Galerie

Compagnie Arrighi


Ayant quitté Letia pour Corti, au début du mois de juin 1768, la compagnie Arrighi à perçu son armement et ses équipements individuels. Sous les ordres d’Ignaziu Arrighi, elle présenta les armes à Petru Colle, l’un des chefs militaires nationaux originaire du Rostinu, chargé par Pasquale de Paoli de passer la compagnie en revue le 22 juin.

Le même jour, Petru Colle, après avoir versé la solde à la compagnie Arrighi, rendit compte par écrit au général Paoli de la revue de présentation de l’unité letiaise à laquelle il venait de procéder. Il émargea le Rôle de la compagnie Arrighi, signé également par le général Paoli.

De Corti, la compagnie fut dirigée sur Furiani où elle intégra le bataillon Salicetti pour affronter les troupes françaises, des le mois de septembre à Furiani. Refluant en Casinca , la Compagnie participa à la contre attaque victorieuse menée par l’ensemble des troupes corses, à partir de la Casinca.

Ayant atteint Lucciana le 14 septembre 1768, la compagnie pris position face à Borgo et participa à la victoire éclatante, remportée là par le général Paoli, du 5 au 10 octobre 1768, où les troupes françaises aux ordres du marquis de Chauvelin capitulèrent.

Réguliers de l'Armée Nationale

Régulier de la Compagnie Arrighi - 1768.

Régulier de la compagnie Arrighi de l'Armée Nationale qui rassemblait, en 1768, des letiais en majorité et des volontaires d'autres villages de la Pieve.

Durant ces années glorieuses, l’Armée Nationale, commandée de 1755 à 1769 par le général Pascal Paoli, législateur, chef élu de la Nation et proclamé père de la Patrie, compta dans ses rangs la compagnie Arrighi, dont l’encadrement et les soldats étaient en majorité originaires de Letia et volontaires pour la Truppa Pagata. Letia possède l'insigne honneur de faire partie des 50 communautés de l'île, qui sollicitées en 1768 par le père de la patrie, Pascal Paoli, constituèrent une compagnie de l'armée régulière corse.

De cette compagnie demeure le souvenir, témoignage des valeurs et de la tradition civiques et guerrières, perpétuées à Letia avec la vénération de la Patrie corse. Cette unité lutta avec le reste de l'armée corse pour préserver l'indépendance de l'île et le libre destin de la nation que Pascal Paoli avait unifiée et structurée, autour des valeurs traditionnelles et des idéaux des lumières, codifiés dans l'acte fondamental qu'il institua à partir de 1755. (C .F. Constitution de la Corse).

San Roccu di Letia

Autour de l’église, le vieil hameau médiéval.

Sur l’ultime horizon, la pointe Pozzo di Borgo avec son castellu et la pointe de la Lisa qui dominent l’ancien préside génois, Ajaccio.

San Martinu di Letia

Chapelle

L’église originelle de San Martinu di Letia qui abritait deux ouvertures d’arca. Elle demeura en service jusqu’à la construction en 1722 d’une chapelle, elle-même remplacée par l’église construite en 1884 sur le même site.

Le cimetière de San Roccu, qui date de novembre 1879. On distingue la Chapelle mortuaire San Petru, bien plus ancienne et qui abrite les quatre ouvertures d’arca. Ces fosses communes ont été utilisées après l’abandon, en 1703, de l’église de San Mighele, de son cimetière et de son arca ou fosse commune qui comportait deux ouvertures.

San Martinu di Letia (Eglise)

San Martinu di Letia bâti en 1884 sur la butte majestueuse qui domine le Liamone.

 

San Giorghju

Vestiges

Santi Sari e Capella di Catena

A Capella di Santi Sari (Saint Césaire) en pierres taillées (12e - 13e siècles).

Vestiges di a Capella di a CATENA, (12e siècle), située à gauche du site du vieux castellu, Construit en l’an 818 par Orlandino Colonna.

On distingue, derrière les vestiges de la Capella di Catena, la ligne de Crète où se trouvent les fondations et les vestiges de San Giorghju.

Santa Maria di u Surbellu

La magnificence de l’édifice (12e- 13e siècle) est prouvée par divers éléments décoratifs sculptés dans la pierre.

