Clarke et Nicolas Skrotzky).

Sécrétaire général du Conseil National de la Communication Audiovisuelle en mars 1983, il dirige la mise en place du rapport, commandé par le Premier Ministre au conseil sur la faisabilité économique et financière des futures télévisions privées .

Francis Mercury quitte TF1 au moment de la privatisation et dirige, depuis 1990, la société de production et de distribution de télévision PRODIOVISUEL INTERNATIONAL.

Activités d'Enseignement: Chargé d'un cours d'analyse de la communication à Paris XIII de 1975 à 1979. Professeur à L'E.F.A.P. de 1976 à 1980. Membre de la Commission de la République Française pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO) de 1986 à 1989. Chargé de cours, conférences et séminaires sur la communication à l'Ecole Nationale d'Administration et à l'Ecole de Guerre.

Publications :  Law, aux éditions Les amis de l'Histoire, Paris 1969. Pougachev aux Editions de Crémille,Genève 1970. Le gouvernement de Défense Nationale aux Editions de Crémille, Genève 1971. Histoire de l'Algérie de 1830 à 1962 (7 volumes en coll) aux Editions de Crémille, Genève 1987. Renan, aux Editions olivier Orban, Paris 1991.

Décorations :  

- Chevalier de la Légion d'Honneur, Croix du Combattant, Officier des Palmes Académiques, Chevalier des Arts et des Lettres.                                                                                                                                    

Michel Bozzi, héros de la France Libre.

Le 5 février 1943 Michel Bozzi et son radio, partis d’Alger sur le sous marin Casabianca, sont débarqués sur la plage d’Arone.

Le Casabianca, arrivé en vue du Capo Rosso s’est posé sur le sable de la baie  par cinquante mètres de fond en attendant la nuit pour faire surface et s’approcher à quatre cents mètres du rivage. Le débarquement avait été retardé d'un jour à cause d'une patrouille ennemie L’Adjudant-chef  Michel Bozzi et  le  radio-opérateur Chopitel, alias Dupont, alias Tintin, sont conduits à terre sur une embarcation du submersible menée par deux marins. Sont débarquées également armes et munitions confiées à la Résistance dont les émissaires sont venus de Piana. Michel Bozzi a pour mission première d’établir une liaison radio et se dirige vers Ajaccio avec son personnel et son matériel radio. Une fois à destination, il prend contact avec son camarade Antoine Rossi, ancien adjudant-chef qu’il a connu au régiment de Zouaves caserné  à Fort National, près d’Alger.

Antoine Rossi s’est retiré à Letia. Contacté, il assure Michel Bozzi de son soutien et lui propose de le rejoindre à Letia dans le cas où il estimerait se trouver en danger. Malgré l’isolement, Michel Bozzi accomplit efficacement sa mission et prend  les contacts nécessaires avec les personnes qui lui ont été désignées. Se sentant surveillé et en danger d’être arrêté, il avise Rossi de son intention de se mettre à l’abri à Letia, ce qu’il fait quelques jours après.

Antoine Rossi le conduit  alors dans une maisonnette qui devait lui servir de lieu d’hébergement et de refuge. Cette bâtisse, située dans un endroit relativement isolé, au nord-est du hameau de Cugugnana, au lieu-dit Ghjiuntulellu, servait à l’époque de séchoir à châtaignes. Ce petit bâtiment, dissimulé dans la châtaigneraie qui domine les deux hameaux de Letia sera le lieu du séjour de Michel Bozzi.  Antoine Rossi, mettant à profit ses activités d’éleveur, ravitaille régulièrement le fugitif en vivres. Michel Bozzi et lui-même mettent au point un dispositif d’alerte ainsi qu’un itinéraire de fuite,  en cas de danger avéré, avec  un point de repli où Bozzi devait éventuellement se rendre et Rossi l’y retrouver.

Début juin, Michel Bozzi décide de quitter son refuge et rejoindre Ajaccio  malgré les conseils pressants de Rossi qui tente alors de le dissuader de mettre sa mission en danger et sa vie en péril. Bozzi quitte Letia le 15 juin, dans une tenue d’ouvrier agricole.Pour cela, il emprunte le service régulier de cars qui  dessert  Ajaccio chaque matin. Il reprend le cours de sa mission et noue pour cela les contacts nécessaires.

Le 16 Juin dans l’après-midi, le lendemain de son arrivée à Ajaccio, il se rend à un rendez-vous avec l’un de ses contacts, le nommé Ange Félix Mariani qu’il doit rencontrer à 19 heures au « Petit bar ». Or, dans la journée du 16 Juin, les services du contre-espionnage italien sont avisés par leurs  informateurs que « deux suspects » se sont donné rendez-vous,  l’après midi, « Petit Bar ». Selon les informations des services italiens l’un des deux suspects  se nomme Bianchi. Il s’agit d’un pseudonyme de Michel Bozzi. Le deuxième « suspect » est Ange-Félix Mariani.

Le 16 juin à 19h 30, l’adjudant- Chef Michel Bozzi est arrêté sur le grand escalier de la Poste centrale non loin du "Petit Bar". Incarcéré puis transporté aussitôt à Bastia il est torturé durant plusieurs jours. Michel Bozzi se comporte héroïquement. Malgré les sévices subis, il ne parle pas. L’ennemi n’apprendra rien, ni sur sa mission, ni sur ses contacts.

Le 28 août 1943, Michel Bozzi est traduit, chancelant, devant un  tribunal militaire italien que l’occupant a mis en place à Bastia  et qui s’intitule « le tribunal militaire des forces armées de la Corse ». Ce tribunal, composé des officiers  suivants : général de brigade Egidio Stivala, président ; capitaine Giovanni Doré, rapporteur ; lieutenant-colonel Feriolo Ravaccia et capitaine Giuseppe Borgna, juges ; condamne  Michel Bozzi à la peine de mort.

Originaire de Coti-Chiavari, Michel Bozzi a été fusillé à Bastia en Août 1943 où il est mort en héros. Son souvenir glorieux demeure. Il restera  un exemple car nul n’ignore le sacrifice suprême auquel il a consenti à quelques semaines de la libération de la Corse. Ne cédant rien sous la torture, Il a préféré, avec abnégation, se sacrifier et accepter la mort  dans  l’honneur et pour la victoire. Antoine Rossi est décédé à Letia en 1974.

Compagnie Arrighi:

Rôles de 1768, portant les noms et les effectifs de la Compagnie ou Squadra Arrighi (48). Cette unité, formée à Letia, était commandée par Ignaziu Arrighi et participa à la campagne contre l'invasion.Elle fût dirigée successivement en 1768 sur Corti, puis sur Furiani où elle lutta contre les troupes de Louis XV pour défendre la redoute barrant l'axe Bastia - Casamozza, au sein du bataillon commandé par Ghjuvan Carlu Saliceti. Repoussée au delà du Golo, lors de l'offensive française du 5 septembre, la compagnie participa avec l'ensemble des nationaux à la contre-attaque qui rejeta les forces françaises au nord de Furiani. Du 5 au 10 octobre 1768, la compagnie est présente à la bataille de Borgo. Cette bataille (5 au 10 octobre 1768) fût une victoire éclatante pour les troupes corses, en présence du général Pasquale de Paoli. Avant de donner le signal de marcher sur Borgo, le général Paoli harangua les troupes rassemblées à Lucciana. Il tint un discours vigoureux  que relate Ambroggio Rossi. A cheval, devant l’ensemble des unités, il rappela le souvenir de Sampiero et des grands anciens, il en appela à l’honneur et à la nécessité de sauver la patrie. Il venta l’héroïsme des combattants. Il conclut par un appel à vaincre ou à mourir libre. Tenant son arme à bout de bras, il ponctua son harangue d’un coup de pistolet. La troupe brandissant ses armes, lui répondit par une longue ovation, suivie d’un long moment d’exaltation et d’enthousiasme patriotique collectif, entrecoupé  par les chants de guerre et le cri de ralliement des compagnies, "Patria e Liberta", mille fois répèté.

Les nationaux se mirent en marche, ce jour du 5 octobre 1768, pour remplir une des plus belles pages de gloire de la nation corse.

Officier, Sous officiers, caporaux et soldats de la compagnie Arrighi:

Capitaine Ignaziu Arrighi

Adjoint au commandant d'unité: sergent Giuseppe Cipriani,

Sergent Natale Leca, sergent Santo Santucci, Sergent Geronimo Leonnetti,

Caporal Saverio Letia, caporal Domenico Maria Rocca, de Chigliani. Caporal Saverio Altiero, caporal Geronimo Ciamacce,

soldat Paolo Arrighi, soldat Paolo Cannellani, soldat Martino Chiappini, soldat Francesc’ Antonio Leca, soldat Domenico Colonna, ,soldat Saverio Murzo, soldat Domenico Murzo, Soldat Domenico Campoloro, soldat Pietro Letia, soldat Francesco Mattei, soldat Matteo Letia, soldat Francesco Letia, soldat Martino Letia, soldat Paolo Letia, soldat Francesco Vico, soldat Francesc’ Antonio Arbori, soldat Antonio Coggia, soldat Giovan’ Battista Coggia, soldat Pietro Santucci, ,soldat Giuseppe Niolo, soldat Stefanino Letia, Soldat Ignazio Letia, soldat Martino Vico, soldat Francesco Chigliani, soldat Francesco Maria Frasseto, soldat Paolo Leonnetti, soldat Francesco Saverio Giovanetti, soldat Paolone Lento, soldat Simone Soccia, soldat Pietro Giovanni Figlio, soldat Michele Bastelica, soldat Battestino Letia

 

 

Notes et références

  1. Dès 1769, les mouvements et manifestations hostiles au nouveau pouvoir avaient été réprimés dans le sang et par des déportations au bagne de Toulon. Marboeuf, qui fût chargé d'administrer la Corse après la Conquête, était considéré par les corses comme un vieux pacha luxurieux. L'écrivain Vergé Franceschi indique, début de citation: Ce qu'instaure Marbeuf et les officiers chargés de la pacification est considéré par les corses comme un monde étrange. Ainsi à Paoli, comparé naguère à un autre Lycurgue, à la société corse spartiate et vertueuse vantée par James Boswell, succède en 1769-1770 un monde fait de fausseté, de prétentions, de mensonge et de vantardise ou le conquérant tente aussi de séduire les corses en proposant de les anoblir. Le libertin Marbeuf gouverne avec ses principes qui sont ceux du régime de Louis XV. Nombre de corses ne peuvent l'admettre et dès 1773, ceux qui s'étaient réfugiés en Toscane, après Ponte Novu, reviennent dans l'île clandestinement. Début 1774, une Consulte réunie dans le Cap, sur les hauteurs du Monte Stello, mobilise des partisans qui commencent à marcher sur Corte. Mais Marbeuf tue la révolte dans l'œuf: onze patriotes du Niolo sont roués vifs et leurs corps accrochés à des arbres. D'autres sont envoyés aux galères ou à la grande tour du bagne de Toulon. C'est à ce moment là qu'intervient la mort de Louis XV et Marbeuf est contraint de se rendre à Versailles pour se présenter à son nouveau souverain, Fin de citation (source infra). Durant cette absence nombre d'officiers français se livrent à des massacres. Il s'agit notamment de Sionville, le plus cruel, du comte Roux de Laric, etc. Ils en arrivèrent à se comporter comme les anciens Guastatori qui suivaient l'armée génoise pour dévaster les pièves. Ils se livrèrent ainsi aux pires exactions, coupant les oliviers et les vignes, brûlant les maisons et les bergeries et tuant les troupeaux après les hommes. De ces révoltes- et surtout de la manière dont elles ont été matées-, Napoléon, élève à Ajaccio à l'époque de la persécution (1774), tirera un court essai : Nouvelle de Corse, petite brochure de 8 pages qui dénonce les conditions de la conquêtes et que l'auteur fera imprimer pour ses 20 ans en 1789.(C.F. Histoire de Corse de Michel Vergé Franceschi, (la Corse entre Gênes et Versailles) pages 381,382. Voir aussi : La lettre de Napoléon adressée en 1789 à Pascal Paoli qui résidait alors en Angleterre: "Général, je naquis quand la patrie périssait.30 000 français vomis sur nos côtes, noyant le trône de la liberté dans des flots de sang." ...Etc. (C.F.Napoléon Bonaparte.Correspondance générale. Tome premier 1784-1797. Page 76. Fayard. 2004). Voir également : Le Mémorial des Corses,"Soumissions et résistance" (pages 430 à 439).
  2. Philippe Colombani, les héros corses du Moyen Âge, Editions Albiana 2010. Gênes la Superbe, c'est-à-dire l'orgueilleuse, surnom donné par Pétrarque à la république sérénissime que Bonaparte raya de la carte par un décret qui l’intégrait à la République Cisalpine, après l'avoir mise à genoux.
  3. Dont le nom est orthographié souvent Gio' Paolo da Leca ou Giovan Paulu di Leca.
  4. C.F. Cronica di Corsica, une île hors du commun. Ce site répertorie les évènements par dates.
  5. C.F Antonio Spinola, cité par Antoine Franzini, "La Corse au XV me siècle, politique et société - 1433-1483. Editions Alain Piazzola 2005. Pages 293, 349,350, 384, 388, 446, 451, 576.
  6. La Corse au XVe siècle Antoine Franzini. Editions Alain Piazzola, 2005.
  7. Les couleurs de l'état de Cinarca de Giovan Paolo di Leca étaient le Vert et le rouge (Vert de l'espérance et rouge du sang versé).
  8. (C.F. Franzini -la Corse au XVem siècle, page 518). Nota: A letia les céréales (a Biara) étaient cultivées en grande quantité dans la Viegna, plateau qui domine le village, entre neuf cents mètres (Erbaghju 1022 m, Forci 1190 m Mitalorzu 1430 m, Chjiragella 1510 m) et mille trois cents mètres, car elles poussent sans difficultés au froid. Les parcelles de la Viegna étaient tirées au sort chaque année et réparties entre les familles du village. On cultivait plus particulièrement à Letia le seigle( a sella), tandis que le blé (grano di taglia) était planté en moindre quantité à Letia même. La récolte essentielle se faisait plus bas, près des côtes, et particulièrement dans l'enclave côtière de Letia, comprise entre Triu et la pointe de Mulindinu, propriété de Letia, au sud de Paomia et située à l'Ouest de Sagone (I Stagnoli de Triu exactement) et les terres côtières à l'Est de l’actuel Cargèse, à partir du col de Mulindinu et jusqu'au lieu dit Stagnoli de Triu. C’était là le grenier à blé du village de Letia.
  9. Histoire de la Corse, 1464 - 1560, Introduction, traduction et notes par Antoine Marie Graziani, réédition par les Editions Alain Piazzola, en 2006, du texte de Marc Antoniu Ceccaldi, daté: 1538-1560 et publié par Anto Pietro Fillipini en 1594 dans l'édition de de Tournon. Pages : 141 à 151
  10. Sources: auprès du professeur, Antoine Marie Graziani, chercheur et auteur de nombreux ouvrages historiques sur la Corse, lequel a lui même consulté ce texte. Un acte notarié, datant de 719, est rédigé dans une langue utilisée en Corse à cette époque reculée et qui est différente du Latin. (voir, année 719, sur le site Ours jean Caporossi, Cronica di Corsica). Enfin, Selon le Professeur Paul Arrighi,(C.F. La vie littéraire et intellectuelle en Corse dans Visages de la Corse )," Il est, depuis longtemps établi, qu'avant la conquête romaine, les corses possédaient un language propre. Un siécle après la conquête, Sénèque reconnaît l'existence d'un parler autochtone évolué; celui qui, pendant la domination romaine, allait, peu à peu, s'amalgammer au "rusticus sermo" des légionnaires et colons pour aboutir à une langue néo-latine composite analogue, mais non identique, au toscan, malgré le crément dialectal du peuplement toscan au XIe siècle. jusqu'à l'annexion française, l'emploi de l'italien comme langue officielle dans les actes administratifs, à l'église, et à l'école, a pu agir dans le sens de l'unification des parlers locaux, éliminant progressivement les résidus de l'idiome prélatin, introduisant des termes nouveaux, des locutions fournies par la littérature, par la prédication, par l'affection de clercs l "cruscheggianti ": prêtres et médecins dont certains avaient fait leurs études en Italie. Mais , replié dans les agglomérations pastorales et les communautés alpestres, protégé par l'ignorance des illétrés, le langage du peuple n'en a pas moins continué à vivre d'une vie exclusivement orale, sur les lèvres du berger improvisateur selon la tradition virgilienne, sur celles de la vocératrice ou de la mère berçant son enfant".
  11. La garde papale corse a été instituée en 1506, elle perdura jusqu'à 1662. L'armée du pape comportait depuis le neuvième siècle des milices corses. La garde Corse papale, agressée en 1662 par des gardes du duc de Créqui - parent de Louis XIV et son ambassadeur à Rome-, réagit violemment, tuant plusieurs fier à bras du duc. Louis XIV exigea que le Pape licencie la garde corse. Il fit dresser une colonne d'infamie à Rome, jetant l'opprobre sur la garde corse. Bonaparte fit détruire cette colonne dès son entrée dans la ville éternelle.
  12. C.F. Cronica di Corsica, site d’Ours Jean Caporossi, le XVIe siècle années 1501,1502, débarquement de Nicolo Doria avec un corps expéditionnaire de 900 hommes, années suivantes:1503,1504, etc.
  13. Les sites de peuplement précaires, situés dans la haute vallée du Liamone et sur les flancs qui surplombent cette vallée, dépendante du village actuel de Letia, servirent de refuge aux populations lors des différentes destructions, après les révoltes et les expéditions punitives organisées par les oppresseurs et envahisseurs. On doit évoquer la destruction de Letia des plus connues car des plus récentes, celle qui se produisit après les révoltes de 1501 et de 1504, après la chute de Giovan Paolo di Leca et de son successeur, Rinucciu della Rocca. Parmi ces sites de la haute vallée du Liamone, Il faut citer Coltu et ses grottes, site d’habitation situé aux sources du Liamone avec, devant cet habitat précaire, les vestiges de terrasses ayant servi à des plantations de subsistances. On peut évoquer les autres sites d’habitation de cette haute vallée : Le Surbellu avec les ruines de l'église, santa Maria di u Surbellu et sur le même site les traces et indices d'habitats avec aussi ses grottes. Enfin Custica, San Clemente, u Pitricaghju, les indices d’habitats au Nord de Custica, sur la costa a a Mente, et les anciennes bergeries de Mente, d’Amiscia, des Fughicchie, des Ciuttare, de Forcioli, de Corce di Pianu, de L’Urticellu, etc.
  14. Histoire de la Corse, de Marc Antonio Ceccaldi,1464-1560, introduction, traduction et notes par Antoine Marie Graziani, réédition Alain Piazzola 2006, page 150, note 360, indique que le manuel cité donne la liste des habitants de Letia, qui, après avoir été chassés lors des révoltes précédentes, sont autorisés à se rendre à Murzo pour y cultiver les terres avec les habitants de Chigliani, de Vico et de Murzo. Ce manuel indique les noms des habitants de Renno et de Letia autorisés à se rendre à Letia pour y cultiver les terres. Sont cités également les habitants d’autres villages du vicolais et de Sevidentru et du Niolu autorisés à cultiver les terres dans des villages de la Région dont ils ne sont pas tous originaires (C. F. PAGE 150).
  15. la requête du chanoine Ghjuvan' Francescu de Cristinacce et archivée dans la liasse contenant les écrits de Mathieu de Porta, dans les archives de la Banque de Saint Georges qui administra la Corse, un moment, au nom de la République de Gênes. Ces renseignements ont été communiqués à Letia-Catena, en novembre 2009, par l'Historien Antoine Marie Graziani,alors qu'il a donné, à cette date,une conférence au couvent de Vico sur "l'Etat de Cinarca et Jean Paul de Leca".
  16. Sampiero Corso, un mercenaire européen au XVIe siècle. Michel Vergé-Franceschi et Antoine Marie Graziani. Page 435.
  17. Il fût ainsi accueilli à Vicu par Giovan Francesco de Leca Cristinacce, ancien capitaine qui avait été au service de Gênes à Ajaccio et qui fit connaître son désaccord publiquement, au nom des notables, pour l'expédition de Sampiero. C.F. page 435.Michel Vergé - Franceschi et Antoine Marie Graziani "Sampiero Corso un mercenaire européen au XVI me siècle", éditions Alain Piazzola, 1999. Dans Chronique de la Corse  d’Anton Pietro Filippini, publié en janvier 1996 par Antoine Marie Graziani, éditions Alain Piazzola, figure le discours de Sampiero en entier ainsi que la réponse de Giovan Francesco Leca Cristinacce (Pages 157,158, 159).
  18. Sampiero avait été en service dans les bandes noires de Jean de Médicis avec Battista da Lecca, un descendant de Gio Paulu di Leca et tous deux fichés et suivis par les génois. Selon Michel Vergé Franceschi et Antoine Marie Graziani qui publient, page 193, la photocopie d'un document archivé à Gênes (Archivio di Stator, banco di san Giorgio, cancielleri di San Giorgio liasse 43). (C.F."Sampiero Corso, un mercenaire européen au XVI me siècle", éditions Alain Piazzola, décembre 1999). Le document, publié dans le livre de référence, relate le nom de Sampiero et de divers de ses compagnons d'armes dont Battista da Lecca.
  19. Plusieurs jeunes habitants de Letia et du vicolais (au nombre de trois cents), qui avaient servi Alphonse d'Ornano lorsqu'il avait succédé à son père, assassiné en 1567, et qu'il avait pris la tête de la résistance à Gênes dans le vicolais, le suivirent en France en 1459 pour servir dans les armées royales, alors qu'il était devenu "Colonel des corses". Plusieurs autres le rejoignirent en 1574, alors que Gênes l'avait autorisé à recruter un millier de corses pour l'armée du roi de France, notamment dans la région du vicolais. (C.F. biographie d'Alphonse d'Ornano sur Wikipedia)
  20. Les affrontements entre la colonie grecque et les corses du vicolais, Letia, Rennu, Vicu, etc. Sources : Elie Papadacci, Auteur, éditeur, 19 rue Jobbé Duval Paris XVe, Histoire de Cargèse Paomia, 1967, deux cités grecques en Corse. Voir dates sur Cronica di Corsica.
  21. Cette compagnie était commandée par un Stéphanopoli .C.F. Archives départementales de la Corse du Sud
  22. La révolte de 1729, Sources: C.F. Mission d’un commissaire génois en Corse en 1730, par le professeur agrégé, Christian Ambrosi, publié par les Cahiers d’Histoire et de Documentation Corses, Organe du Groupe parisien d’Etudes Corses Historiques et Scientifiques. Numéro 3, Paris décembre 1950. Grenoble, imprimerie Allier, 1951. C’est en 1729 que commença la grande révolte de quarante années qui devait conduire au régime de Théodore de Neuhoff puis à celui de Pascal Paoli et enfin à l’annexion française de 1768. La République de Gênes s’était engagée en 1715 à interdire la possession des armes à feu et à les retirer aux corses dont la majorité réclamait une telle mesure bénéfique pour la paix civile et la sécurité. Le port d’armes était jusque là concédé par Gênes, après décision des autorités et en contre partie d’une taxe payée par ceux qui avaient été autorisés à porter une arme. La Sérénissime avait substitué à cette taxe, réservée aux détenteurs de port d’armes, un impôt de deux « Seini » (Soit 13 Sols, 4 deniers de France) que tous les habitants de l’île avait été contraints de promettre d’accepter de payer pour dix ans. En 1727 et 1728, en raison de récoltes particulièrement mauvaises, le commissaire génois avait accordé une dispense des impositions; mais le 27 décembre 1729 le lieutenant de Corti annonça que les « raccoltatori » des tailles allaient parcourir les pièves pour percevoir non seulement les impôts ordinaires mais également les deux « Seini », dont le temps de perception était pourtant passé. Lorsqu’il se présenta au village de Bozio, un vieillard du nom de Cardone, au lieu d’obéir aux ordres, ameuta quelques jeunes gens qui obligèrent le lieutenant à prendre la fuite. (C.F. Cambiaggi, Istoria del Regno di Corsica, S. I., 1770-1772, t. III, p.8 Rostini P.32. Rossi Osservazzioni, VI, I, 12.). Les habitants du Bozio prévinrent sans doute les pièves voisines, puisque le lendemain elles refusèrent à leur tour de payer l’impôt. A la suite de cet incident le gouvernement de Gênes décida d’envoyer en Corse un commissaire extraordinaire du rang sénatorial, Giacomo Veronoso, en mission d’inspection. Le compte-rendu de cette mission, se trouve à Gênes et à Paris, accompagné de la correspondance adressée par Veronoso au Sénat génois (C.F. Bibliothèque civique Berio, n° 487, 229 p. in 4°. D. bis, I3.I. et 7.6.40. Ministère français des Affaires Etrangères - correspondances, Vol. 86. Copies adressées au ministre par M. de Campredon, qui fût envoyé extraordinaire du roi à Gênes de 1727 à 1739.) En février 1730, l’agitation et les troubles qui s’étendent dans tout le deçà des monts, gagnent successivement le Fiumorbu, et l’ensemble du cismonte. La révolte gagne le Dila, c’est-à-dire le Pumonte, par le Niolu et enfin par le Vicolais. Le 2 mars la population des villages du vicolais dont celle de Letia, insurgée, attaquent le Palazzu Publicu à Vicu et brûlent les archives criminelles. Les populations de la région étaient soucieuses de s'armer car elles craignaient les débordements du mouvement, et plus particulièrement ceux d'un groupe de bergers du Niolu qui s'était emparé d'une centaine de fusils à Vico, sans que le Lieutenant génois ne réagisse. Les populations du vicolais avaient ainsi attaqué le Palazzu Publicu, puis allaient enfin marcher sur Ajaccio, toujours à la recherche d'armes. Les 24 et 25 mars des affrontements se produisent entre les grecs de Paomia et les naziunali du vicolais, Letia, Rennu, etc., qui les ont attaqués. Le 8 mars, les populations du vicolais marchent sur Ajaccio et attaquent la ville. Elles sont accueillies à coups de canon. Les hommes en armes du vicolais attaquent et dévastent la campagne environnante, avant de regagner leur village respectif. Dès le mois de mai l’embrasement est général dans tout le vicolais. En août, à Sagone, l’agitation s’accentue. La population est entrainée par le discours virulent d'un certain Francescu Rocca di Rennu. Elle refuse de recevoir le délégué du Lieutenant de Vicu. On s’en prend une nouvelle fois aux grecs de Paomia fidèles aux génois. Le commissaire extraordinaire Giacomo Veronoso explique dans le détail comment il réprima dans les différentes régions de Corse et notamment dans la région du vicolais, comprenant Letia. Il évoque la répression exercée par les troupes génoises à la suite de l’attaque par les nationaux des cantonnements grecs de Paomia et des environs début septembre 1730. Il cite notamment la marche sur Vicu qu’il effectua lui-même en partant de Paomia le 14 septembre, à la tête du détachement génois qui transita par le col Saint Antoine, avant d’incendier Vicu le 18 septembre. Il fait état du pillage et des exactions menées à Vicu et dans l'ensemble du vicolais par la troupe avinée et l’officier qui la commandait, le capitaine Chiesa. Cette répression ne mis pas fin aux troubles. Selon Ours Jean Caporossi. En effet, le 8 avril 1731, les grecs de Paomia montrent leur attachement à Gênes, en refusant d'épouser le parti des nationaux dans le conflit qui oppose ces derniers à la République. Le 29 avril 1731, les grecs sont attaquée par les nationaux du vicolais (Letia, Renno …), Marignana, et du Niolu, commandés par Francescu Battini. les grecs tentent de résister à la tour d'Omigna et se réfugient à Ajaccio où leurs familles étaient déjà réfugiées. Les génois les utiliseront par la création d'une milice à leur service. A Ajaccio les grecs utiliseront comme lieu de culte la « chapelle du mont Carmel » qui avait été créée par la famille Pozzo di Borgo et qui prendra le nom de "chapelle des grecs. En juillet, les nationaux du vicolais (Letia, Rennu, Vicu etc.) marchent sur Ajaccio et l’assiègent avec les nationaux du Celavu, la Rocca et la Cinarca. Ces évènements aboutiront à la Cunsulta de Petretu, réunie au couvent de santa Maria d’Ornanu à compter du 10 juillet. La révolte de 1729 et les évènements qu’elle suscita préparèrent et facilitèrent l’arrivée de Théodore de Neuhof
  23. le roi Théodore par Antoine Marie Graziani Taillandier- 2005. Mémoires de Sébastien Costa, grand Chancelier du roi des corses, Théodore de Neuhoff, traduction et édition critique de Renée Luciani Agrégée de l'Université. Malgré son passé affirmé d'aventurier dont les chefs de la Nation n'étaient pas dupes, Théodore de Neuhoff saura incarner le sentiment national qui se manifestait chez les généraux du Règne de Corse, comme dans une large frange de la population. Les chefs de la nation étaient avant tout soucieux d'imposer la souveraineté de la Corse face à Gênes et peu leur importait le passé de Théodore de Neuhoff. Ce dernier, débarqué à Aléria en 1736 , rallie les généraux du parti de la nation et est proclamé roi des Corses à Alisgiani. Une cérémonie religieuse à lieu dans la basilique de Cervione où il reçu une couronne en feuilles de châtaigner. Selon l’historien Michel Vergé Franceschi (l’Histoire de la Corse éditions du Félin, 2010 et Napoléon, une enfance corse. Editions Larousse, juin 2009), Début de citation: Théodore de Neuhoff se fait l’héritier de Sampieru dont les compatriotes disaient de lui, lors de son passage au port d’Alger en 1562 : il est là, notre roi et non pas le roi de Corse. Théodore de Neuhoff est proclamé Roi des corses, c'est-à-dire avec l’accord des hommes et non pas Roi de Corse, régnant non pas sur la terre de corse mais sur les hommes de Corse. Paoli sera son héritier spirituel et Napoléon utilisera la même formule que Théodore de Neuhoff. Contrairement aux Bourbon, rois de France, il imposera et portera le titre Empereur des Français, reprenant là l’idée de Théodore de Neuhoff et voulant régner non sur la terre de France mais sur les hommes, les français. Cette formule démontre que tous les deux ont ouvert la voie à la souveraineté du peuple. La Révolution française- dont Paoli est l’un des acteurs depuis Londres- a ainsi contraint Louis XVI à abandonner son titre de roi de France pour celui de roi des français. Fin de citation.
  24. Au XVIIIe siècle, par le traité de Versailles du 15 mai 1768, la Corse est définitivement rattachée au patrimoine personnel du Roi de France, cédée par les Génois las de cinq siècles de lutte stérile; La nation corse n'e fût ni consultée ni associée à ce traité, véritable coup de force contre sa souveraineté.
  25. Compagnie Arrighi, sources: Corse-hebdo de Nice Matin Corse N° 531 du 16 octobre 2009. Histoire de la Compagnie Arrighi publiée dans le bulletin municipal de Letia N° 4 daté due février 2010.
  26. C.F. Ambroggio Rossi, Osservazioni storiche sopra la Corsica, publiées par l’Abbé Letteron, 15 volumes in "BSSHNC" (Bulletin de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de la Corse), Bastia.1899-1905).
  27. Sampiero Corso 1498- 1567, Un mercenaire européen au XVIe siècle. Michel-Vergé Franceschi - Antoine Marie Graziani. Page 459: Pugna pro Patria figurait sur trois cornettes (étendards de cavalerie) et sur vingt deux drapeaux que son fils, Alphonse d'Ornano lui avait apporté de France et débarqués à Sagone.
  28. Frère du général Paoli. Il fût chef de guerre et homme d'Eglise.
  29. Il s'agit des différents responsables des troupes corses. Ce mouvement vers vico est signalé dans la Cronica di Corsica d'Ours Jean Caporossi. L'histoire d'une île hors du commun- le XVIIIe siècle- 1701 à 1800.
  30. Victoire éclatante, selon Paul Arrighi, histoire de la Corse, éditions Privat 1971, et selon Vergé Franceschi dans son livre "Napoléon, une enfance corse"(bibliothèque Historique Larousse. Juin 2009) qui cite le livre de François Octavien Renucci, "la Storia di Corsica" (Bastia 1833), les français ont eu mille six cents hommes tués et six cents blessés - dont Marbeuf, le commandant en second du corps expéditionnaire- au cours de l'engagement.
  31. Général Jacques Pierre Charles Abbatucci, C.F.livre de René Santoni. Auto Editions, 2009.
  32. Plan Terrier. C.F. http://oursjeancaporossi.perso.neuf.fr - 1770- Par édit royal du 23 avril 1770, il est ordonné de mettre en œuvre le Plan Terrier. Le texte indique C’est un registre contenant le dénombrement, les déclarations des particuliers qui relèvent d’une seigneurie, et le détail des droits, cents et rentes qui y sont dus. Tous les propriétaires doivent se plier aux formalités nécessaires. Tous les biens sans légitimes propriétaires tomberont aux mains du Roi. 1785- Initié en 1770, le Plan Terrier de la Corse fit l’objet les 2, 3, 7, 8, 10, 11, 17, 27 et 30 juin 1785 de débats devant la huitième assemblée des États de Corse. Diverses requêtes se succédèrent lors de ces séances. Elles concernèrent le partage des terres communales. Le Plan Terrier de la Corse fût adopté en août 1785. Il comprend 17 volumes de commentaires et 32 rouleaux de Plans. Il couvre la superficie de la Corse, soit 8747 KM2. C’est grâce au plan Terrier que Marbeuf a imposé le découpage qui lui a permis de créer la commune de Cargèse où il s’était installé et qu’il avait érigé en marquisat, tout en y construisant un château. En 1795, le Plan Terrier, initié en 1770 est définitivement adopté le 14 mars 1795.
  33. C.F. Cronica di Corsica de Caporossi et Histoire de Cargèse Wikipedia.
  34. Olivier Maestrati, La Corse et ses poilus, dépot légal mai 2006. G.N. Impression 31620 Bouloc.
  35. Journal "le Monde" des 20 et 21 février 1950;
  36. Bonifaziu (Bonifacio), refondé par le duc de Toscane Boniface II, en 828, le roi d'Aragon en fit un préside espagnol et commandita le découpage, sur les flancs de la falaise, de l'escalier qui porte son nom. Ajaccio construit par Gênes fût une citadelle Génoise, comme Calvi et Bastia, siège des gouverneurs génois de la Corse
  37. Description de la Corse, Agostino Giustiniani, évêque du Nebbiu qui parcouru la Corse à partir de 1522 et désigna San Mighele comme Capella rassemblant la communauté de Lethia.Notes et traduction d'Antoine Marie Graziani. Editions Alain Piazzola, 1993. Page CXVIII.
  38. voir, année 1640, cronica di corsica.
  39. a, b, c Archives départementales de la Corse du Sud
  40. Archives départementales de la Corse du Sud, série g, et pour 1686, série J1
  41. Biographie d'Antoniu Arrighi dans Cronica di Corsica . et Armorial de la Corse de Colonna Cesari Rocca
  42. Biographie publiée par Cronica di Corsica. Et également, "Ragguali di l'Isola di Corsica", publication officielle du gouvernement corse de Pascal Paoli, édition critique d’Antoine Marie Graziani et Carlo Bitossi. Editions Alain Piazzola: pages73 n, 252, 253, 372, 373.
  43. sources: Biographie publiée par Ours Jean Caporossi sur le site cronica di corsica. Et biographie publiée par le site noitutti.com
  44. Biographie publiée par le site cronica di corsica.
  45. Source: Le Mémorial des corses, Tome six, édition de 1981
  46. Texte original de Guy de Maupassant, le Monastère de Corbara - Une visite au Père Didon, publié le 5 octobre 1880 dans Le Gaulois, Paris. Cité dans le livre de Jean Dominique Poli, éditions Albiana, 2006, "La Corse de Guy de Maupassant"
  47. Requête du 23 janvier 1516, archivée à Gênes dans les liasses portant les écrits de Mathieu de Porta, figurant dans les archives de la Banque de Saint Georges, à Gênes.
  48. Rôles datés de 1768 établis à Corti, Lucciana et Furiani où la compagnie fût pré- positionnée avant la bataille de Borgu qui s'est déroulée du 5 au 9 octobre 1768.Archives départementales de la Corse du Sud.
  49. Eléments de biographie d'Arrighi Igniazio de Corti, sources:  Cronica di Corsica de Caporossi, Biographies.- Antoine Marie Graziani, le Roi Théodore, Editions Taillandier, juin 2005, page 223.- Mémoire de Sébastien Costa, grand Chancelier du roi de Corse Théodore de Neuhoff, Edition critique de Renée Luciani. - Ambroggio Rossi, Osservazioni Storiche sopra la Corsica, Libro VII, 1738-1745 par gallica.bnf.fr, Bibliothèque Nationale.
  50. Eléments de Biographie de Ghjuvan Carlu Salicetti,sources : Cronica di Corsica de Caporossi. Ambroggio Rossi, Osservazioni storiche sopra la Corsica 1761-1768. Rôle de la compagnie Arrighi, archives départementales de la Corse du Sud. Journal des campagnes de 1768-1769 en Corse par le chevalier de Lenchères. Mariotti BSSHNC N° 103,106 (pages 382- 474).
  51. Eléments de biographie d'Ignaziu Arrighi,Sources: recensement effectué par les autorités françaises en 1769, au lendemain de la conquête -archives départementales de la Corse du sud -C.f. Bulletin municipal "A Voce di Letia" no 4 du mois de février 2010- "Corse-Hebdo" numéro 531, de "Corse-Matin", daté du 16 octobre 2009. Voir tome IV, Les seigneurs de Leca et leurs descendants, de Canavelli Colonna aux éditions piazzola. 2012, page 45.
  52. Eléments de biographie d'Anto Santu Arrighi . C.F. Ragguagli  dell’ isola di Corsica, page 208, Antoine Marie Graziani et Carlo Bitossi, Editions Alain Piazzola, 2010; et Les seigneurs de Leca et leurs descendants, page 67, Canavelli Colonna, Editions Alain Piazzola 2012. Voir également  Livret sur le Patrimoine Religieux de la Communauté de Letia ,pages 15 et 50 (C.F. Letia-Catena 2012).