L’église de Santa Maria di u Surbellu domine la haute vallée du Liamone. Elle a été bâtie au 12e – 13e siècle, en pierres taillées de grandes dimensions, sur un site d'une grande richesse archéologique.

San Lisei

L’ancien oratoire du Veralu remplacé par un calvaire qui domine Letia et ses hameaux.

Casa-Forte

Casa-Forte 1769, Campanile 1882

Le vieux campanile de San Roccu di Letia bâti avec l'église en 1882 sur l’emplacement de l’ancienne maison forte, u Casone, incendié après la défaite de Ponte Novu (09 mai 1769), par les troupes de Louis XV, lors de leur arrivée à Letia, fin Juin 1769.
La compagnie de combat letiaise, commandée par le capitaine Ignaziu Arrighi, avait participé à la campagne contre l’invasion, en défendant Lucciana, puis le fort de Furiani, à la veille de la bataille de Borgu (5 au 9 octobre 1768) qui fût une victoire éclatante pour les troupes nationales, sous le commandement du général Ghjacumu Petru Abbatucci.
L'église a été construite en 1882 sur l'emplacement de l'ancienne capella San Ghjacumu puis San Roccu.

San Roccu di Letia sous la neige.

San Mighele

Ce lieu, chargé d’histoire, interpelle les visiteurs qui retrouvent là le décor d’un passé auquel leurs mémoires ont été familiarisées par les récits entendus dans l’enfance. Les natifs de Letia indiquent qu’ils éprouvent de l’émotion en arrivant sur ce site qui conserve une partie de la mémoire de notre communauté qui se rassemblait là pour les cérémonies.

L’emplacement de l’église qui abritait deux ouvertures d’Arca est signalé par deux croix.

Le chemin d’accès, à l’arrivée, qui fût "maestosu".

E scale, chemin « montuosu » qui mène à San Mighele, constitué par une stretta empierrée.

Catena e Zurlina

La Catena où fût bâti en 818 le castellu ou fort du même nom par Orlandino Colonna qui chassa les sarrasins de Corse.
Arrigo Orecchiritu construisit le castellu Cinarchese qui défendait la baie de Sagone.
Il règna sur la Catena et la Cinarca alors que ses descendants règnèrent sur Catena, construisire le Castellu des Leca à Arbori, celui de Masciu à Coggia et reconstruisire Geneparu dans les calanques de Piana, bâti par Orlandino en 818.

Le castellu di catena est liée à l'histoire de Letia, depuis l'époque ou Catena dominait la région du vicolais et la Cinarca entière.

Le Fort de la Zurlina, situé face à Letia que l’on aperçoit sur le fond de la Photo.
Ce fort est un acteur important de l’Histoire de Letia.
C’est en effet à La Zurlina que Jean Paul de Leca a résisté avant de se réfugier au fort de la Furcina, à la veille de la chute de l’Etat de Cinarca qui entraina la destruction de Letia et la dispersion de ses habitants, pour la deuxième fois, en 1503.

L'oratoire de San Petru qui coiffe le col du même nom.

Plaque de marbre scellée dans l’église de San Roccu di Letia,
à la mémoire de la compagnie Arrighi, le 16 août 2015.

Compagnie Arrighi


Ayant quitté Letia pour Corti, au début du mois de juin 1768, la compagnie Arrighi à perçu son armement et ses équipements individuels. Sous les ordres d’Ignaziu Arrighi, elle présenta les armes à Petru Colle, l’un des chefs militaires nationaux originaire du Rostinu, chargé par Pasquale de Paoli de passer la compagnie en revue le 22 juin.

Le même jour, Petru Colle, après avoir versé la solde à la compagnie Arrighi, rendit compte par écrit au général Paoli de la revue de présentation de l’unité letiaise à laquelle il venait de procéder. Il émargea le Rôle de la compagnie Arrighi, signé également par le général Paoli.

De Corti, la compagnie fut dirigée sur Furiani où elle intégra le bataillon Salicetti pour affronter les troupes françaises, des le mois de septembre à Furiani. Refluant en Casinca , la Compagnie participa à la contre attaque victorieuse menée par l’ensemble des troupes corses, à partir de la Casinca.

Ayant atteint Lucciana le 14 septembre 1768, la compagnie pris position face à Borgo et participa à la victoire éclatante, remportée là par le général Paoli, du 5 au 10 octobre 1768, où les troupes françaises aux ordres du marquis de Chauvelin capitulèrent.

Réguliers de l'Armée Nationale

Régulier de la Compagnie Arrighi - 1768.

Régulier de la compagnie Arrighi de l'Armée Nationale qui rassemblait, en 1768, des letiais en majorité et des volontaires d'autres villages de la Pieve.

Durant ces années glorieuses, l’Armée Nationale, commandée de 1755 à 1769 par le général Pascal Paoli, législateur, chef élu de la Nation et proclamé père de la Patrie, compta dans ses rangs la compagnie Arrighi, dont l’encadrement et les soldats étaient en majorité originaires de Letia et volontaires pour la Truppa Pagata. Letia possède l'insigne honneur de faire partie des 50 communautés de l'île, qui sollicitées en 1768 par le père de la patrie, Pascal Paoli, constituèrent une compagnie de l'armée régulière corse.

De cette compagnie demeure le souvenir, témoignage des valeurs et de la tradition civiques et guerrières, perpétuées à Letia avec la vénération de la Patrie corse. Cette unité lutta avec le reste de l'armée corse pour préserver l'indépendance de l'île et le libre destin de la nation que Pascal Paoli avait unifiée et structurée, autour des valeurs traditionnelles et des idéaux des lumières, codifiés dans l'acte fondamental qu'il institua à partir de 1755. (C .F. Constitution de la Corse).

L’exercice de la démocratie dans la communauté de Letia au XVIIIème siècle.

Election du délégué de la communauté de Letia, devant représenter celle-ci à Corte, en vue des assemblées, consultes, congrès publics, généraux et suprêmes, qui seront convoqués par le Général de la Nation et le Conseil Suprême ou Conseil d’État.

Il s’agit ici du rapport rédigé à l’issue de l’élection du représentant de la communauté, le 12 juin 1765.

Au nom du Seigneur. Qu’il en soit ainsi.

Les nobles Agostino Arrighi et Anto Francesco Leca-Cristinacce, podestats majeurs, les nobles Giovan’ Vito Arrighi et Giovan’ Andrea Cipriani tous deux, respectivement Pères du Commun de Ponte in Su et de Ponte in Giu de la communauté de Letia, et, avec eux, tous ceux qui composent la plus grande partie de la communauté et de la population de Letia appelés, réunis, rassemblés comme à l’accoutumée, suivant les formes habituelles selon lesquelles ils doivent se réunir et se rassembler pour traiter, résoudre et conclure les affaires concernant la communauté, tant celles ayant trait communément aux hommes de cette communauté qu’à chacun en particulier, tous ensemble et séparément ont d’un propre, commun et unanime accord constitué, créé et fait pour Procurateur et syndic de leur communauté le noble capitaine Ignazio Arrighi de Letia. Ils lui ont concédé et donné, ils lui concèdent et donnent la faculté et l’autorité d’intervenir, de participer aux congrès publics, généraux et suprêmes et aux consultes qui seront convoqués par son Excellence le Seigneur Général et le Suprême Conseil d’État du Regnu qui se tiendront dans la ville de Corte ou en tout autre lieu désigné par son Excellence le Seigneur Général et le Suprême Conseil d’État, au jour déterminé par leurs soins. Dans ces congrès, consultes, assemblées et diètes, ledit procurateur pourra suggérer, insinuer et dire, proposer, demander, répondre, contredire ou approuver tout ce qu’il estimera bon, utile ou nécessaire pour le peuple et la communauté, ainsi que pour tout le Regnu et toute la nation, pour les provinces et pièves de la susdite nation et Regnu. Il pourra uni aux autres procurateurs, syndics et députés, traiter, résoudre, conclure, désigner, ordonner, établir, tout ce qu’ils estimeront le meilleur et le plus utile ou le plus avantageux pour les populations, hommes et communautés du Regnu et de toute la nation. Il pourra avec eux tous abroger, déroger, annuler, abolir, modérer, déclarer, constituer, créer, ordonner, établir et faire les lois, les statuts, les chapitres, les constitutions, les décrets, les règlements pour le gouvernement politique, économique, militaire, civil et criminel comme pour la façon et la règle à adopter dans les congrès publics généraux suprêmes, les consultes les assemblées et diètes ainsi que pour la constitution et l’établissement du gouvernement suprême du Regnu, des conservateurs des lois de l’État, du tribunal civil, criminel et des magistrats provinciaux, du magistrat des finances publiques et des ordres militaires ainsi que de tous leurs chanceliers et officiers respectifs, pour la nomination et l’élection des personnes ou sujets qui doivent les composer ou les former. Il établira leurs émoluments respectifs ainsi que toute autre chose qui sera jugée opportune, nécessaire, bonne et utile au bon règlement et gouvernement de toute la nation, de tout le Regnu, de chaque province et piève, lieu, village ou ville. Il pourra accepter les dites lois, statuts, chapitres, constitutions, décrets, règlements et ordonnances. Tous promettront de les observer en leur nom propre et en celui de leur communauté. En ce qui concerne les choses susdites , la communauté de Letia promet de faire tout ce qui sera suggéré, insinué, dit, proposé, demandé, répondu, posé ou contredit par le noble capitaine Ignazio ainsi que tout ce qui sera traité, résolu, conclu, décrété, ordonné, établi et fait dans les formes susdites. De même, la communauté de Letia donne au procurateur et Syndic présent une faculté plus grande encore : qu’il ne puisse sous aucun prétexte, motif ou raison manquer d’autorité, voulant que toute l’autorité lui soit concédée et donnée afin qu’il puisse faire tout ce que pourraient faire les autres représentants de communautés et populations. En outre, ladite communauté de Letia lui a donné et concédé, lui donne et concède de pouvoir s’unir et s’associer aux procurateurs et syndics des autres lieux, villages et communautés de la piève de Vico afin que ces derniers, réunis et rassemblés, puissent élire, faire, créer, constituer ou substituer un ou plusieurs procurateurs et syndics de toute la piève avec les facultés et autorités susdites, afin que celui ou ceux qui seront faits, créés, constitués, ou substitués procurateurs ou syndics de toute la piève aient toute la faculté et l’autorité données par les représentants de Letia au dit noble capitaine Ignazio Arrighi, leur procurateur et syndic. Ces derniers promettent de respecter tout ce qui sera fait par leur procurateur et syndic ou par celui ou ceux qui, comme ci-dessus, sera ou seront constitués ou substitués, faits et créés et de ne jamais contredire, contrevenir et contester, le tout sous serment, en touchant l’un après l’autre les saintes écritures.