 

Letia entre dans l’histoire avec la mort du Pape Léon III, lorsque son successeur Etienne IV monte sur le trône de Saint Pierre avec le soutien de Louis le Pieux, successeur de Charlemagne. Le comte romain Ugo Colonna et ses partisans qui s’étaient opposés à l’élection du nouveau Pape furent pardonnés à la condition qu’ils aillent reprendre la Corse aux sarrasins. Ugo Colonna et les siens se rendirent en Corse, en l’an 816, avec mille fantassins et 200 cavaliers. Embarqués sur plusieurs navires, ils se dirigèrent vers la cité d’Aléria pour la libérer. Parmi les gens d’armes qui accompagnaient le comte Ugo Colonna se trouvait son neveu, Orlandino, cavalier émérite. L’île libérée, Ugo Colonna institua en l’an 818, son neveu Orlandino Colonna, seigneur de la contrée que l'on nomme de nos jours le vicolais, avec résidence à Letia.

La paix imposée par Ugo Colonna en 816 perdura jusqu’en 856, bien après sa mort qui intervint en 856. Alors que son fils Bertario était demeuré à Rome, les deux autres, Bonifacio et Cinarca Colonna, l’avaient secondé en Corse. Bonifacio Colonna succéda à son père en 856, alors que la Chrétienté était sous le pontificat du Pape Pascal, auquel succédèrent le Pape Valentin, puis de 828 à 844, le Pape Grégoire IV. Tous trois le confirmèrent comme suzerain de l’île de Corse. Bonifacio fit de l’île un état sain et sûr. Il la défendit contre les exactions des puissants infidèles. Il organisa, avec le soutien de ses parents de Toscane, des incursions en Afrique où il dirigea le sac de Carthage et de Tunis. Il libéra la Sicile. En Corse, il dû affronter les maures qui revinrent avec leur roi Nugolone après avoir débarqué à Aléria et en profitant de l’aide de leur roi Saladin, du roi de Tunis et du roi de Bône pour tenter de reconquérir la Corse. Le comte Bonifacio dirigea la lutte et fini par triompher de Nugolone et de son fils Abitel, lesquels avaient pu soulever les maures établis en Corse depuis leur première défaite, à l’époque d’Ugo Colonna.

Le comte de Barcelone qui avait défendu Rome contre la menace de la flotte de Saladin et de ses alliés, fût envoyé par le Pape en Corse pour soutenir les derniers efforts du Comte Bonifacio pour chasser les arabes. Beaucoup parmi ces derniers, n’ayant pu rembarquer, profitèrent de l’édit du comte Bonifacio qui leur permit de se convertir à la religion catholique, malgré les protestations du Pape. A la mort du comte Bonifacio Colonna en l’an 879, la Corse était stabilisée, alors que la guerre avait duré de 816, sous le règne du comte Ugo Colonna, à 856 sous le règne de Bonifacio Colonna. Les descendants de Bonifacio maintinrent la Corse dans la paix et le calme dura 84 ans. Ils appliquèrent, pour gouverner le pays, le cadre et statut laissés par Ugo Colonna et son Fils Bonifacio. Le comte Orlandino, son fils lui succéda, suivi du comte Ridolfo, puis du comte Guido, et du comte Bonifacio, et ainsi l’un après l’autre, de père en fils.

Bonifacio donna le jour au comte Arrigo, que l’on surnomma Arrigo bel Messere pour ses qualités humaines, intellectuelles, physiques et morales. Selon Giovanni della Grossa, l’arrivée au pouvoir d’Arrigo bel Messere intervint en 968, soit 152 ans après le débarquement d’Ugo Colonna en 816. Ce dernier avait amené avec lui en Corse, en plus de Bonifacio, son autre fils Cinarca, dont la descendance s’était perpétuée. On pu distinguer successivement le comte Olivieri, père du comte Rinaldo, qui eut comme fils le comte Gulielmo, lequel donna naissance à Forte, comte de Cinarca, qui vécut à l’époque d’Arrigo bel Messere. Forte et tous ses prédécesseurs et descendants de Cinarca s’étaient appelés ainsi comme le château et le comté du même nom; ils l’avaient également donné à leur château et à leur comté. Forte vécut du temps d’Arrigo bel Messere qui avait une fille prénommée Bianca ; celle-ci épousa son fils, Antonio di Cinarca. « Bel messere » avait également sept fils. En l’an 1000, Arrigo bel Messere entreprit une médiation à la demande de Forte de Cinarca qui avait une querelle avec les châtelains du Castello de Talavento. Arrigo bel Messere fût traitreusement tué dans une embuscade des talaventesi qui firent prisonniers ses sept fils avant de les noyer au « pont des sept polli ». Cette tragédie eut lieu au mois de mai de l’an 1000 et, selon la légende, une voix surnaturelle se fit alors entendre annonçant à tous : « Arrigo bel Messere est mort ». L’historien Giovanni della Grossa ajouta pour sa part, «Et la Corse ira de mal en pis ». En 1072, Malaspina chassa le comte Andrea de Cinarca, et tous les siens, ils se réfugièrent en Sardaigne. Son fils, qui lui succéda, ne put gouverner. Le Pape envoya plusieurs gouverneurs successifs qui ne parvinrent pas à rétablir la paix. Le pape se résolut alors à confier la Corse à Pise qui exerça une tutelle bienveillante sur la Corse en cherchant à développer l’île.

Ugo Colonna, à la tête du détachement qui se rendit en Corse pour libérer l’île des sarrasins, débarqua en Corse en l’an 816. Il avait à ses côtés le vaillant Orlandino Colonna, son neveu. Cavalier émérite et guerrier d’élite, il brilla par sa conduite au combat contre les maures, dès le débarquement à Aléria et pour la libération de l’île entière. En récompense de son courage et des services rendus, Ugo Colonna l’institua, en l’an 818, seigneur de la contrée de ce que l’on nomme aujourd’hui le vicolais, avec résidence à Letia. Orlandino Colonna fit bâtir le Castello della Catena, à Letia, la même année 818, ainsi que le Castello de Geneparo, à mi chemin entre Sia et Salognu. Le castello de la Catena était bâti sur un arc naturel de pierre qui surplombe deux précipices ce qui le rendait aisément défendable. Les études archéologiques confirment le récit de Giovanni della Grossa en indiquant que les ruines du Castello remontent au IXe siècle

Après la mort d'Arrigo Bel Messere en l'an Mil et avant 1072, date d'arrivée du gouverneur Malaspina nommé par le Pape, une famille de la région, les Amondaschi qui habitait « Supetra », une localité proche de Vico, attaqua le Castello de la Catena dont elle s’empara. Le Castello fût détruit ainsi que celui de Geneparo. Le principal organisateur de ces attaques était Amondo Amondaschi, qui après s’être emparé de la Catena et de Geneparo, revendiquait le titre de seigneur et comte de Cinarca car il appartenait à la famille du comte Arrigo bel Messere. Il tenta de conquérir des seigneuries dans le Cismonte sans y parvenir. Il se replia alors sur Catena. Les affrontements qui se perpétuaient plongèrent la Corse dans le chaos. Une délégation des peuples de l’île se rendit alors à Rome pour demander au Pape Grégoire VI de ramener le bon ordre dans le gouvernement de Corse. Le pape donna le gouvernement de la Corse au marquis Malaspina qui prit contact avec les Amondaschi et avec d’autres seigneurs qui se rallièrent. Le comte de Cinarca, considérant qu’il était le successeur d’Arrigo bel Messere, refusa de faire allégeance.

En 1072, Malaspina, gouverneur de la Corse nommé par le Pape, chassa le comte Andrea de Cinarca et tous les siens. Ce dernier se considérait comme le successeur d'Arrigo Bel Messere et donc comte de Corse. Il avait pour cela refusé de faire allégeance à Malaspina. Il se réfugia en Sardaigne avec les siens. Son fils, qui lui succéda, ne put gouverner. Le Pape envoya plusieurs gouverneurs successifs qui ne parvinrent pas à rétablir la paix. Le pape se résolut alors à confier la Corse à Pise qui exerça une tutelle bienveillante sur la Corse en cherchant à développer l’île. En 1112, le Castello de Cinarca revint aux Cinarchesi, qui rentrèrent en Corse après quarante ans d’exil en Sardaigne. Le comte Andrea, fils d’Antonio de Cinarca et petit fils de Forte de Cinarca avait été banni par le gouverneur Malaspina. Il avait été accueilli par Giudice di Gallura qui l’avait pris sous sa protection. Giudice di Gallura prit Arrigo, le fils d’Andrea, en estime et lui donna une formation de chevalier puis le maria à sa nièce. De cette union naquit Diotaiuti, petit fils d’Andrea de Cinarca. Les gentilshommes du vicolais, plus particulièrement les « Alzovisacci », décidèrent à la veille de l’an 1112 de se rendre en Sardaigne pour demander au comte Arrigo et son fils de revenir en Corse pour reprendre leur seigneurie de Cinarca. En 1112, Arrigo da Cinarca et Diotauti revinrent en Corse où ils furent très bien accueillis. Arrigo fit jurer allégeance à son fils Diotaiuti. Ce dernier se rendit à Pise pour y nouer des contacts avec les autorités. Plus tard, il se rendit à Letia ou il enleva le Castello de la Catena tenu par les Amondaschi et qui avait été reconstruit comme celui de Geneparo. Il occupa les deux Castelli. Il reprit l’ensemble du vicolais et le Niolu. Diotauti laissa un fils légitime qui s’appelait Cinarchese. Ce dernier agrandit le domaine et gouverna la Cinarca qui s’étendait alors, au Sud, au delà du col Saint Georges et, au Nord, au delà du Niolu. Il gouverna en bonne entente avec le représentant de Pise. Avant de mourir, il transmis son comté à son fils Cinarchese . Ce dernier eut deux fils, Guido et Goglermo da Cinarca. Ils vécurent en bonne entente sans tenter d’étendre leur domaine.

Fils de Diotaiuti, il fût seigneur de la Catena et de Cinarca comme son père. Il conserva son domaine en veillant à le maintenir en paix, malgré les agissements de Pise, de Gênes, des factions et du clergé.Il eut deux fils, Guido et Goglermo.

Guido, seigneur de la Catena et da Cinarca,vécut en bonne entente avec son frère Goglermo. Il sut maintenir son territoire dans la paix. Guido eut deux fils. Le premier fût nommé Arrigo Orecchiritu, Le second fût nommé Rinieru Pazzo parce qu’il faisait des "choses étranges".

Arrières petits fils de Diotaiuti, petits fils de Cinarchese, fils de Guido, les deux frères Arrigo Orrechi ritu et Rinieru Pazzo, firent mettre aux fers leur oncle Goglermo et l’étrangler quelques jours plus tard. Arrigo séjournait le plus souvent à la Catena, il demeura seigneur de Catena et de la Cinarca. Il avait construit le Castello cinarchese situé entre Sagone et le Liamone. Il s'agit vraisemblablement du lieu dit "U Castellu" situé au dessus de la plage dite de San Ghjuseppu

Arrigo Orecchiritu était réputé pour sa sagesse. Les autres seigneurs faisaient appel à sa médiation en cas de litige entre eux.

En 1245 Sinoncellu della Rocca fils illégitime de Goglermo da Cinarca revint de Pise où il s’était rendu pour éviter le sort de son père assassiné par Arrigo Orecchiritu et Rinieru Pazzo. Il voulait faire valoir ses droits en Cinarca. Après avoir noué une alliance avec Rinieru Pazzo, réfugié à Gozzi après une brouille avec Orecchiritu, il s’attaqua alors à ce dernier qui vivait au Castello de la Catena avec ses deux fils après avoir confié le Castello de Cinarca à la garde de ses partisans. Ces derniers le trahirent et permirent à Sinoncellu de s’emparer du Castello de Cinarca. Cette prise, obtenue grâce à l’aide des galères pisanes, consacra son influence auprès des seigneurs féodaux.

Il se fit appeler désormais, Sinoncellu della Rocca, comte de Cinarca et Giudice di Corsica, soit, Giudice di Cinarca. Giudice de Cinarca se rendit alors à Letia, au castello de la Catena où il provoqua Arrigo Orecchiritu en assiégeant épisodiquement le castello de la Catena durant plusieurs jours d’affilée puis en levant le camp.

Arrigo Orecchiritu noua alors une alliance avec le seigneur de Sant Antonino et prit attache avec Gênes. Les génois promirent de lui fournir un contingent de 500 hommes.

Giudice di Cinarca, décida d’attaquer le fort de Catena avant que le contingent génois ne vienne renforcer Orecchiritu. Il se rendit ainsi au Castello de la Catena et tenta d’attirer Arrigo hors les murs. Il demanda à ses hommes de simuler une fuite dès la sortie des hommes du castello de Catena qui ne manqueraient pas de les poursuivre. En cette année 1257, Arrigo quitta le castello pour prendre en chasse les hommes de Giudice ; tombant dans une embuscade, il fut tué. Cependant, Giudice ne pût s’emparer du castello dont le pont-levis fût relevé. La défense de Catena était assurée par les deux fils d’Arrigo Orecchiritu, Arrigo et Guido qui résistèrent.Giudice se retira de Catena pour éviter d’affronter le contingent génois.

Ayant perdu Cinarca, les fils d’Arrigo Orecchiritu portèrent désormais le seul titre de comte de la Catena. La résistance se poursuivit au castello de la Catena jusqu’à ce qu’Arrigo de la Catena décide de demander la paix à Giudice qui la leur accorda. Mais dès que l’occasion se présenta, ils reprirent la guerre, alternant combats et trêves, causant des difficultés à Giudice qui jamais ne put en venir à bout.Guido mourut. Il laissa cinq fils. Arrigo, qui n’avait pas de descendance prit soin de ses neveux. 

Arrigo Della Catena, fils d'Arrigo Orecchirito, et comte de la Catena depuis que son père, Orrechiritu avait perdu Cinarca, n'eut pas de descendance. Il assura le devenir des ses neveux, les fils de son frère Guido della Catena, qui avait épousé une romaine de la famille Leca, avant de décéder. Arrigo della Catena fit reconstruire le castello de Geneparo (Calanche de Piana) et le donna à son neveu Golgelmo. Il fit édifier le castello de Maschio (près de Coggia) et le donna à Arrigo, autre neveu. Arrigo fit édifier pour son troisième neveu Restoruccio le castello de Leca (près d’Arbori). Ce Castello deviendra celui des Leca ( nom de la mère romaine de Resteruccio) et notamment celui de Ghjuvan Paulu da Leca, le plus connu et de la Huitième génération après Arrigo Orecchiritu et à la quatrième génération après Resteruccio. Arrigo della Catena avait deux autres neveux, Branca et Giudicellu. Il continuait de résider à la Catena mais lorsqu’il fut âgé, l’un de ses neveux le chassa du castello pour qu’il aille vivre dans une localité du voisinage avec l’assurance du versement de quelques subsides. Cette attitude ingrate fût le salaire des soins attentifs qu’il avait portés à l’éducation et l’établissement de ses neveux. Gênes tentait alors de s’imposer en Corse et avait su profiter de l’alliance demandée par les fils d’Arrigo Orecchiritu comtes de la Catena, pour affronter Giudice de Cinarca, allié de Pise.

Seigneur de la Catena, était l’aîné des cinq fils de Guido della Catena. Il succèda à son oncle, Arrigo della Catena, qui, âgé, avait été conduit dans le village proche. Golgelmo eut un fils Lupaciello. Les génois qui commençaient à se familiariser avec les choses de Corse furent mécontents de ce que Golgelmo se lie avec les aragonais en raison de l’antagonisme entre aragonais et génois qui avaient, les uns et les autres, des prétentions sur la Sardaigne. Gênes décida en cette année 1329 d’attaquer Golgelmo et son fils Lupaciello dans leur fief. Elle ne put les réduire car ils avaient avisé Aragon et organisé leur défense avec succès, à Catena et à Cinarca. Le roi d’Aragon occupait alors la Sardaigne. Les habitants de Sassari se révoltèrent et massacrèrent les troupes aragonaises. Il en alla de même à Alghero où les génois vinrent secourir les sardes. Aragon répliqua en envoyant une flotte qui, après avoir battu la flotte génoise, se dirigea vers la Corse. Gogliermo della Rocca gouvernait alors la Corse, sous la protection de Gênes qui s’était imposée dans toute l’île, excepté en Cinarca et Catena, en affirmant qu’elle était venue en Corse à la demande des insulaires. Après que Gogliermo della Rocca ait changé de camp et choisi celui des aragonais, il s’appuya sur les seigneurs de Catena et de Cinarca. Ensemble ils demandèrent à Aragon de venir les assister, leur affaire échoua et Gogliermo della Rocca fût tué. En Cinarca et Catena, Golgelmo et son fils Lupaciello qui avaient, depuis 1329, combattu pour le roi d’Aragon furent attaqués, cette fois vaincus et déportés à Gênes où ils moururent. C’est vraisemblablement à cette époque que le Castello de Catena fût rasé, bien qu’aucun document ne l’atteste.

Au cours des derniers soubresauts du Moyen-Âge, reprenant le projet traditionnel de ses prédecesseurs tendant à imposer leur comté face à Gênes, Ghjuvan Paolu da Leca (3) (Jean Paul de Leca) domine cette période par l'ambition de son projet et l'opiniatreté qu'il développa pour l'imposer et réussir un moment à rassembler au nom du sentiment national.

Fils de Resterucciu di Leca et petit fils de Rinucciu di Leca, il naitra en 1450 au cœur de la seigneurie construite par le fils d'Arrigo Orecchiritu, Arrigo della Catena, pour son neveu Resteruccio, près d'Arbori (Castello da Leca).

À cette époque, l’île était gérée, au nom de Gênes, par l’Office de Saint Georges, avec l’assentiment du Pape. La domination génoise devint ainsi fondée en droit. Giovan Paolo di Leca su rassembler la région de Catena et de Cinarca en incarnant, face à Gênes, au XVe et aux marches du XVIe siècle, le sentiment national qui lui permis de mobiliser les paysans de la région que l’on nomme aujourd’hui le vicolais. Cette mobilisation contre Gênes lui permis d’arracher l’indépendance de l’état de Cinarca et de l’étendre des portes de Calvi, au Nord, jusqu’aux portes d’Ajaccio et au-delà du Celavo, au Sud.

Sous le régime de Giovan Paolo di Leca, Gugliemo Bolano est nommé évêque de Sagone en 1480 et fonde la même année le couvent de Vicu, que fait bâtir l’année suivante, en 1481, Giovan Paulu di Leca. Bolano, originaire de Speloncatu en Balagna, demeurera en poste à Sagone jusqu’en 1490, année de son décès. (C. F. cronica di Corsica de Caporossi).