Fait à Letia sur la place commune, le dimanche 12 mai 1765 aux environs de midi.

Témoins : Bastianu fils de Matteo, Giovan Battista fils de feu Giovan’ Angelo et Salvatore, fils de feu Anton’ <Matteo, tous de Letia.

Notaire : Antonio Arrighi (Sources : Registre notarial de l’intéressé, Archives Départementales de la Corse du Sud).

Borgo, u dece d’ottobre di u 1768

In memoria di i nostri antichi chi ci hannu lasciàtu u rigordu di e so virtù

Si Ponte Novu, fut le tombeau de la Liberté et de l'indépendance de la Corse. La vaillance et la bravoure des troupes corses ne manquèrent pas. Vainqueurs dans l'exercice de la "petite guerre", ils ne pouvaient que succomber sur un champ de bataille, face à une armée nombreuse et disciplinée.

La bataille de Borgo qui eut lieu du 5 au 9 octobre 1768 démontre qu'une troupe réduite peut avoir raison du nombre par son courage.

Guerrier Corse soufflant dans une conque marine (U Culumbu).

Grace au site historique la Corse militaire et à son auteur, nous avons trouvé la trace de la compagnie ARRIGHI, du nom de son capitaine Ignaziu ARRIGHI, (né en 1736 à Letia - décédé le 1er novembre 1790).

Elle est levée au village de Letia d’où son capitaine est natif. Cette squadra est formée d’habitants de Letia, et de deux hommes pour chacun des villages de Sorru in Giù et de Soccia pour Sorru in Sù.

La compagnie est dirigée sur Corti en juin 1768, où elle est passée en revue par Petru COLLE, l’un des chefs militaires nationaux originaire du Rustinu, le 22 juin 1768.

La compagnie y est armée et soldée le même jour, le rôle mentionne :
Commandant : Capitaine Ignaziu ARRIGHI.
Il a pour adjoint le sergent Giuseppe CIPRIANI.
Les soldats sont encadrés par les sergents : Natale LECA, Santo SANTUCCI & Geronimo LEONNETTI.
Les caporaux : Saverio LETIA, Domenico Maria ROCCA de Chigliani, Saverio ALTIERO & Geronimo CIAMACCE.

La compagnie reçoit l’ordre de prendre position à Furiani en avant-poste, où elle stationne en juillet et août 1768 et où elle subira, au lendemain du 5 septembre, avec le reste du bataillon SALICETTI l’offensive des troupes françaises venues de Bastia qui, après avoir pris Biguglia, tenteront l’encerclement de la redoute de Furiani.

SALICETTI, avec le renfort de 400 hommes envoyés par PAOLI et commandés par VINCIGUERRA, effectuera de nuit une manœuvre de retrait pour éviter l’encerclement et se repliera au-delà du Golo. Dans leur ensemble les troupes corses refluèrent en Casinca d’où elles menèrent une contre-attaque pour reprendre la rive gauche du Golo. Au sein du bataillon SALICETTI, la compagnie ARRIGHI prit position à Lucciana dès le 14 septembre.

C’est là, à Lucciana, sur les contreforts de Borgo, que la compagnie participe à l’encerclement de la garnison française de Borgo, commandée par le colonel de LUDRE. Durant le mois de septembre, les moines et les troupes corses qui tenaient le couvent Saint-François de Lucciana mettent en déroute les troupes françaises venues de Bastia pour tenter de percer l'encerclement.

Régulier de la Compagnie ARRIGHI en 1768 - Composition de Jean-Laurent ARRIGHI

LA BATAILLE DE BORGU - 5 au 9 OCTOBRE 1768

Le 5 octobre, Pascal PAOLI préside à Lucciana une réunion des commandants des grandes unités pour attaquer Borgo.

Gian Carlo SALICETTI, Carlo RAFFAELLI, le capitaine RISTORI, ami et homme de confiance de PAOLI, Ignazio ARRIGHI, Ghjacumu Dante GRIMALDI, l’abbé Ferdinandu AGOSTINI avec leurs unités totalisant 500 hommes se posteront à l’Ouest du village.

Francescu GAFFORI et GAVINI, à la tête de 500 hommes, prendront position à l’Est de Lucciana.

Clemente PAOLI, le frère du général, homme d’église et chef de guerre, tient au Sud–Ouest la route du Nebbio avec 300 hommes. Francescu SERPENTINI avec 200 des siens gardera Serra.

Nicodemu PASQUALINI avec 200 hommes se portera au-dessus de Lucciana.

 

Selon Ambroggio ROSSI, Ghjacumu Petru ABBATUCCI a reçu l’ordre d’attaquer à sinestra, tandis que le général PAOLI avec Francescu Antoniu GAFFORI (1744-1796) et le gros des troupes s’engagera à destra de Borgo.

ABBATUCCI arrêtera avec ses quatre cent hommes la marche des troupes de GRANDMAISON, puis menacera NARBONNE-PELET en direction de Bastia, si bien que celui-ci battra en retraite. Antoniu GENTILI, Petru COLLE sont également de la partie.

Avant de donner le signal de marcher sur Borgu, le général PAOLI harangua les troupes rassemblées à Lucciana. Il tint un discours vigoureux que relate Ambroggio ROSSI. À cheval, devant l’ensemble des unités, il rappela le souvenir du Sampiero et des grands anciens, en appela à l’honneur et à la nécessité de sauver la patrie. Il vanta l’héroïsme des combattants. Il conclut par un appel à vaincre ou à mourir libre. Tenant son arme à bout de bras, Il ponctua sa harangue d’un coup de pistolet. La troupe, brandissant ses fusils, lui répondit par une longue ovation, suivie d’un long moment d’exaltation et d’enthousiasme patriotique collectif, entrecoupé par les chants de guerre.

Les nationaux se mirent en marche, ce jour du 5 octobre 1768, pour remplir une des plus belles pages de gloire de la Nation corse.

De LUDRE était enfermé dans Borgo où CHAUVELIN dépêcha un ingénieur pour effectuer des travaux de retranchement. Il considérait devoir conserver Borgo à tout prix, espérant mener une contre-offensive.