En 1487, Gênes tente de reprendre la main et s’efforce de mettre fin au régime seigneurial et à l’État de Cinarca, instauré par Giovan Paolo di Leca. Ce dernier dirigera la révolte contre les troupes génoises qui le harcèlent. Au cours de ces affrontements, comme les autres villages du vicolais, Letia participe avec sa population au mouvement qui embrase les terres de l'état de Cinarca et notamment le vicolais. Le chef de la révolte s’appui sur le fort de Cinarca, situé près du littoral et facile à prendre, et sur le castellu fortifié de Leca (Arbori) ainsi que sur le castellu de Sia, situé au sud d’Osani et au-dessus de Portu sur la commune actuelle d’Ota. Giovan Paulu di Leca est passé à l’offensive contre l’Office de Saint Georges dont il était l’allié. C’est le début de la nouvelle guerre des cinarchesi contre Gênes.

Ghjuvan Paulu di Leca est élu comte di Corsica à u Borgu di a Marana, devant 30.000 personnes. Blessé à Vicu, il rentre à Leca. Le soulèvement qu’il a conduit dans toute la région de Vicu, Letia, etc. et de la Cinarca entière, jusqu’au Niolu et une partie de la Balagne, est écrasé. En effet, Gênes à fait parvenir à ses troupes un canon de bronze, débarqué à Sagone par le chef du corps expéditionnaire génois, le français de Falcon. La région de Vicu et Letia subissent une forte répression et nombres de destructions, menées sous les ordres du mercenaire de Falcon.

Battu, Giovan Paulu di Leca se réfugie en Sardaigne, après s’être embarqué à Ajaccio pour Sassari. En 1489, au cours de la deuxième guerre livrée par l'Office de Saint Georges contre Giovan Paolo di Leca (Chronique de Corse- Anto Pietro Filippini, Editions Piazzola, Introduction , traduction, notes et Index de Antoine Graziani, janvier 1996, page 401, note 53) Ambroggio da Negri dirige la repression et détruit et incendie les villages de Sorru in su, de Sevi in dentru, de l'ensemble du vicolais, du Filosorma, Chiomi et Lecciola. Il chasse les habitants de l'ensemble de ces régions, y compris les populations des villages du Sia et de la Cinarca, eux mêmes incendiés, notamment Sari d'Orcino, Ambiegna, Arro et Lopigna.

En 1493, après avoir fait raser les forts de Leca et de Cinarca, l’office de Saint Georges confie le fort de la Zurlina,(Construit par Rinucciu della Rocca) situé face à Letia, à un allié de Gênes, le pievan de Coggia.

Les 24 et 25 août 1498, Giovan Paulu di Leca débarque à Roccapina avec ses deux fils et quelques partisans. Il se rend chez l’un de ses fidèles, Amoroso de Vezzani, qui le dénoncera aux génois. Traqué par Gênes, sa tête est mise à prix 100 ducats. Les alliés corses de Gênes le combattent dont Rinuccio della Rocca. L’Office de Saint-Georges envoie Ambrogio de Negri et Gerolamo de Gentile pour diriger les troupes combattant Giovan Paulu di Leca. Ce dernier fait alliance avec Rinuccio de Leca, ancien allié de Rinuccio della Rocca.

Giovan Paulu di Leca est finalement battu et s’embarque pour Rome. Il se rendra en Sardaigne.

De retour de Sardaigne en 1501 et après avoir débarqué à Aléria, Giovan Paulu di Leca rallie successivement le Niolu où il recrute 200 Hommes, puis Evisa, avant de parcourir les villages de sa seigneurie et y recruter des partisans dans tout le vicolais, notamment à Letia qui fournira une nouvelle fois des hommes et des vivres. Il en est de même pour toutes les autres localités du vicolais qui rejoignent l’insurrection.

Après divers combats au cours desquels il doit affronter à nouveau le gouverneur et chef du corps expéditionnaire génois, Ambrogio de Negri, débarqué en juin 1501 à Bastia avec pour mission de le réduire, Giovan Paulu di Leca(9) se réfugie dans le fort de la Zurlina (situé face à letia, sur le monte a u castellu, au-dessus du col de Sorru) d’où il négocie sa reddition, directement avec Ambroggio de Negri.

Après l’échec de la révolte, Giovan Paulu di Leca s'embarque à Calvi, en octobre 1501, pour s’exiler en Sardaigne. Le chef cinarchese décèdera à Rome en 1515 et sera inhumé dans la Basilique Saint Chrysogone (San Crisogono), lieu de sépulture de la colonie corse de Rome, où furent inhumés notamment les officiers de la garde papale corse (11) de 1506 à 1662, dans la ville éternelle.

Ghjuvan Francescu Leca de Cristinacce, Chanoine de l’évêché de Sagone, intervint auprès des autorités génoises en faveur de la population de Letia, chassée du village lors de la révolte de Gio Paulu di Leca de 1501 et celle de Rinucciu della Rocca en 1504. Après plusieurs tractations, il adressa le 23 janvier 1516 une requête (47) écrite aux autorités de Gênes afin que la population de Letia puisse revenir cultiver ses terres, à nouveau. L’interdiction avait été imposée pour trente ans après la révolte de Gio Paulu di Leca, en 1501, et surtout celle de Rinucciu della Rocca, plus précisément en 1504, où celui-ci, après son échec, avait du, avant de se rendre, se réfugier dans le fort de la Zurlina, sur le monte a u castellu, situé face à Letia. C’est en 1504 que Letia avait été détruit, une nouvelle fois, par les troupes de Nicolo Doria, chef du corps expéditionnaire génois, chargé de mener la répression, et qu’accompagnaient les unités de « Guastatori », ayant pour tâches de détruire les maisons, récoltes, arbres fruitiers, oliviers, châtaigniers, séchoirs, bergeries, troupeaux, etc. En 1516 le chanoine Leca de Cristinacce obtint des autorités de Gênes, l’autorisation pour que les habitants de Letia puissent revenir cultiver leurs terres. Cette requête est conservée dans les écrits de Mathieu de Porta, aux archives de la Banque de Saint Georges à Gênes où elle peut être consultée. Elle porte les noms des habitants de Letia en faveur desquels le Chanoine Ghjuvan Francescu Leca de Cristinacce intervint. La famille Leca de Critinacce est demeurée présente à Letia jusqu'à la deuxième moitié du dix neuvième siècle.

En 1575, Antoniu Arrighi (41), émigré de Letia à Speloncatu, fils de Francescu Arrighi de Letia , reçoit le 18 janvier 1575 les lettres d'attestation de noblesse, signées du gouverneur génois de la Corse, Agostino Doria. Il est à l'origine de la famille Arrighi de Balagna, qui servira le Regnu di corsica et le parti national.Le descendant d'Antonio Arrighi, Domenicu Arrighi se mit au service de Pascal Paoli dès 1755 après avoir servi et favorisé l'implantation du parti national en Balagna. De 1808 à 1881, neuf descendants d’Antoniu Arrighi, qui quitta Letia en 1575, ont exercé les fonctions de Maire de Speloncatu. La maison familiale Arrighi existe toujours à Speloncatu et porte sur sa façade une plaque commémorative. (Sources : Site Cronica di Corsica de Caporossi et site Noitutti.com.)

Proche conseiller de Pasquale de Paoli, législateur et juriste, chef de guerre, il est l'un des rédacteurs des lois constitutionnelles établies sous le généralat de Paoli. Originaire de Letia par son ancêtre Antoniu Arrighi, émigré de Letia à Speloncatu en 1575 (infra). Dumenicu Arrighi est né en 1714 à Speloncatu, décédé le 26 août 1789. Sous le régime de Pascal Paoli, Dumenicu Arrighi (42) servit le parti national et son chef. Il exerça d'importantes fonctions politiques auprès du Bappu di a patria. Le 10 août 1753, il est l'initiateur et un des signataires du manifeste de Belgodère, en faveur de Gaffori et qui entérine la destitution de Giuliani par ce dernier, lors de la Consulta qui s'était tenue à Tuani les 30 et 31 juillet. En 1756, il est chargé par Pascal Paoli de diverses missions de médiation, notamment à Lumiu. Il est élu membre du Magistratu di Balagna. Il sera réélu en 1757. En mai 1761, il est nommé membre du Guvernu Supreme ou Conseil d'Etat à Corti où il siège auprès de Pascal Paoli. En août 1761, le général Paoli le nomme chef des forces armées de Balagna avec le grade de Lieutenant général des troupes de Balagna. Il est conseiller d'état en 1762, puis en 1765. En 1767, il est élu président de la Consulta Generale (assemblée générale des représentants de toutes les communautés de Corse). Il participera aux différents combats et particulièrement à la bataille de Ponte Novu. Après la défaite, il se retirera avec les chefs de la Nation sur le Rotondu et demeurera en contact avec Clément Paoli, le frère du général, afin d'organiser la résistance, jusqu'à la chute de Corti et le départ de Paoli pour l'exil à Londres. Il se ralliera alors à la France et fera partie de la délégation, représentant les familles qui s'étaient retirées sur le Rotondu et ailleurs. Carlu Bonaparte le père de Napoléon et Jean Thomas Arrighi de Corti feront partie de cette délégation qui rencontra le comte de Vaux, à Corti, pour engager des pourparlers avec le commandement des troupes de Louis XV. En 1772, Dumenicu Arrighi sera nommé commissaire de la junte royale de Caccia. Il décèdera le 26 août 1789, sans revoir le père de la patrie qui ne reviendra en Corse que le 14 juillet 1790.

(43) Originaire de Letia par son ancêtre Antoniu Arrighi (41), émigré de Letia à Speloncatu en 1575. Il est lui même né à Speluncatu en 1769, il décèdera en 1834.Il est le petit-fils de Dumenicu Arrighi. Ecclésiastique, il a été étudiant en Droit et Littérature à la Sapienza de Rome. Ecrivain, juriste, et magistrat, il a exercé comme conseiller à la Cour de justice de Bastia. Juge et président de session du Tribunal du département du Golu, puis président du Tribunal Civil de l'arrondissement de Balagna, il exerça la magistrature tout en menant une carrière d’écrivain. En 1794, il fait imprimer un opuscule dédié au général Pascal Paoli et intitulé La félicita, i diritti e le virtù sociali nella cattolica religione (la félicité, les droits et les vertus sociales dans la religion catholique). En 1803, il est membre résident de la société d'instruction publique du département du Golu. En 1806, il écrit Viaggio di Licomede in Corsica, relation historico-philosophique sur les coutumes anciennes et actuelles de la Corse. En 1809, il écrit un essai historique sur le règne de Naples. En 1818, il est membre de la société d'Instruction Publique du Département de la Corse. Il est l'auteur de nombreuses publications en langue italienne dont Il Saggio Storico, ouvrage dans la lignée de Pietro Giannone, dont l'œuvre constitue, selon l'écrivain Jacques Thiers, l'une des sources de Montesquieu.

(51) Officier et patriote corse, né à Letia en 1736, décédé le 1er Novembre 1790,(Il était âgé de 36 ans lors du recensement de 1769), son acte de décès porte la mention 54 ans. Il était le fils de Giuseppe Arrighi,né à Letia en 1708, lui même fils de Gio Siliu Arrighi  (né à Letia le 20 juin 1666) et petit fils du capitanu Arrigo Arrighi, né le 6 octobre 1631, mort après 1680, capitanu  Podestat en 1678.

Ignaziu Arrighi a représenté, comme député, la communauté de Letia à la consulta organisée en 1765 , sous le régime de Pascal Paoli. Il fut désigné pour prendre le commandement de la compagnie,  formée à Letia en 1768, alors que le conseil suprème à Corti, devant le danger d'invasion qui se précisait avec les premiers débarquements de troupes françaises, avait  décidé de renforcer l'armée nationale en faisant  appel plus particulièrement aux communautés qui avaient soutenu le parti de la nation et son chef. Cette unité a été formée avec des letiais et a recruté deux hommes pour chacun des villages de Sorru in Giù et également à Soccia pour Sorru in sù. L'unité pris le nom de son commandant, la Compagnia ou Squadra Arrighi, de l'armée nationale corse du général Pascal Paoli. Dirigée sur Corti en juin 1768, elle reçu l'ordre de se positionner à Furiani, avant poste face aux troupes françaises de Bastia et de Saint Florent. Elle  demeura à Furiani en juillet et en août et elle mena divers combats sporadiques contre les troupes françaises  venues de Bastia et de Saint Florent. Repliée en Casinca avec l'ensemble du bataillon Saliceti, la compagnie participa à la contre offensive qui rejeta les troupes françaises au dela de Furiani, alors que Borgo demeurait aux mains des français. A la veille de la bataille de Borgu, la compagnie reçu l'ordre de marcher sur Lucciana, participant à la mise en place d'une ceinture de sécurité par l'installation de point d'appuis, en direction des contreforts de Borgo pour parachever l'encerclement des troupes du colonel de Ludre et préparer ainsi  a battaglia Maestra qui fut une victoire éclatante de l'armée nationale (5 au 9 octobre 1768). Avant la bataille  la compagnie à reçu une solde, à deux reprises, à Lucciana, durant le mois de septembre. Les moines et les troupes corses qui tenaient le couvent saint François de Lucciana mirent en déroute les troupes de Louis XV, venues de Bastia pour tenter de percer l'encerclement.

Ignaziu Arrighi participa avec la compagnie aux combats de l'armée nationale qui tenta de sauver l'indépendance de la Corse et le libre destin de la nation que Paoli avait unifiée et structurée autour des valeurs traditionnelles et des idéaux des lumières.

(49) Officier et chef de guerre sous le régime du roi Théodore.

Né à Corti vers 1700, il est le frère d’Antonio Maria Arrighi qui sert dans l’armée vénitienne. Ignazio Arrighi à rejoint son frère à Venise où il devient Lieutenant des armées de la république de Venise. Il entre par la suite au service du roi de Sardaigne.

En avril 1733, de passage en Corse, il est arrêté par les génois, comme « rebelle », puis libéré au bout d’un mois. Considéré comme un agent de Venise par les représentants de Gênes; Ignazio Arrighi est aussi un personnage quelque peu excentrique. Il arbore un large crucifix sur la poitrine et un chapelet autour du cou.

En février 1734, il se met au service de l’un des généraux du Règne de Corse, le général  Ghjacintu Paoli. Il sera toujours opposé à Giafferi et marquera de la défiance à son égard. Il est chargé de prendre Corti, tenu par une centaine de Suisses, commandés par un capitaine mercenaire, aux ordres des génois. Il parvient à prendre la ville et incendie une douzaine de maisons des fidèles de la république génoise, notamment les Adriani. Seule la citadelle demeure aux mains des génois, jusqu’à ce qu’il s’en empare en avril 1734.

A la consulta de Sant’ Antonio di a Casabianca, dans l’Ampugnani, il est nommé Lieutenant général du Royaume. En mai, à la consulta d’Aregno, il tente en vain de décider les balanais, fidèles à Gênes, à entrer dans le conflit aux côtés des nationaux.

En janvier 1735, à la consulta d’Orezza, il est nommé membre de l’Uffiziu di a Guerra. Ses troupes désarment les balanais qui ont refusé de participer à la consulta et qui sont demeurés fidèles à Gênes. En avril, il est dans le Cap corse. En mars 1736, il est le seul chef corse à ne pas accueillir Théodore 1er. Il est chargé de s’emparer de Saint Florent. Avec 300 fusiliers, il fait route vers San Pellegrino. En mai, à la tête de 100 cavaliers et de 500 fusiliers, il s’empare de Patrimonio et de Barbaghju  et cerne Saint Florent. Toujours en mai,entré en dissidence, il veut empêcher le roi Théodore de séjourner à Corti. Il s’en suit une bataille au cours de laquelle il est battu. Il s’enfuit et se réfugie dans le vicolais. Sa maison et celles de ses parents sont pillées et incendiées. Demeurant opposé à Théodore, menacé d’arrestation par ce dernier, il devient chef de la région vicolaise (C.F. Eléments de biographie dans  Cronica di Corsica). Théodore de Neuhoff  a toujours considéré Arrighi comme un ennemi au même titre que le chanoine Orticoni, Ghjacintu Paoli ou Salvini. Il le dit par lettre adressée, après son départ intervenu début novembre 1736, lorsqu’il écrit à Giovan Maria Balisone Teodorini qu’il appelle «son  premier chapelain ». ( C.F Antoine Marie Graziani, le Roi Théodore, Editions Taillandier juin 2005, page 223).

Avant de quitter la Corse pour arriver à Livourne le 12 novembre 1736, affirmant vouloir revenir bientôt en Corse, Théodore nomme divers responsables et désigne comme son représentant dans le vicolais le chanoine et comte Ilario Guagno et comme chef du Dila, Luca Ornano. (C.F Antoine Marie Graziani, infra).Ces deux personnages ont pour objectif de contrecarrer l'action d'Arrighi à la tête du vicolais où il s'appui sur son parent Prete Marcoriu.

Ignazio Arrighi est bien installé dans la région du vicolais à l’arrivée du colonel comte de Boissieux. Il s’y trouvait déjà depuis qu’il était menacé d’arrestation par Théodore, après les affrontements à Corti et l’attaque menée par les partisans de Théodore qui avaient incendié la maison Arrighi dans cette cité.

Selon Ambrogio Rossi (Osservazioni Storiche sopra la Corsica, Libro VII, page 73  et 74), le chanoine et comte Ilario Guagno et le responsable du Dila, Luca Ornano, nommés tous deux dans leurs fonctions par Théodore, avaient écrit à Maillebois pour dénoncer  Ignazio Arrighi, en affirmant qu’il fallait considérer comme suspecte sa présence dans le vicolais.

Selon Ambroggio Rossi, toujours dans le livre cité infra, (page 96), en juin 1739 le colonel Maillebois a chargé le commissaire à la guerre , Villeheurnois, de vérifier à Campo dell’Oro, puis à Sagone, les quantités de fourrage disponible  pour la cavalerie. Villeheurnois s’est rendu à Sagone avec le consul de France, le docteur Paravisini. A cette occasion, l’envoyé de Maillebois a convoqué les chefs de province. Il a ainsi reçu le Chanoine Ilario Guagno, le prêtre Marcoriu, le chanoine Bianchi et, précise Ambrogio Rossi, le lieutenant Arrighi Ignazio.

Arrighi Ignazio est bien responsable du vicolais à l’arrivée de Maillebois auquel il se rallie.

En 1739, le 10 août, à la demande du marquis de Maillebois qui avait remplacé le comte de Boissieux comme envoyé de Louis XV, alors que Gênes n’était plus en mesure de gouverner la Corse devant la révolte et l’emprise des nationaux, Ignazio Arrighi est capitaine au régiment Royal Corse.  Il a en effet accepté l’offre de Maillebois qui délivre des patentes de capitaine aux corses qui arrivent à lever 50 nationaux corses. C’est le 10 août 1739, qu’il  est admis au Real Corso, régiment royal d’infanterie italienne, créé  par ordonnance du roi Louis XV. Avec  Ignazio Arrighi, on trouve dans ce régiment Ignaziu Domenicu Baldassari de Furiani et le capitaine Ghjuvan Carlo Salicetti.

Le 4 octobre 1739, Maillebois  présentera  à Corti  sept compagnies du Royal Corse, avec leurs officiers dont Saliceti Ghjuvan Carlu, Arrighi Ignaziu, Francescu Orticoni, Orsone Tavera, Oraziu de Carbuccia, Don Filippu Grimaldi et Petru Paulu Murati.

Ignaziu Arrighi décèdera à Antibes le 28 décembre 1739.

Officier et patriote corse (50).

Saliceti Ghjuvan carlu, capitaine. En 1739, le 10 août, à la demande du marquis de Maillebois qui avait remplacé le comte de Boissieux comme envoyé de Louis XV, alors que Gênes n’était plus en mesure de gouverner la Corse devant la révolte et l’emprise des nationaux, Saliceti est capitaine au régiment Royal Corse.  Il a en effet accepté l’offre de Maillebois qui délivre des patentes de capitaine aux corses qui arrivent à lever 50 nationaux corses. C’est le 10 août 1739, qu’il  est admis au Real Corso, régiment royal d’infanterie italienne, créé  par ordonnance du roi Louis XV. Avec Ghjuvan Carlo Saliceti on trouve dans ce régiment Ignaziu Domenicu Baldassari de Furiani et le capitaine d’origine Cortenaise Arrighi Ignaziu, ancien lieutenant de l’armée de Venise qui de passage en Corse sera arrêté par les génois avant de se mettre au service de Ghjacintu Paoli.

Le 4 octobre 1739, Maillebois  présentera  à Corti  sept compagnies du Royal Corse, avec leurs officiers dont Saliceti Ghjuvan Carlu, Arrighi Ignaziu, Francescu Orticoni, Orsone Tavera, Oraziu de Carbuccia, Don Filippu Grimaldi et Petru Paulu Murati. Ignaziu Arrighi décèdera à Antibes le 28 décembre 1739.

En décembre 1739, Ghjuvan Carlo Saliceti participe à la Consulta de Biguglia, où il rencontre avec Ghjuvan Tomasu Giuliani et d’autres Principali, le marquis de Cursay,  envoyé de Louis XV en Corse. Ce dernier évoque les « bonnes intentions» du roi de France à l’égard des corses. Cursay ne fera pas allusion à une nouvelle soumission à Gênes mais évoque l’obéissance au roi de France. Les corses semblent séduit par la démarche de  de Cursay. Une lettre est envoyée au roi de France dans laquelle les corses le prient de recevoir leur soumission sans réserve et lui promettent de se conformer à toutes les instructions de son représentant. Salicetti Ghjuvan Carlu signe cette lettre ainsi que dix sept des plus éminents chefs corses du moment.

Il se rallie à Pasquale de Paoli des avant son accession au pouvoir en 1755.

En novembre 1760, Salicetti commande le détachement de soldats nationaux qui s’empare de la tour de la Mortella qu’il enlève aux génois. Après l’avoir bombardée, il s’en rend maître au nom de la nation.

En mai 1762, Pascal Paoli lui confie la direction du siège de Macinaghju. En août de la même année, Aleriu Francescu Matra, qui veut combattre Pascal Paoli, lui adresse, ainsi qu’à d’autres chefs régionaux, un manifeste pour l’inciter à abandonner le parti de Paoli et à le rejoindre. En septembre, Salicetti  attaque Antisanti, dans la piève de Vezzani, où se sont réfugiés les partisans de Matra. En octobre, il est à Ferringule  (Farinole) dans le Cap pour empêcher Antonucciu de Matra d’atteindre la Coscia. En décembre, il est nommé commandant de compagnie d‘un des deux régiments nationaux, nouvellement créés.

En juillet 1763, il est blessé  à la bataille de Furiani contre les génois.

En  octobre 1763, Il participe sur ordre de Pascal Paoli à l’attaque de la citadelle d’Ajaccio avec un détachement chargé de s’emparer du quartier du Borgo pour approcher la citadelle, tandis qu’un autre détachement, commandé par Buttafoco, viendra de Saint Antoine par les collines. Ce projet avait été préparé par l’avocat Giuseppe Masseria, neveu de Santu Folacci, représentant du général Paoli dans le Pumonte. Masseria s’étant emparé de la citadelle par surprise attendit les renforts de Salicetti qui devaient venir de Campo dell Oru pour attaquer le Borgo, quartier proche des fossés. Buttafoco allongea son parcours en descendant de Saint Antoine du Mont, au Nord Ouest d'Ajaccio, après avoir rejoint le sentier venant des Sanguinaires. Les troupes génoises avaient eu ainsi le temps de réagir. Masseria  sera blessé et fait prisonnier ainsi que son fils. Il  mourra sous la torture. Saliceti sera contraint de quitter les abords de la ville.

En février 1767,  il est chargé de préparer le débarquement de Capraia.

En septembre 1768, lors de la première offensive des français, il dirige les unités nationales, dont la compagnie Arrighi, qui sont chargées de défendre, à Furiani, la pénétration sur l’axe Bastia - Casamozza. Paoli avait renforcé son dispositif en lui adjoignant Vinciguerra, à la tête de 400 hommes. Encerclé, après que les français se soient emparés de Biguglia, il réussi à décrocher avec ses unités dont la compagnie Arrighi et a gagner la Casinca. Il participe à la contre attaque en Casinca avec les effectifs qu’il a sous ses ordres. Les français sont rejetés sur la ligne de front, Saint Florent – Bastia, mais tiennent Borgo. Le 5 octobre, Gian Carlu Salicetti est présent à Lucciana, où il a installé ses compagnies sur les contreforts de Borgo, à la réunion préparatoire, autour de Pascal Paoli, des chefs des unités corses qui doivent mener l’assaut sur Borgo. Il participe avec ses unités, dont la compagnie Arrighi, à la bataille de Borgo qui se termine le 10 octobre par la reddition des troupes de de Ludre.

En avril 1769, il est parmi les chefs nationaux qui s’apprêtent à affronter les français à Ponte Novu. En mai, après la défaite, il se rend dans la région de Vico, où il connait le capitaine Ignaziu Arrighi, et les sous officiers et les soldats de sa compagnie  qu’il a eu sous ses ordres,  aux combats de Furiani et de Casinca, ainsi qu’à la bataille de Borgo. Avec Clemente Paoli, le frère du général et d’autres nationaux, il tente de reconstituer et de réorganiser l’armée nationale autour des quelques hommes qui restent avec lui, et de faire de la piève de Vicu un bastion de la résistance. La plupart des Capipoli du vicolais s’y  refusent et prennent contact avec les français. Salicetti se dirigera sur l’Île Rousse d’où il s’embarquera pour la Ligurie sur un navire anglais, avec deux cent nationaux. En décembre, il reviendra en Casinca avant de se rendre à Florence où il retrouvera Clemente Paoli.

Saliceti demeura fidèle aux idéaux du Babbu. Ainsi en 1774, il participera à l’expédition de Nicodemu Pasqualini, afin de soulever le Niolu. Originaire de Castinetta, Pasqualini avait été envoyé par Clemente Paoli en Corse pour tenter de fomenter une insurrection générale à partir du Niolu. Ce projet échoua et les protagonistes poursuivis par Marbeuf, réussirent à se réfugier dans le fort de Matra à Aléria, d’où ils seront chassés par l’artillerie de Marbeuf. Ils réussiront à fuir dans le Cap et enfin en Ligurie.  Ghjuvan Carlu Saliceti se réfugiera à Florence où demeurait également Clemente Paoli.

Sources : Cronica di Corsica de Caporossi. Ambroggio Rossi, Osservazioni storiche sopra la Corsica 1761-1768. Rôle de la compagnie Arrighi, archives départementales de la Corse du Sud. Journal des campagnes de 1768-1769 en Corse par le chevalier de Lenchères. Mariotti BSSHNC N° 103,106 (pages 382- 474).

 

Officier et patriote corse, (31)

Il fut l’un des principaux artisans de la victoire de  Borgu (5 au 9 octobre 1768), où il commandait I pumuntichi, (les originaires de la région du Pumonte ou de l’Au Delà des monts) et des patriotes du Cismonte avec quelques étudiants de l’université de Corti.

Grâce à son action au Nord de Borgo, les troupes françaises furent ralenties sur les rives du  Bevinco, avant de tenter de prendre en tenailles les corses qui assiégeaient Borgo. Après leur échec pour délivrer la garnison de Borgo, elles furent rejetées sur la Marana et Bastia. Ce coup d’arrêt porté aux troupes de Chauvelin, dont les colonnes de Marbeuf et d’Arcambal, permis à l’ensemble des troupes nationales de s’emparer de Borgo et de la garnison française aux ordres du colonel de Ludre. Ces troupes, placées sous le commandement du général Pasquale de Paoli, et des chefs nationaux comprenaient, entre autres, le bataillon Saliceti avec la compagnie Arrighi, formée à Letia. .

 Le général J.P. Abbatucci, héros de la guerre d’indépendance contre Gênes puis contre la France, responsable des Pievi du Sud de la Corse, contesta l’autorité de Paoli et fut incarcéré à Corti durant sept mois. Il se réconcilia  avec lui en 1766 et fut nommé, à cette date, général pour le Sud de l’île. Rallié au vainqueur après Ponte-Novu.
Marbeuf, marquis de Cargèse, « le vieux pacha luxurieux » qui le jalousait à cause de son charisme et de l’ascendant qu’il avait sur ses compatriotes, tenta de le compromettre dans un complot criminel, objet d’un montage avec le faux témoignage du curé de Guitera, qui tourna à son désavantage. Le général fut néanmoins condamné et envoyé au bagne de Toulon avant d’être innocenté en 1782, puis réhabilité en 1787. Il pu retrouver son grade de Lieutenant colonel de l’armée royale, avant d’être élevé au grade de Maréchal de Camp en 1791.

Il s’opposa à nouveau à Pascal Paoli après le retour de celui-ci de son exil de Londres.
Le général Jacques Pierre Abbatucci dont les aïeux originaires, de Zicavo, dans la Pieve de Talavu, s’étaient distingués au service de la République de Venise, notamment lors de la guerre contre les turcs, avait fait ses études chez les jésuites à Brescia, ville où son grand père maternel, le général Domenicu Paganelli-Zicavo, était gouverneur.
Il est le père du général Charles Abbatucci mort au combat de Huningue en 1796 à l’âge de 25 ans, du jeune lieutenant Séverin Abbatucci, mort à 19 ans, après le siège de Calvi (août 1794) où il fut mortellement blessé, et du chef d’escadron Antoine Abbatucci, mort à 22 ans durant la campagne d'Égypte avec Bonaparte.
Son petit fils Jacques Pierre sera ministre de Napoléon III.

Officier et patriote corse

Ayant quitté Letia pour Corti, au début du mois de juin 1768, la compagnie Arrighi à perçu  son armement et ses équipements individuels.Sous les ordres de Ignaziu Arrighi, elle présenta les armes à Petru Colle, l’un des chefs militaires nationaux originaire du Rustinu, chargé par Pasquale de Paoli de passer la compagnie en revue le 22 juin.

Le même jour, Petru Colle, après avoir versé la solde à la compagnie Arrighi, rendit compte par écrit au général Paoli de la revue de présentation de l’unité letiaise à laquelle il venait de procéder. Il émargea le Rôle de la compagnie Arrighi, signé également par le général Paoli.

En septembre 1768, devant l’offensive des français, aux ordres du marquis de Chauvelin, Pasquale Paoli abandonne le Nebbio et demande à Petru Colle de demeurer à Lentu pour assurer la défense du  passage de Tenda. En octobre, Petru Colle participe à la bataille de Borgo. Il retrouvera, le 5 octobre, la compagnie Arrighi qui fait partie du groupement commandé par Gian Carlu Salicetti et qui est cantonnée à Lucciana. Petru Colle, qui est lui-même à la tête d’un groupement, assiste le 5 octobre à Lucciana, à la réunion des chefs nationaux autour de Pascal Paoli, avant l’offensive sur Borgo.

En avril 1769, il est parmi les chefs nationaux qui vont affronter les troupes françaises à Ponte Novu le 8 mai 1769. En mai, après la défaite, avec près de 200 soldats nationaux de Balagna, il quitte l’île à bord d’un vaisseau anglais et s’exile en terre ligure. En 1777, il est à Venise. Lors de la guerre d’indépendance de l’Amérique (1776 – 1779), il est agent recruteur pour le compte de l’Angleterre. Devenu capitaine de l’armée anglaise, il combat les français à Minorque, aux Baléares en 1781. Il y perd le bras droit. Il se retire en Angleterre en 1782.

(1713-1770), (note N°52)

Capitaine et procureur de la communauté de Letia sous le généralat de Pasquale de Paoli. Né en 1713 à Letia, Anto Santu Arrighi est le fils du capitano Giacomo Francesco Arrigho (1).          Anto Santo Arrighi a été élu procureur de la communauté de Letia après 1755. En 1762, tout en demeurant attaché au parti national et fidèle au général de la nation, Pasquale de Paoli, il contesta, avec d’autres capipopoli de la région, l’autorité de Santu Folacci, commissaire général pour le Dila.

En 1768, alors que le danger d’affrontement avec les troupes françaises se précisait, le général Paoli a demandé à cinquante communautés de l’intérieur de mettre à la disposition du gouvernement une compagnie qui devait renforcer l’armée nationale ou truppa pagata. Letia fut choisi avec d’autres communautés pour fournir une unité pour l’armée régulière. En Août 1768, alors que la compagnie Arrighi, formée en majorité de letiais, se trouvait sur la redoute de Furiani où les combats allaient s’engager, Anto Santu Arrighi mobilisa les hommes valides de la communauté pour marcher sur Sagone,  avec divers contingents du vicolais, pour repousser le débarquement de galères, venues de la garnison françaises d’Ajaccio en vue de s’emparer de la tour de Sagone (2).

Anto Santu Arrighi désigna le député qui avait représenté la communauté de Letia à la Cunsulta de 1765, le capitanu Ignaziu Arrighi, pour recruter et former la compagnie de volontaires qui pris son nom. Cette unité était composée en majorité de ressortissants de la communauté letiaise. La compagnie recruta des volontaires dans les villages de Sorru in Giu. Un recrutement fut effectué à Soccia pour Sorru in su, alors que Coggia, Arbori, Murzo, Vico fournissaient chacun deux hommes. Anto Santu Arrighi avait participé à la désignation des hommes de la compagnie où l’on retrouve toutes les familles de la communauté letiaise. Les procureurs des autres villages avaient eux-mêmes, en accord avec Ignazio Arrighi, désigné les soldats recrutés dans les communautés de la piève.

L’effectif réduit des compagnies résulte du manque de moyens dont disposait le gouvernement de Paoli qui limita ainsi les possibilités de recrutement dans les villages et les pièves. Les commandants d’unité de l’armée régulière durent modérer les ardeurs des jeunes volontaires et s’en tenir, comme c’est le cas pour la compagnie formée à Letia, à un enrôlement total de 17 puis de 21 recrues.

Anto Santu Arrighi se rendit régulièrement à Corti pour assister aux différentes Cunsulte en vue de la mobilisation générale. Il décéda en 1770, deux ans après l'infelice battaglia di Ponte Novu.

Anto Santu Arrighi s'était marié le 17 octobre 1746 avec Angiola Maria LECA d' Arbori, née dans ce village en 1724 et fille de Pietro Santo Leca. L'épouse Angiola Maria reçu de ses parents une dot de 1300 lires par contrat signé devant le notaire Padivantonio Peraldi de Vico.(C.F.-1-supra, Les seigneurs de Leca, Tome IV, Canavelli Colonna, éditions Piazzola, 2012).

(1)  Giacomo Francescu Arrigho était le fils del podestà Battestino d'Arrio, fils de Mighele d'Arrio dit Arrio II, fils d’Arrio I, le fils de Franciscone da lo Piano, arrêté par les génois en 1513 avec son frère Andria, alors qu'ils s'étaient rendu sur le territoire de la communauté de Letia, pour y cultiver les terres, interdites d'accès à la suite de la grande révolte, menée en faveur de Gio Paolo di Leca, et qui suscita la destruction du Village de Letia et ceux de la région, par Niccolo Doria, en 1503 avec, pour les habitants, interdiction de revenir durant trente ans pour y cultiver leurs terres. (C.F. Livret sur le Patrimoine historique et Religieux de la Communauté de Letia, pages 15 et 50). Concernant l’ascendance, voir « Les seigneurs des Leca et leurs descendants » – tome IV. Canavelli Colonna. Editions Piazzola, 2012.

(2)     C. F Bulletin de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de la Corse. Archives Départementales de la Corse du Sud (10 RE V). Dans cette lettre Paoli indique à Vinciguerra, présent à Furiani,  que la Tour de Sagone avait été menacée par des Galères, venues de la garnison française d’Ajaccio mais que 300 nationaux du vicolais, qui montaient la garde sur la grève, avaient empêché le débarquement des soldats qui projetaient de s’emparer de la tour.

(44), Notaire établi dans le village de Letia, au hameau de Cugugnana, sous le régime de Pascal Paoli (1755-1769). Il représenta la communauté de Letia comme délégué à la Cunsulta que le général Paoli organisa en juin 1794, afin d'éviter que l'île ne tombe sous le régime de la Terreur qui s'imposa en France à compter de 1793. La Consulta generale s'est tenue à Corti et a adopté, par vote des délégués des différentes communautés, dont celui d'Antonio Arrighi, délégué de la communauté de Letia, la rupture avec la France et la constitution du Royaume de Corse (anglo-corse), qui est un acte fondamental en 12 titres et 75 articles. (Sources: site de la "Cronica di Corsica" de Caporossi. Corse-Hebdo" no 531 daté du 16 octobre 2009, et bulletin municipal de Letia "A Voce di Letia", no 4 du mois de février 2010).

Le notaire Antonio Arrighi organisait sur la place publique les élections du Podestat et du Procurateur, ainsi que des Pères du Commun. A l'issue des élections, il rédigeait le compte rendu règlementaire transmis à Corte au Conseil Suprême. Le registre notarial d'Antonio Arrighi, portant les comptes-rendus rédigés à l'issue de ces élections,  se trouvent aux Archives de la Corse du Sud à Ajaccio.

Né à Menton le 26 novembre 1790 Charles Doninique Albini est décédé au couvent San Francescu de Vicu le 20 mai 1839. Letia a reçu dans la première partie du 19ème siècle, en 1838, la visite du père Albini, père oblat de Marie Immaculée, envoyé en Corse, à Vico, en terre de mission par le fondateur de l’ordre, Mgr de Mazenod, alors que monseigneur Casanelli, évêque de la Corse avait racheté le Couvent San Francescu, bien national depuis la Révolution française. C’est à l’occasion de sa visite à Cugugnana que fut érigée une grande croix de bois, au lieu-dit « campanile », qui était visible du village. Cet épisode a donné lieu à ce qui a été considéré comme un miracle réalisé par le père Albini. Il nous a été conté comme tel. Alors que les paroissiens de Cugugnana ne parvenaient pas à hisser la croix afin de l’installer à l’emplacement choisi, le père Albini aurait apostrophé les hommes chargés de cette tâche en leur disant : « Hommes de peu de foi, je vous ordonne de lever cette croix pour la plus grande gloire de Dieu ». Afin de leur apporter son concours, il aurait alors effleuré les cordages qui entouraient la croix avec son mouchoir et ce qui était auparavant si difficile se réalisa sans peine. Les hommes présents racontèrent ainsi cette manœuvre de force. La relation de cet épisode contribua à établir la réputation de sainteté du père Albini dont la mémoire est révérée encore aujourd’hui. La confrérie cantonale fondée en 1996 porte d’ailleurs son nom.

Né à Letia en 1871, émigre très jeune en Algérie à l'instar de nombre de compatriotes. Installée tout d'abord à Lucet, sa famille obtient par la suite une concession dans le Constantinois, à Chateaudun du Rhumel où d'autres insulaires, et notamment des letiais, se sont établis depuis 1874. Un frère de Toussaint Mercuri y exercera les fonctions de maire de la commune durant plusieurs années. Toussaint Mercuri s'illustra en Afrique. Un an avant la capture du chef Malinke, Samory Toure en 1898, Toussaint Mercuri entreprend l'exploration du centre africain, poursuivant ainsi l'œuvre accomplie, toujours un an avant, par Sarvognan de Brazza et renouvelant la tentative de Paul Crampel qui, en 1890, avait voulu rejoindre le Tchad en remontant le cours du fleuve Oubangui. En 1897, l'explorateur de Ferdinand de Béhagle organise une mission destinée à étendre l'influence française dans ces régions du centre africain. Pour le seconder, il choisit Toussaint Mercuri, alors âgé de 26 ans et le charge de recruter au Dahomey (actuel Bénin) les porteurs destinés à l'expédition. Le 13 septembre 1897, de Behagle, Mercuri et leurs compagnons quittent Lango et prennent la direction de Bangui qu'ils atteignent à la fin octobre. Sur place, deux groupes sont formés; l'un est placé sous les ordres de Behagle et emprunte la voie terrestre; l'autre, commandé par Mercuri, doit remonter le fleuve Oubangui à l'aide de pirogues et jalonner sa progression en installant des postes. Toussaint Mercuri est chargé d'effectuer les relevés topographiques et de veiller à l'aménagement de bastions de défense. Il installe un premier comptoir à Gribingui, puis un autre à Kouno en juillet 1898. Dans le même temps, une autre colonne française conduite par le commandant Bretonnet traque le chef rebelle Rabah. L'expédition prendra fin avec la mort du responsable de l’expédition de Behagle. Toussaint Mercuri poursuivra sa carrière au Tchad et dans le sud Libyen. Il pourra nouer des relations d'amitié avec le sultan Senoussi, descendant du fondateur de la confrérie Senoussia en 1837 (C.F. famille régnante en Libye al-Sanussi). Cette confrérie est influente en Libye, au Tchad, au Niger, en Égypte et au Soudan. La mort surprend Toussaint Mercuri en 1901, et l'empêche de mener à bien son œuvre (45).

Durant le mois de septembre 1880, Guy de Maupassant a séjourné à Letia (46) où il a été accueilli et hébergé, à Letia San Roccu, par la famille Paoli, dans la maison connue de la Leccia, et par la famille Arrighi dans la maison de la Murella. Durant son séjour, il se rendra à Custiga dans la haute vallée du Liamone, pour diverses parties de Chasse durant lesquelles Santu Mosca sera chef de battue. Étienne Arrighi, dit Matosu, lui fera visiter le site historique du Surbellu et les ruines de Santa Maria di u Surbellu. Guy de Maupassant, dans son compte-rendu de ce séjour à Letia, indique qu'il effectua diverses excursions. Il décrit la majesté de la vallée du Liamone et précise que ses hôtes organisaient parties de chasse et excursions pour prolonger son séjour. Lors d'une partie de Chasse, il avait passé une nuit à Custiga dans la maisonnette de Santu Mosca, laquelle se trouve dans la châtaigneraie qui domine le fleuve Liamone. En quittant Letia par le Niolu, il se rendit en Balagna, à Corbara, pour rendre visite au prédicateur connu, le père Didon (cf. Henri Didon ), philosophe et écrivain, exilé en 1880 au couvent de cette localité, pour ses idées jugées "avancées et par trop libérales". Un universitaire lyonnais s'est rendu à Letia, afin de rédiger une biographie de Guy de Maupassant, à la fin des années cinquante. 

Sources : Texte original de Guy de Maupassant, Publié à Paris, le 5 octobre 1880, par l'auteur dans Le Gaulois, sous le titre Le monastère de Corbara. visite au P. Didon.  Renseignements rapportés par la tradition orale à Letia.  Des éléments d'information cités supra ont également été publiés dans le livret intitulé La Corse de Guy de Maupassant. Editions Albiana, Jean Dominique Poli, 2006.

  

Instituteurs de l'enseignement public et poètes distingués, ils ont publié en mars 1914 la revue en langue corse, A Cispra, (antologia annuale). Saveriu Paoli, né à Letia en 1886 est décédé en 1941. Ghjacumu Santu Versini est né à Marignana  en 1867. Il est décédé en 1922. Même si elle n'a eu qu'une existence éphémère, il est utile de signaler A Cispra, opuscule de 78 pages, conçu à Marignana où les deux instituteurs étaient en poste. En effet, un seul et unique numéro a été imprimé et diffusé. A Cispra portait le nom d’un des fusils en usage en Corse au XVIIIe siècle, et avait été annoncée comme un organe de combat incarnant la renaissance de l’identité culturelle de la Corse, tout en initiant la revendication autonomiste et en s’identifiant comme le défenseur vigilant de la langue. Les fondateurs de la revue précisaient dans le texte leur choix concenant l'orthographe et indiquaient "Parlons et écrivons nos dialectes et laissons la langue corse "devenir". Entre deux formes également usitées nous optons pour celle qui s'éloigne le plus de l'italien. Nous préférons Côrzica et côrzu (prononciation de la province de Vico) à Corsica et Corsu (formes purement italiennes). De même nous préférons pueta à poeta" . A Cispra a gardé en Corse l’image emblématique de la renaissance identitaire, de la défense de la culture et de la langue corses, même si elle n'est plus reparue après la première guerre mondiale.  

 Le poème de Ghjacumu Santu Versini, Neve, publié dans l' unique numéro de A Cispra, est désigné comme un exemple éclatant de la richesse de la langue et de la puissance de la poésie corses. Toutes les générations l'ont étudié depuis 1914, pour la profondeur des sentiments qu'il exprime et qu'il suscite dans la description, quelquefois simplement suggérée, de la vie rurale. Au sein de la châtaigneraie on perçoit la rigueur de l'hiver et la chape de désolation jetée sur nos villages de montagne. On ressent la tritesse qui a tout recouvert et qui s'efface devant la majesté du panorama. Les vers claquent ou coulent; ils décrivent, avec des mots simples mais forts, l'âme de la montagne corse, laborieuse et rude. On distingue la vie traditionnelle qui se développe malgré les rigueurs hivernales. Ces vers nous communiquent  jusqu'aux odeurs que l'on ressent les jours de neige, autour des séchoirs qui laissent échapper une fumée aux parfums reconnaissables par les initiés mais uniques, ceux qu'exhale le bois de châtaigner qui se consume.On entrevoit autour de ces séchoirs le peuple industrieux qui s'affaire malgré la rudesse hivernale de nos contrées. Ghjacumu Santu Versini nous dit là, Eccu a maesta di u nostru Rughjone. Dans ce texte qui, avec la neige, nous parle aussi des fleurs qu'elle transporte et du blé qui est prêt à élancer ses épis, on discerne et l'on devine la force du printemps qui ne manquera pas bientôt d'éclater.

Instituteurs de l'enseignement public et poètes distingués, ils ont publié en mars 1914 la revue en langue corse, A Cispra, (antologia annuale). Saveriu Paoli, né à Letia en 1886 est décédé en 1941. Ghjacumu Santu Versini est né à Marignana  en 1867. Il est décédé en 1922. Même si elle n'a eu qu'une existence éphémère, il est utile de signaler A Cispra, opuscule de 78 pages, conçu à Marignana où les deux instituteurs étaient en poste. En effet, un seul et unique numéro a été imprimé et diffusé. A Cispra portait le nom d’un des fusils en usage en Corse au XVIIIe siècle, et avait été annoncée comme un organe de combat incarnant la renaissance de l’identité culturelle de la Corse, tout en initiant la revendication autonomiste et en s’identifiant comme le défenseur vigilant de la langue. Les fondateurs de la revue précisaient dans le texte leur choix concenant l'orthographe et indiquaient "Parlons et écrivons nos dialectes et laissons la langue corse "devenir". Entre deux formes également usitées nous optons pour celle qui s'éloigne le plus de l'italien. Nous préférons Côrzica et côrzu (prononciation de la province de Vico) à Corsica et Corsu (formes purement italiennes). De même nous préférons pueta à poeta" . A Cispra a gardé en Corse l’image emblématique de la renaissance identitaire, de la défense de la culture et de la langue corses, même si elle n'est plus reparue après la première guerre mondiale.  

 Le poème de Ghjacumu Santu Versini, Neve, publié dans l' unique numéro de A Cispra, est désigné comme un exemple éclatant de la richesse de la langue et de la puissance de la poésie corses. Toutes les générations l'ont étudié depuis 1914, pour la profondeur des sentiments qu'il exprime et qu'il suscite dans la description, quelquefois simplement suggérée, de la vie rurale. Au sein de la châtaigneraie on perçoit la rigueur de l'hiver et la chape de désolation jetée sur nos villages de montagne. On ressent la tritesse qui a tout recouvert et qui s'efface devant la majesté du panorama. Les vers claquent ou coulent; ils décrivent, avec des mots simples mais forts, l'âme de la montagne corse, laborieuse et rude. On distingue la vie traditionnelle qui se développe malgré les rigueurs hivernales. Ces vers nous communiquent  jusqu'aux odeurs que l'on ressent les jours de neige, autour des séchoirs qui laissent échapper une fumée aux parfums reconnaissables par les initiés mais uniques, ceux qu'exhale le bois de châtaigner qui se consume.On entrevoit autour de ces séchoirs le peuple industrieux qui s'affaire malgré la rudesse hivernale de nos contrées. Ghjacumu Santu Versini nous dit là, Eccu a maesta di u nostru Rughjone. Dans ce texte qui, avec la neige, nous parle aussi des fleurs qu'elle transporte et du blé qui est prêt à élancer ses épis, on discerne et l'on devine la force du printemps qui ne manquera pas bientôt d'éclater.

Né à Letia le 9 octobre 1831,  il décèdera le 14 février 1900 à Ajaccio. Elève au grand séminaire de la ville, licencié ès lettres, Ange Pierre Fioravanti est ordonné prêtre en 1854. Sa carrière ecclésiastique  le maintient toujours éloigné des charges paroissiales, en partie malgré lui. Professeur au petit séminaire d’Ajaccio pendant treize ans, il est nommé aumônier de l’école normale d’instituteur en 1867. En 1882, sa demande de nomination à la cure de Bastelica est rejetée par le gouvernement. Il est vrai que l’abbé Fioravanti est connu pour ses opinions conservatrices. Directeur et  rédacteur du Messager de la Corse (1873-1876), journal bonapartiste et clérical, puis du  Conservateur de la Corse (1881 – 1899) il est de tous les combats contre les républicains surtout dans les rangs du clergé. La presse qu’il dirige est aussi un instrument de combat contre les missions protestantes qui parcourent la Corse dans la deuxième moitié du XIX e siècle. Ses écrits littéraires et religieux consistent essentiellement dans des panégyriques, des discours et des traductions d’écrivains ecclésiastiques corses. On peut noter également un recueil de piété intitulé Flocoli ex imitatione Christi,  publié à Lyon en 1861.

Sources : Michel Casta. C.F. Dictionnaire historique de la Corse sous la direction d’Antoine Serpentini.

Au début des années vingt, un ukrainien, Ivan Choupik, réfugié en Corse après la Révolution russe de 1917 et la guerre civile qui s’en suivit, a été engagé par le Conseil de Fabrique de la paroisse de Cugugnana du village de Letia, pour décorer l’église San Roccu. Ce peintre excellait dans l’exercice de son art, ses fresques sont inspirées des œuvres des maîtres baroques du XVIIe siècle. On doit plus particulièrement signaler une fresque, d’un extraordinaire réalisme, représentant la Cène, peinte au dessus du maître autel, ainsi qu’une descente de croix, dans le chœur, inspirée de Rubens mais reproduite avec des teintes plus sombres. On note une représentation divine qui trône, en gloire, à hauteur du transept séparant le chœur de la nef centrale. Choupik s’est appliqué à décorer l’ensemble de la nef, les voûtes latérales, leurs piliers, ainsi que les corniches et l’ensemble des parois de San Roccu. Choupik a œuvré dans d’autres églises de Corse, notamment à Rosazia, ou il a réalisé une réplique de l’Assomption de Murillo. A Saint Roch, l’Assomption qu’il a peinte à gauche du chœur, s’inspire seulement de Murillo.

Né en 1898 dans le village ukrainien de Prokovskoïe, dans le district de Zaporog, Ivan Choupik appartenait à un détachement de l’armée blanche du général Wrangel qui affrontait, depuis le début de la révolution de 1917, les troupes bolcheviques de Trotski. Après la défaite du général Wrangel, en 1921, Choupik sera embarqué avec de nombreux autres militaires et civils sur le vapeur français, le Rion. Affrété par les autorités françaises, ce transport de troupes évacua une grande partie de l’armée de Wrangel de Crimée en Turquie occupée depuis la fin de la première guerre mondiale par les alliés. Le bateau qui avait quitté Gallipoli le 24 avril 1921 était attendu à Toulon le 10 mai, après une escale en Tunisie. Une grave avarie le contraignit à faire escale à Ajaccio, le 14 mai 1921, avec 3700 personnes à bord. En 1924, la majorité des réfugiés avaient quitté l’île. Moins de trois cents, dont Ivan Choupik demeurèrent en Corse.

Choupik fût notamment engagé à Letia, avec une dizaine de ses compatriotes, comme journalier, par Minighella Arrighi, dite Paiona. Il a ainsi été employé avec une dizaine de compagnons d’exil par cette dernière, à l’entretien des vignes et des oliveraies à Villa, Cagafeccia et Cargèse. Le souvenir de Paiona, montant en amazone sa jument blanche, à la tête du groupe d’ouvriers russes qu’elle dirigeait avec fermeté, est demeuré vivace à Letia. Ces ouvriers se réunissaient régulièrement dans le café de la Murella, tenu par Jean Arrighi, dit Ghjuvani di Rosa. Ils étaient célibataires et festoyaient, en appréciant les alcools locaux qu’ils découvraient dans cet établissement où ils dansaient et chantaient régulièrement leurs airs traditionnels. La monnaie tsariste, dont ils n’étaient pas démunis, n’ayant plus cours et donc de valeur, ils en faisaient cadeau aux enfants de Cugugnana qui ont longtemps conservé le souvenir de billets de grande taille que les émigrés russes distribuaient libéralement, devant le café de la Murella. Minighella Paiona discerna rapidement les talents de peintre de Choupik et le sollicita pour exécuter divers tableaux. On trouve également de ses peintures dans d’autres maisons du village. Sollicité par le Conseil de Fabrique pour décorer l’église de San Roccu Yvan Choupik réalisa cette tâche en professionnel accompli. Le prêtre Bartulumeu Arrighi, originaire de Cugugnana, était à cette époque desservant des paroisses de Ciamannaccia et Palneca. Il demanda à Choupik de décorer l’église de Palneca, celui-ci reproduisit à l’identique la cène dans l’église de Palneca.

Séjournant à la fin des années vingt à Ajaccio, il faisait partie du groupe de peintres de « l’Ecole d’Ajaccio » fondée en 1911 par Bassoul, lui-même artiste peintre et propriétaire d’une galerie de peinture. Les peintres Canavaggio, Léon-charles Cannicioni, Lucien Peri, Corbellini, Capponi et Bassoul, parmi les plus connus, ont fait la renommée de « l’Ecole d’Ajaccio » à laquelle Choupik appartenait. En 1920, l’artiste peintre et galeriste Bassoul ouvrit son atelier et le cercle de l’école d’Ajaccio aux peintres de passage et aux étrangers.

Après l’arrivée des réfugiés russes en 1921, Bassoul, qui était également peintre décorateur entreprit divers travaux dans les églises de Corse. Il obtint ainsi un marché pour décorer l’église d’Ota dont le desservant, le curé Battini, était originaire du Sevi in dentru. Bassoul engagea, pour le seconder, un peintre russe, Moshé Sakharovitch Chagallof, qui avait pour tâche de peindre une fresque dans le chœur de l’église. Dès le début des travaux, le curé Battini manifesta sa désapprobation sur la manière dont Chagallof menait son affaire ; celui-ci avait entrepris de réaliser une œuvre qui représentait la vierge et où dominait la couleur bleue. Le curé Battini refusa absolument que l’artiste poursuivre la décoration dans les formes et dans les tons qu’il avait choisis. La querelle s’envenima et Chagallof quitta Ota et le café-restaurant Padovani où il s’était installé en compagnie d’un autre réfugié russe qui l’assistait dans ses travaux, Nicolas Ivanoff, également employé par Bassoul. Les propriétaires du café-restaurant, où nos deux peintres avaient pris pension, avaient une petite fille, née en 1916, qui avait l’âge de la fille de Chagallof. Alors qu’Ivanoff donnait à l’enfant des cours d’arithmétique, Chagallof, qui se faisait prénommer Marc, lui donnait des leçons de dessin. Cette petite fille, prénommée Blanche, devenue Mme Leca, se rendit bien plus tard à Paris où, en compagnie de sa fille elle visita une exposition dans laquelle elle découvrit des peintures qu’elle identifia comme étant celles de Marc, son professeur de dessin qui était devenu Marc Chagall. Elle regretta alors d’avoir détruit les cahiers de dessin qui rassemblaient les cours donnés par Marc. Quant au curé Battini, on ignore s’il apprit un jour ce qu’il était advenu du peintre qu’il avait, en 1922, empêché de réaliser une fresque de la Vierge, en bleu Chagall, dans le chœur de l’église d’Ota. Ivanoff n’était pas peintre mais ingénieur. Il termina cependant les travaux de peinture et de décoration au départ de Chagall.

Après Ota ou il avait fait ses preuves, Ivanoff fût engagé pour assister Ivan Choupik à Evisa ou ce dernier était sollicité pour décorer l’intérieur de l’église Saint Martin datée du XVIe siècle. Après la réalisation des travaux à Evisa, le prêtre de cette localité recommanda Choupik et Ivanoff au desservant de l’église Latine de Cargèse, le curé Mattei ainsi qu’au curé Coti, de l’église grecque. Choupik et Ivanoff décorèrent ainsi les deux églises de Cargèse. L’abbé Mattei s’est plus tard illustré dans la résistance, en fournissant aide et assistance à la première mission envoyée clandestinement d’Alger en Corse, la mission De Saule.

Nicolas Ivanoff rencontra sa future épouse, une demoiselle Versini, dans la cité grecque. Recommandé par des habitants de Cargèse à M. Stephanopoli, architecte de la ville d’Ajaccio, il s’établit dans cette ville où il fût employé comme dessinateur avant de devenir, à son tour, architecte. Ivanoff a fait souche à Cargèse. Père de deux enfants, il y a vécu jusqu’à l’âge de 104 ans. L’un de ses fils, Jean, est domicilié au hameau de Chiuni.

Choupik poursuivit sa carrière de peintre. On lui doit la décoration de l’église de Pietranera, en 1927, puis de celle de Rosazia et de Salice en 1929, ainsi que de celle d’Appieto. Dans cette période, Ivan Choupik signait ses œuvres Jean Choupic. Ayant obtenu la nationalité française en 1929, le peintre qui était également musicien, avait séjourné durablement à Letia où il avait été bien accueilli. Bien intégré durant son séjour, grâce à sa personnalité, ses qualités humaines, sa culture et son talent, il s’efforça de prendre épouse dans le hameau mais il rencontra des réticences qui s’expliquaient par son appartenance à la religion orthodoxe, à une période où l’œcuménisme n’était guerre en vogue et parce qu’il s’adressait à des fidèles de l’Eglise catholique et romaine, façonnées par des traditions, alors strictement respectées dans nos villages. C’est ainsi que, malgré ses qualités humaines et artistiques, il ne réussit pas à s’installer durablement à Letia. Choupik quitta la Corse au début des années trente pour Tunis, à la suite de la famille Arrighi-Ragazzacci.

Employé dans l’administration française du Protectorat, dans les services de l’Equipement, il épousa en 1933 une jeune fille du nom de Camilleri, installée à Tunis où résidait sa famille d'origine italienne. Il a eut un fils, Serge, né à Tunis en 1937 et une fille, Lucienne, née en 1935. Ivan Choupic est décédé à Tunis, en 1941. Son fils qui avait quitté Tunis en 1957 est revenu à Letia, sur les pas de son père , en mai 2009 et a visité longuement l’église de San Roccu. Il était porteur d’un portrait de Xavier Arrighi, officier tué au Maroc en 1932. Ce dernier était le frère de prete Bartulumeu. Le portrait avait été peint à la fin des années vingt par Choupik qui ne revit plus Xavier Arrighi. Son fils le confia afin qu’il soit remis au plus proche parent de Xavier Arrighi, en l’occurrence Jean François Rossi.

Grand reporter et homme de lettres

Originaire de Letia de famille maternelle et paternelle, Francis Mercury est ancien élève de l'Ecole Nationale des Langues orientales vivantes et du Centre des Hautes Etudes pour l'Afrique et l'Asie modernes, diplômé d'études approfondies d'Histoire de la Fondation nationale des Sciences politiques, il est né en 1930 et a débuté dans le journalisme le 1er janvier 1953, à la Radiodiffusion française.                                                            

Appelé en 1955 durant la guerre d'Algérie, il effectue son service militaire en Afrique du Nord, au groupement aérien d'observation d'Artillerie N°5.                                                    

 Libéré en septembre 1957, il présente le journal du soir de France 1, "Paris vous parle", créé par Pierre Desgraupes et Pierre Dumayet. 

Nommé en 1963 Grand-reporter à la Télévision, il exerce son métier au Moyen Orient, au Maghreb et en Afrique, à l'occasion des événements sur les différents théâtres de conflits: guerres du Proche Orient, conflit de Chypre, révolte Mau-Mau au Kenya mais aussi, voyage de Paul VI à Jérusalem, concile Vatican II à Rome, conférence de paix algéro-marocaine à Bamako. Francis Mercury rencontrera ainsi, en aparté, les principaux chefs des Etats impliqués dans ces conflits.        

Rédacteur en chef du service de Politique Etrangère en 1968 à Information Première dirigé par Pierre Desgraupes et Joseph Pasteur, sur la 1er chaîne de télévision, il est nommé trois ans plus tard directeur pour l'Amérique du Nord avec résidence à New York.

A la tête du Département des documentaires et magazines du Programme de la Société nationale de télévision TF1, en 1975, sous la présidence de Jean Louis Guillaud, il développe des coproductions internationales avec B.B.C., la R.A.I.  et la N.D.R. et contribue à engager TF1 dans des opérations ambitieuses de tournage sur les cinq continents, avec le commandant Cousteau, les réalisateurs et auteurs les plus prestigieux (Hubert Knapp, Jean Elile Jeannesson, Jean Claude Bringuier, Jean Marie Drot et pour les magazines, Jean D'Ormesson, Georges Suffert, Igor Barrerrère et les scientifiques, Robert Clarke et Nicolas Skrotzky).

Sécrétaire général du Conseil National de la Communication Audiovisuelle en mars 1983, il dirige la mise en place du rapport, commandé par le Premier Ministre au conseil sur la faisabilité économique et financière des futures télévisions privées .

Francis Mercury quitte TF1 au moment de la privatisation et dirige, depuis 1990, la société de production et de distribution de télévision PRODIOVISUEL INTERNATIONAL.

Activités d'Enseignement: Chargé d'un cours d'analyse de la communication à Paris XIII de 1975 à 1979. Professeur à L'E.F.A.P. de 1976 à 1980. Membre de la Commission de la République Française pour l'Education, la Science et la Culture (UNESCO) de 1986 à 1989. Chargé de cours, conférences et séminaires sur la communication à l'Ecole Nationale d'Administration et à l'Ecole de Guerre.

Publications :  Law, aux éditions Les amis de l'Histoire, Paris 1969. Pougachev aux Editions de Crémille,Genève 1970. Le gouvernement de Défense Nationale aux Editions de Crémille, Genève 1971. Histoire de l'Algérie de 1830 à 1962 (7 volumes en coll) aux Editions de Crémille, Genève 1987. Renan, aux Editions olivier Orban, Paris 1991.

Décorations :  

- Chevalier de la Légion d'Honneur, Croix du Combattant, Officier des Palmes Académiques, Chevalier des Arts et des Lettres.

Héros de la France Libre.

Le 5 février 1943 Michel Bozzi et son radio, partis d’Alger sur le sous marin Casabianca, sont débarqués sur la plage d’Arone.

Le Casabianca, arrivé en vue du Capo Rosso s’est posé sur le sable de la baie  par cinquante mètres de fond en attendant la nuit pour faire surface et s’approcher à quatre cents mètres du rivage. Le débarquement avait été retardé d'un jour à cause d'une patrouille ennemie L’Adjudant-chef  Michel Bozzi et  le  radio-opérateur Chopitel, alias Dupont, alias Tintin, sont conduits à terre sur une embarcation du submersible menée par deux marins. Sont débarquées également armes et munitions confiées à la Résistance dont les émissaires sont venus de Piana. Michel Bozzi a pour mission première d’établir une liaison radio et se dirige vers Ajaccio avec son personnel et son matériel radio. Une fois à destination, il prend contact avec son camarade Antoine Rossi, ancien adjudant-chef qu’il a connu au régiment de Zouaves caserné  à Fort National, près d’Alger.

Antoine Rossi s’est retiré à Letia. Contacté, il assure Michel Bozzi de son soutien et lui propose de le rejoindre à Letia dans le cas où il estimerait se trouver en danger. Malgré l’isolement, Michel Bozzi accomplit efficacement sa mission et prend  les contacts nécessaires avec les personnes qui lui ont été désignées. Se sentant surveillé et en danger d’être arrêté, il avise Rossi de son intention de se mettre à l’abri à Letia, ce qu’il fait quelques jours après.

Antoine Rossi le conduit  alors dans une maisonnette qui devait lui servir de lieu d’hébergement et de refuge. Cette bâtisse, située dans un endroit relativement isolé, au nord-est du hameau de Cugugnana, au lieu-dit Ghjiuntulellu, servait à l’époque de séchoir à châtaignes. Ce petit bâtiment, dissimulé dans la châtaigneraie qui domine les deux hameaux de Letia sera le lieu du séjour de Michel Bozzi.  Antoine Rossi, mettant à profit ses activités d’éleveur, ravitaille régulièrement le fugitif en vivres. Michel Bozzi et lui-même mettent au point un dispositif d’alerte ainsi qu’un itinéraire de fuite,  en cas de danger avéré, avec  un point de repli où Bozzi devait éventuellement se rendre et Rossi l’y retrouver.

Début juin, Michel Bozzi décide de quitter son refuge et rejoindre Ajaccio  malgré les conseils pressants de Rossi qui tente alors de le dissuader de mettre sa mission en danger et sa vie en péril. Bozzi quitte Letia le 15 juin, dans une tenue d’ouvrier agricole.Pour cela, il emprunte le service régulier de cars qui  dessert  Ajaccio chaque matin. Il reprend le cours de sa mission et noue pour cela les contacts nécessaires.

Le 16 Juin dans l’après-midi, le lendemain de son arrivée à Ajaccio, il se rend à un rendez-vous avec l’un de ses contacts, le nommé Ange Félix Mariani qu’il doit rencontrer à 19 heures au « Petit bar ». Or, dans la journée du 16 Juin, les services du contre-espionnage italien sont avisés par leurs  informateurs que « deux suspects » se sont donné rendez-vous,  l’après midi, « Petit Bar ». Selon les informations des services italiens l’un des deux suspects  se nomme Bianchi. Il s’agit d’un pseudonyme de Michel Bozzi. Le deuxième « suspect » est Ange-Félix Mariani.

Le 16 juin à 19h 30, l’adjudant- Chef Michel Bozzi est arrêté sur le grand escalier de la Poste centrale non loin du "Petit Bar". Incarcéré puis transporté aussitôt à Bastia il est torturé durant plusieurs jours. Michel Bozzi se comporte héroïquement. Malgré les sévices subis, il ne parle pas. L’ennemi n’apprendra rien, ni sur sa mission, ni sur ses contacts.

Le 28 août 1943, Michel Bozzi est traduit, chancelant, devant un  tribunal militaire italien que l’occupant a mis en place à Bastia  et qui s’intitule « le tribunal militaire des forces armées de la Corse ». Ce tribunal, composé des officiers  suivants : général de brigade Egidio Stivala, président ; capitaine Giovanni Doré, rapporteur ; lieutenant-colonel Feriolo Ravaccia et capitaine Giuseppe Borgna, juges ; condamne  Michel Bozzi à la peine de mort.

Originaire de Coti-Chiavari, Michel Bozzi a été fusillé à Bastia en Août 1943 où il est mort en héros. Son souvenir glorieux demeure. Il restera  un exemple car nul n’ignore le sacrifice suprême auquel il a consenti à quelques semaines de la libération de la Corse. Ne cédant rien sous la torture, Il a préféré, avec abnégation, se sacrifier et accepter la mort  dans  l’honneur et pour la victoire. Antoine Rossi est décédé à Letia en 1974.

Rôles de 1768, portant les noms et les effectifs de la Compagnie ou Squadra Arrighi (48). Cette unité, formée à Letia, était commandée par Ignaziu Arrighi et participa à la campagne contre l'invasion.Elle fût dirigée successivement en 1768 sur Corti, puis sur Furiani où elle lutta contre les troupes de Louis XV pour défendre la redoute barrant l'axe Bastia - Casamozza, au sein du bataillon commandé par Ghjuvan Carlu Saliceti. Repoussée au delà du Golo, lors de l'offensive française du 5 septembre, la compagnie participa avec l'ensemble des nationaux à la contre-attaque qui rejeta les forces françaises au nord de Furiani. Du 5 au 10 octobre 1768, la compagnie est présente à la bataille de Borgo. Cette bataille (5 au 10 octobre 1768) fût une victoire éclatante pour les troupes corses, en présence du général Pasquale de Paoli. Avant de donner le signal de marcher sur Borgo, le général Paoli harangua les troupes rassemblées à Lucciana. Il tint un discours vigoureux  que relate Ambroggio Rossi. A cheval, devant l’ensemble des unités, il rappela le souvenir de Sampiero et des grands anciens, il en appela à l’honneur et à la nécessité de sauver la patrie. Il venta l’héroïsme des combattants. Il conclut par un appel à vaincre ou à mourir libre. Tenant son arme à bout de bras, il ponctua son harangue d’un coup de pistolet. La troupe brandissant ses armes, lui répondit par une longue ovation, suivie d’un long moment d’exaltation et d’enthousiasme patriotique collectif, entrecoupé  par les chants de guerre et le cri de ralliement des compagnies, "Patria e Liberta", mille fois répèté.

Les nationaux se mirent en marche, ce jour du 5 octobre 1768, pour remplir une des plus belles pages de gloire de la nation corse.

Officier, Sous officiers, caporaux et soldats de la compagnie Arrighi:

Capitaine Ignaziu Arrighi

Adjoint au commandant d'unité: sergent Giuseppe Cipriani,

Sergent Natale Leca, sergent Santo Santucci, Sergent Geronimo Leonnetti,

Caporal Saverio Letia, caporal Domenico Maria Rocca, de Chigliani. Caporal Saverio Altiero, caporal Geronimo Ciamacce,

soldat Paolo Arrighi, soldat Paolo Cannellani, soldat Martino Chiappini, soldat Francesc’ Antonio Leca, soldat Domenico Colonna, ,soldat Saverio Murzo, soldat Domenico Murzo, Soldat Domenico Campoloro, soldat Pietro Letia, soldat Francesco Mattei, soldat Matteo Letia, soldat Francesco Letia, soldat Martino Letia, soldat Paolo Letia, soldat Francesco Vico, soldat Francesc’ Antonio Arbori, soldat Antonio Coggia, soldat Giovan’ Battista Coggia, soldat Pietro Santucci, ,soldat Giuseppe Niolo, soldat Stefanino Letia, Soldat Ignazio Letia, soldat Martino Vico, soldat Francesco Chigliani, soldat Francesco Maria Frasseto, soldat Paolo Leonnetti, soldat Francesco Saverio Giovanetti, soldat Paolone Lento, soldat Simone Soccia, soldat Pietro Giovanni Figlio, soldat Michele Bastelica, soldat Battestino Letia.


François - Antoine Girolami de Cortona, curé de Letia du 1er mars 1867 à fin septembre 1879.

Né à Evisa le 3 juin 1839,  il a suivi les cours du Petit séminaire de Vico, d’octobre 1853 à Juillet 1858, avant de poursuivre ses études au Grand séminaire d’Ajaccio, d’octobre 1859 à Juillet 1862. Il sera ordonné prêtre en 1862, à l’âge de 23 ans et nommé comme desservant de la paroisse d’Evisa en 1863, où il exercera jusqu’en Mars 1867, date à laquelle il est désigné comme curé de Letia. François-Antoine Girolami de Cortona demeurera à Letia jusqu’à la fin du mois de septembre 1879.

Au mois d’octobre 1879, il est nommé curé d’Appietto où il demeurera jusqu’en février 1902, date de son retour à Evisa où il est à nouveau affecté pour diriger la cure de son village natal, à partir du 1er mars 1902.

Grand érudit, il est l’auteur de nombreux ouvrages dont les deux principaux eurent un succès certain en librairie et furent adoptés, l’un par le Conseil Académique Départemental, comme livre pour l’enseignement Classique: Géographie générale de la Corse, imprimé en 1886 et réédité en 1914, Librairie, Bastia. L’autre ouvrage important est une Histoire de la Corse, imprimé à Bastia par la librairie Biaggi, en 1906, et réédité en 1971 à Marseille, par la Librairie Marseillaise. L’Histoire de la Corse était l’aboutissement de nombreuses recherches qui avaient précédé ce livre et qui lui avait permis de publier, en 1897, un livret intitulé Chronologie de l’histoire de la Corse à l’usage des écoles, édité par l’Imprimerie Ajaccienne, réédité en 1898 par l’imprimerie Georges Ferrier et Compagnie.

François-Antoine Girolami de Cortona est également l’auteur d’autres ouvrages, dont, en 1886, un roman à caractère historique sur l’époque féodale corse, intitulé Artilla da Gozzi, édité par A.F. Leca, en langue italienne. En 1888, il publiera un autre roman historique qui concernait le préside génois d’Ajaccio, intitulé Virginia da Ajaccio, édité en italien par Robaglia B.  En 1909, il publiera un autre roman en langue française, intitulé L’Histoire Merveilleuse d’une si jolie petite ville de l’île de Corse, ou deux drames, Canevalandro et Manone ; édité par l’imprimerie Ollanier à Bastia. En 1909 et 1910 l’abbé Girolami de Cortona publiera successivement deux biographies concernant deux ecclésiastiques dont Joseph Marie Colonna d’Ornano, connu dans l’ordre des Capucins sous le pseudonyme de Père Ignace-Fidèle (livret imprimé à Bastia en 1909). La biographie du père Savelli de Speloncato en Balagna qui avait exercé comme évêque de Sagone, a été éditée en 1910 à Bastia, imprimerie Santi.

Enfin, l’abbé Girolami de Cortona exerça également comme chroniqueur dans les journaux insulaires de son époque. Il publiera une critique d’art concernant le peintre Novellini dans le Petit Bastiais en août 1894, précédé, en 1888, d’un article en langue italienne, intitulé Napoleone all’isola d’Elba. Les principaux articles connus concernent, France-Italie en 1899, La situation en Italie, publié en 1887. Il a diffusé divers articles à l’occasion des nominations épiscopales dans le diocèse. Il était membre de l’Académie des Sciences et des Arts de Bruxelles depuis 1895.

À la mort à Bastia, le 28 avril 1917, du chanoine Louis Auguste Letteron, autre érudit, titulaire d'une agrégation en langue et littérature italiennes, fondateur à Bastia de la Société des Sciences Historiques et Naturelles de la Corse, François Antoine Girolami de Cortone fut élu dès 1918 à la présidence de SSHNC, en remplacement de l'abbé Letteron. 

L’abbé François Antoine Girolami de Cortona est décédé le 18 mai 1919, moins d'un an après son accession à la présidence de la SSHNC, laquelle perdure encore.

(sources   - H. Carnoy (dir.), Dictionnaire biographique international du clergé catholique, Paris, Imprimerie de l’Armorial français, 1895, p. 145-146.   

               - Jean Laurent Arrighi et Bernard Halliez « Vico-Sagone. Regards sur une terre et des hommes », paru aux éditions Piazzola, 2016.)

 

Jean-Claude Guillemaut, capitaine aviateur, commandant d’escadrille, né le 17 novembre 1946, s’est écrasé au-dessus du village le 3 avril 1979 lors d’une mission de reconnaissance météo pendant l’exercice DATEX. Médaille de l’aéronautique à titre posthume.

(source : M. Catillon, "Qui était qui ? Mémorial de l’Aéronautique", Paris, Nouvelles Editions Palatines, t. II, p. 112).

  Notre association, Letia-Catena, a retrouvé divers éléments d’information qui concernent les combats ultimes des membres de notre communauté, menés à Letia face au régiment Royal-Roussillon-Cavalerie de Louis XV.  Au lendemain de la bataille de Ponte Novu, avant de quitter la Corse pour l’exil, Clemente Paoli, frère de Pasquale Paoli, tenta de réorganiser et de reconstituer l’armée nationale, autour des quelques éléments qui le suivaient dans le Vicolais avec, entre autres, des hommes de Gian Carlu Saliceti, lequel avait eu sous ses ordres, en 1768, la compagnie Arrighi, formée à Letia. Clemente Paoli et les éléments épars qui accompagnaient Saliceti pénétrèrent dans le Vicolais du 1er au 5 juin 1769, avant de mener des combats sporadiques dans le Celavo.  

 Nous savons que dès le mois de juillet 1768, la compagnie Arrighi, qui avait préalablement rejoint Corti  en mai 1768, pour y recevoir son armement et ses équipements, fut mise en place sur la redoute de Furiani, afin de barrer la route aux troupes françaises qui s’avançaient vers le sud. 

 Après l’offensive française, menée par Marbeuf pour prendre  le contrôle du Cap-Corse, et qui avait déclenché les hostilités de manière unilatérale, dès le 31 juillet 1768, c’est à la fin du mois d’août que les troupes de Louis XV, aux ordres du marquis de Chauvelin engagèrent la prise du col de Teghime et la descente vers la périphérie sud de Bastia. Jusqu’au 4 septembre, à partir de Furiani où ils étaient cantonnés,  les hommes de la compagnie participèrent à diverses embuscades tendues sur les sentiers descendants du Teghime, sur le trajet des troupes françaises, se dirigeant vers Biguglia  et Furiani, en vue de pénétrer l’axe Bastia - Casamozza, en direction du sud. 

La compagnie, commandée par le capitaine Igniaziu Arrighi, avait quitté Corti pour Furiani depuis le début du mois de juin. C’est là qu’elle  montait la garde sur la redoute,  dans le village et au fort  qui avait été construit par Gênes pour protéger Bastia des incursions et des avancées des nationaux. C’est de nuit que les soldats quittaient leur cantonnement pour se rendre discrètement par les sentiers vers les chemins descendants du Teghime, afin de tendre les embuscades.  La compagnie faisait partie du bataillon Saliceti qui affronta les éléments avancés de l’armée de Louis XV, lesquels, placés sous le commandement du colonel Cogny, avaient pu s’avancer vers le sud en descendant de Teghime et après s’être emparé de Biguglia,  tentaient de déborder les troupes nationales par Furiani. Après avoir feint une négociation en envoyant des émissaires à Cogny, Saliceti engagea dans la nuit du 5 septembre, un retrait stratégique vers la Casinca et au-delà du Golo avec l’ensemble de ses unités. Découvrant, au matin du 6 septembre, le retrait que Saliceti avait opéré de nuit, le colonel Cogny se décida à maintenir prisonniers les émissaires venus négocier. 

 Saliceti rejoint ainsi le gros des troupes nationales,  sous le commandement de Paoli, en Casinca. Les nationaux se réorganisèrent grâce à ce retrait. Ils purent ainsi reprendre l’offensive, sous le commandement et en présence du Général Pasquale Paoli, en Casinca et sur la rive droite du Golo, d’où ils chassèrent les Français. Après avoir participé à cette contre-offensive en Casinca, c’est à partir de Lucciana, où elle prit position le 14 septembre 1768, que la compagnie Arrighi mena, toujours sous les ordres de Gian Carlu Saliceti et en présence du général Paoli, l’attaque de la garnison de Borgo.    

Avant de lancer ses troupes sur Borgo, le 5 octobre, Paoli les rassembla pour une revue en présence de tous les chefs nationaux, à Lucciana. Afin de mobiliser les hommes, il tint là, devant eux, un discours vigoureux, à cheval, en lançant une harangue où il faisait appel à la nécessité de sauver la liberté de la patrie. Le cri de ralliement des troupes nationales, patria e liberta, fut scandé devant lui par les hommes en arme qui entonnaient en même temps les chants de guerre.                                                                                                                      

Après cinq jours de combat, de Ludre  qui commandait les troupes françaises à Borgo, capitula le 10 octobre 1768 au matin. Le général Marbeuf, venu de Bastia, s’était efforcé de prendre à revers les troupes nationales qui attaquaient Borgo. Il se rapprocha du couvent de Lucciana où il fut reçu par les moines en armes et les nationaux. Blessé gravement à la jambe, Marbeuf du refluer et se diriger sur Bastia. Le général Narbonne-Fritzlar, chargé également de prendre les nationaux à revers, avait tenté de pénétrer dans Borgo où ces derniers s’étaient emparés des maisons de la périphérie qu’ils avaient murées de l’intérieur. Le général Narbonne Fritzlar  fut sévèrement battu et rejeté sur la route de Bastia, sans avoir pu pénétrer les abords de Borgo. Les nationaux firent là plus de 900 prisonniers, emmenez à Corti. Suite à cette capitulation, le marquis de Chauvelin, commandant du corps expéditionnaire français, fut rappelé à Versailles par Louis XV. Après une trêve de sept mois , les français commandés par le colonel de Vaux reprirent l'offensive en marchant sur Corti par Ponte Novu.

Après la bataille de Ponte Novu, malgré la défaite , les combats ne cessèrent point . Clemente Paoli et Gian Carlu Saliceti envisagèrent de faire du Vicolais un bastion de la résistance, comme au temps de Giuvan Paulu di Leca, des chefs cinarchesi et de Sampieru. Ils engagèrent avec leur troupe le combat jusqu'au 5 juin. Les unités nationales affrontèrent là les troupes françaises du Général Narbonne - Fritzlar, connu comme tortionnaire et ayant la réputation d'une arsouille. Malgré les liens tissés au combat par les chefs nationaux avec les hommes de la compagnie Arrighi, la majorité des capipopuli, rassemblée à Vico et sollicitée par Clemente Paoli et Saliceti, refusa de poursuivre la lutte. La compagnie Arrighi, repliée sur Letia, opposa,  avec les hommes de la communauté qui se mobilisèrent instantanément, une résistance acharnée, lors de l'arrivée des troupes de Louis XV sur le territoire letiais. La compagnie avec l'ensemble des hommes valides de la communauté de Letia engagea le combat avec les éléments du Royal- Roussillon-Cavalerie, chargé de neutraliser la résistance des nationaux dans le village de Letia et aux abords, où se déroulèrent de violents combats et où le régiment Royal Roussillon Cavalerie incendia la maison forte, "U Casone", qui depuis le moyen-âge, protégeait le hameau médiéval qu'il surplombait.                                                                                                                                              Le général Fabre Vincent Joseph Dominique, dit Fonds, fut blessé lors de ces affrontement à Letia.  Surnommé aussi SABRE-CREUX par ses camarades, il est le frère du Conventionnel FABRE D'ÉGLANTINE, le poète d'il pleut, bergère. Né à Carcassonne le 23 janvier 1752, il entre au service à 16 ans, en 1768, comme cadet au Royal-Roussillon-Cavalerie qu'il quitte en 1771. Il fait trois campagnes en Corse où il est blessé à Letia en 1769. Il se retire de l'armée à l’issue de son séjour en Corse. A la Révolution, réintégré comme capitaine de cavalerie aux Éclaireurs de l'Armée du Centre, il devient bientôt aide de camp du général KELLERMANN. Il prend ensuite le commandement des Éclaireurs, puis successivement, celui des 9em et 8em Hussards, comme colonel, ayant été nommé à ce grade le 20 février 1793. Le 6 mai, il est général.  En 1794, FABRE-FONDS, qui « savait à peine lire» (1), organise et instruit la cavalerie tirée de la Levée des 300.000 hommes et destinée à l'Armée des Pyrénées Orientales qu'il rejoint lui aussi. Il est alors arrêté et emprisonné à Perpignan. Plus heureux que son frère, il sauve sa tête. Le Comité de Sûreté Générale le libère, à la chute de ROBESPIERRE, et il est réintégré. Il est ensuite chargé de quelques missions insignifiantes et est réformé. En l'an VII, il est domicilié en Indre-et-Loire (2). Remis en activité en 1805, il est retraité en 1810 et meurt à Bourges le 23 octobre 1826. D'après PHILIPPEAUX (3), FABRE-FONDS aurait « acheté une terre de 100.000 livres » « pour servir de lieu de plaisance à six courtisanes dont il se faisait suivre dans ses expéditions militaires » ceci, à l'époque dont nous parlons et avec l'argent provenant du pillage, car, toujours d’après Phillipeaux, certains officiers généraux ne dédaignaient point  présider au sac des régions qu’ils étaient chargés de pacifier.

                                                              

 (1) F. GRILLE, la Vendée en 1793. t. III, P. 156.                                                                                                                                                                                                                                                                                           

  (2) D’après sa lettre au Premier Consul citée dans Ch.-L. CHASSIN, la Vendée Patriote, t. III, p. 17 et 18. Nous n'avons pu déterminer le lieu exact.                                                                                                               

 (3) t.h.-L. CHASSIN, la Vendée.

    SOURCES :    Bulletin Trimestriel de la Société Archéologique de Touraine(3em et 4em trimestre 1944).                                                                                                                           Dictionnaire biographique des généraux et amiraux de la Révolution et de l'Empire, Page 456, et livre L'armée régulière du Regnu di Corsica sous le généralat de Pascal Paoli. Exemple de la compagnie Arrighi. Editions Letia -Catena, publié à Letia, 3em trimestre 2014).

 

 ROSSI Jean Dominique, soldat d’élite, membre de la Garde Impériale de l’empereur Napoléon Bonaparte. 

Né le 5 août 1788 à Letia. Après avoir été appelé aux armées, il quitte Letia avec la classe 1803 et est affecté dans l’Infanterie. Il participe à plusieurs campagnes et batailles de la Grande Armée. De par son expérience et ses qualités au combat, il est enfin affecté dans la Garde Impériale qui rassemble des soldats d’élite et vétérans de la Grande Armée. Se repliant vers Paris sous le commandement de l’Empereur, son unité participe à la bataille de Laon en 1814. Rossi jean Dominique opère au sein du régiment dit des Grenadiers - Flanqueurs de la Garde Impériale. Il est blessé le 10 mars 1814, lors de cette bataille à Laon. 

Son acte de baptême porte les mentions suivantes:  « Fanciullo figlio legittimo d’Andria Rossi e Maria, sua Moglia, Gio domenico presentato al battesimo da li altri Rossi, il 23 agosto 1788.  Lucia, figlia di Gegovio suoi patrino e matrina .Chiappinni vice paroco ».

Sources : J.P. Mir, La garde impériale et la campagne de 1814. Dictionnaire des morts et blessés au combat, Paris, Archives et culture,      2001, p. 300 ; Registre paroissial. 

 

Le régiment des flanqueurs de la Garde est fondé le 4 septembre 1811. Ces grenadiers sont recrutés parmis les fils de gardes généraux et de garde forestiers. Ce n'était pas le cas de Jean Dominique Rossi, entré dans l'armée en 1803, et qui avait participé depuis lors à toutes les campagne de l'Empereur. Le régiment est constitué majoritairement de nouvelles recrues, fils, neveux ou frères de gardes forestiers. Il était commandé par le colonel Louis Desalon.  La couleur de leur habit-veste à revers carrés rappelle symboliquement le vert des forêts de leur enfance. Licencié en 1814, le régiment éparpilla ses survivants dans les troupes de ligne.

D’après Wikipedia, qui reprend le dictionnaire du Général Bardin, le régiment de Flanqueurs-Grenadiers est organisé le 23 mai 1813, intégré à la Garde Impériale le 26 décembre, il compte 2 bataillons à 4, puis 6 compagnies, formant 1 600 hommes.

 

 

 

 

 

 

 

 

RENUCCIO della ROCCA (1458-1511)

 

 

 

Renucccio della Rocca était le fils bâtard de Giudice della Rocca et le petit fils de Polo della Rocca qui avait été élu comte de Corse en 1436. Il parvint à s’imposer à la tête de la Rocca et du Talavo au sud de la seigneurie de Leca qui correspondait à l’Ata Rocca et au Talavo. Il est décrit par la chronique comme étant « de petite taille mais d’une adresse et d’une agilité singulière et son courage allait quelquefois jusqu’à la témérité ». Devenu un puissant seigneur, il s’opposa à Giovan Paolo de Leca. Allié fidèle de Gènes, il s’opposa à lui dès 1487. Marié en seconde noce avec une génoise issue d’une puissante famille, possédant des actions de la Banque de Saint Georges et des biens à Bonifacio, Renuccio della Rocca était « le très cher fils » des Protecteurs de l’Office. Lors de la première campagne de Giovan Paolo de Leca en 1487, avec ses alliés il prit le parti de l’Office de Saint Georges. Après l’exil de Giovan Paolo de Leca, il tenta sans succès de se rapprocher de lui, lui proposant de le rejoindre dans son château de Baraccini. Au début de l’ultime campagne de Giovan Paolo de Leca en 1501, il fit mine de se joindre à lui avant d’adopter une attitude ambiguë. Malgré les honneurs que lui prodiguaient les génois, il se révolta contre eux et mena quatre campagnes. En 1502, il rentra en rébellion contre l’Office de Saint Georges mais Giovan Paolo de Leca refusa de le rejoindre. Les populations de sa seigneurie furent soumises à une répression extrême par les troupes d’Andrea Doria, le privant des soutiens qu’il pouvait attendre. En 1504, Renuccio della Rocca fit une nouvelle tentative mais ses partisans refusèrent de reprendre les armes. Il fit encore une tentative infructueuse en1507. Il reprit une dernière fois les armes en 1511 avant de périr, abandonné de tous, assassiné dans un guet-apens,.

 

 

RENUCCIO I da LECA (1378-1445)

 

 

 

Renuccio de Leca était le fils de Nicolao de Leca, seigneur d’Ornano, descendant d’Arrigo « Orecchirittu ». Dès 1412, il ambitionna de reconstituer le pouvoir dont sa famille avait été privée par le parti génois vingt ans auparavant. Affirmant son indépendance, il se fortifia au Monte Sannincu puis fit construire en 1413 le castellu de Rocche di Sia qui commandait la vallée de Porto. Il s’opposa à Vincentello d’Istria avant de faire allégeance à Alphonse V d’Aragon en 1420. Il ne renonça pas pour autant à son projet d’hégémonie sur toute a Corse. Il fut emprisonné par Vincentello d’Istria en 1426 mais réussit à s’échapper. Il se rapprocha alors de Gènes. Il participa en 1433 au soulèvement des seigneurs et des caporaux du Deçà-des-Monts contre Vincentello d’Istria. Il infligea une cuisante défaite aux génois en 1437. Il étendait alors son pouvoir sur toutes les pièves du vicolais. En 1444, il battit les troupes pontificales à Calvi. Quelques mois plus tard, il fut tué lors d’une escarmouche devant Biguglia alors qu’il allait être proclamé comte de Corse.

 

 

 

 

RENUCCIO de LECA (mort en 1490)

 

 

Fils de Giocante de Leca qui était frère de Renuccio I de Leca (1378-1445) et cousin de Raffé de Leca et de Giovan Paolo de Leca dont le père avait été tué par les génois lors du massacre de 1456. À la mort de Giocante, la seigneurie de Leca avait été partagée. Giovan Paolo avait reçu le château de Leca qui avait une haute valeur symbolique tandis que Renuccio avait eu celui de Cinarca. S’estimant lésé, Renuccio de Leca voua une haine tenace à son cousin auquel il s’opposa pendant des années. Lors de la première campagne de Giovan Paolo de Leca en 1487, Renuccio de Leca s’allia à Renuccio della Rocca et aux génois contre son cousin. Après le premier exil de Giovan Paolo de Leca, il prit ombrage de l’influence croissante de Renuccio della Rocca et convainquit son cousin de revenir en Corse. Il mit comme condition à ce rapprochement la construction d’un castellu à la Zurlina. Dès lors les deux cousins prirent la tête de leurs vassaux contre les génois. Les génois prenant l’avantage, il dut s’enfermer avec ses partisans à la Zurlina. Le capitaine génois Fieschi parvint à s’emparer de lui par traîtrise en avril 1489. Il fut emmené à Gènes où il fut jeté dans une tour et ne tarda pas à mourir probablement assassiné.

 

 

 

 

 

 

GIOVAN PAOLO da LECA (1455-1515)

 

 

 

Giovan Paolo de Leca est né en 1445 à Cristinacce. Il était fils de Ristoruccio de Leca et petit fils de Renuccio I de Leca. Il était le neveu de Raffe de Leca. Giovan Paolo de Leca qui avait échappé à la tuerie perpétrée par les génois en 1456, avait été élevé en Toscane. C’était déjà un homme de la Renaissance, ouvert aux nouveautés qui avait su nouer des relations dans les cours princières notamment avec des membres de la puissante famille des Campofregosi. Giovan Paolo de Leca avait reçu le château de Leca lors des partages intervenus au sein de la seigneurie de Leca tandis que son cousin Renuccio avait eu celui de Cinarca. Ce dernier en avait conçu une rancœur tenace qui le fit s’opposer pendant des années à son cousin. En 1479, Giovan Paolo de Leca jura fidélité à Gènes contre la reconnaissance de ses droits sur la seigneurie de Leca. En 1483, il mèna avec succès une expédition contre le comte de Piombino et fit allégeance à l’Office de Saint Georges. Il fut investi en retour du vaste fief de ses ancêtres qui s’étend des plaines d’Ajaccio jusqu’aux confins de Calvi. Il jetta les bases d’un véritable état fondé sur la puissance militaire résultant des châteaux de son fief et des troupes qu’il put lever sur le vaste territoire qu’il contrôlait, sur sa puissance financière et sur son influence religieuse. S’estimant traité avec désinvolture, il se révolta en 1487 contre l’Office de Saint Georges. Il fut proclamé comte de Corse à la consulte de Borgo de Marana et se rapprocha de Renuccio della Rocca, puissant seigneur du sud de l’île qui garda cependant une attitude ambiguë vis-à-vis de l’Office de Saint Georges. Après quelques succès, Giovan Paolo de Leca allait connaître une suite de revers et il dut négocier avec les génois son exil en Sardaigne. En octobre 1488, Giovan Paolo de Leca, réconcilié avec son cousin Renuccio de Leca, revenait en Corse. Cette seconde campagne se soldait par un échec et Giovan Paolo de Leca devait reprendre le chemin de l’exil en octobre 1489. Il fit encore une brève tentative infructueuse de retour en 1498. Giovan Paolo de Leca engageait une ultime campagne en 1501. Après être débarqué à Aleria, il s’empara de Corte avant de passer en Balagne. Il ne voulut cependant pas profiter de son avantage et laissa tourner le succès des armes. Abandonné par ses troupes, il dut rembarquer à Calvi et s’exiler à nouveau en Sardaigne. Il ne renonça cependant jamais au projet de revenir en Corse, cherchant des soutiens pour organiser une nouvelle expédition. Il se rendit à Rome en pour une entrevue avec le Pape Léon X dont il espérait le soutien. Il y contracta les fièvres et mourut en avril 1515. Il fut inhumé dans la basilique San Crisogono. Selon le chroniqueur Filippini, « outre un extérieur avantageux, Giovan Paolo de Leca se serait fait remarquer dans toutes ses actions s’il se fut contenté de a seigneurie qu’il possédait ou si du moins la fortune eut secondé ses desseins. »