NARBONNE-PELET FRITZLAR a été appelé en renfort d’Ajaccio. Il avait reçu pour mission de renforcer la garnison de Borgo. Il subit là une défaite.

POMMEUREUL raconte : « On se détermina à marcher sous le feu terrible et continuel qui sortait des maisons, pour en enfoncer les portes à coup de hache : on vit monsieur de Narbonne une hache à la main, à la tête des grenadiers gravir la montagne, pénétrer dans le village et donner les premiers coups : toutes ces tentatives étaient inutiles, les portes étaient murées en dedans. » ……« On se détermina à marcher sous le feu meurtrier des maisons, pour donner la main à monsieur de Ludre, qui essaya en vain plusieurs sorties pour joindre l’armée, tout ce qui osa tenter ce passage dangereux resta sur place : les obstacles se multipliaient à chaque fois, ces difficultés menèrent à la nuit. » ……« Chauvelin finit par céder, recule et s’effondre. De Ludre, encerclé, capitule. Le général de Narbonne dira : c’est la première fois que j’ai tourné le dos à l’ennemi » (C.F. Pommeureul, Histoire de l’île de Corse (2 volumes –Bernes 1779).

DUMOURIEZ qui participa aux guerres de Corse écrira « Tout ce que Paoli a tenté était audacieux, bien combiné et exécuté avec finesse et précision. Il a employé dans cette guerre du génie et les Corses y ont montré un courage très estimable».

Plaque commémorative dévoilée durant l' été 2015 en l'église de Letia.

La garnison de Borgo, isolée après que les troupes corses se soient emparées de la Tour qui défendait le point d’eau, se rendit et capitula le 10 octobre au matin. Les Corses avaient occupé les maisons fortifiées du village et muré les portes de l’intérieur, obligeant de LUDRE à se rendre dès l’assaut général, lancé par l’armée nationale qui s’était rassemblée à Lucciana.

Les Corses ont perdu au total plus de 300 hommes tués ou blessés, lors de cette première offensive française. Les pertes des troupes de CHAUVELIN sont connues : six officiers et 27 soldats ont été tués, 58 ont été blessés. À ces pertes s’ajoutent les prisonniers : 50 officiers, 430 hommes, 3 pièces de canon, nombre d’armes individuelles, des vivres et des munitions qui tombent aux mains des corses.

Conformément à l’acte de capitulation, les prisonniers sont conduits à Corti. Ils sont traités selon les lois de la guerre et n’ont pas le sort des soldats corses, passés par les armes dans le cap Corse ou envoyés au bagne de Toulon, comme après la chute de Barbaggio, lors de la première offensive française du 30 juillet.

À l’issue de cette victoire corse, le marquis de CHAUVELIN sera relevé de son commandement et rappelé en France. L’armée française y aurait laissé mille six cents hommes tués et six cents blessés - dont MARBEUF, le commandant en second du corps expéditionnaire - au cours de l'engagement.

QUELQUES FIGURES

Clemente PAOLI, fils du général Giacinto PAOLI et de Denise VALENTINI, et frère aîné de Pascal. Il naît en 1720 à Morosaglia. Il suit son père à Naples et s'engage comme simple soldat au Régiment royal, et y obtient le grade de lieutenant. Rentré en Corse en 1752, il se mêle aux patriotes qui ont repris la lutte pour l'indépendance auprès de GAFFORI. Lors de la consulte d'Orezza, il concourt à faire proclamer Jean-Pierre GAFFORI, général des Corses. Quand ce dernier est assassiné en 1753, la Consulte le remplace par Clémente PAOLI assisté de trois magistrats : Tommaso SANTUCCI, Simon Pierre FREDIANI et le docteur GRIMALDI. Clémente refuse toutes les sollicitations pour accepter le commandement, et propose son frère cadet Pascal.

Le 13 juillet 1755, Pascal PAOLI proclamé Général de la Nation, Clémente se retire temporairement au monastère des Franciscains de Morosaglia. Pascal éprouvant des difficultés pour assurer son autorité sur ses rivaux, le rappelle près de lui et le nomme général des milices volantes corses. Clémente s'emploie à recruter et à organiser les miliciens. Il lève dans chaque pieve, cinquante hommes sous les ordres d'un capitaine. Ces bandes extrêmement mobiles sont formées de montagnards. Ils deviennent insaisissables lorsqu'ils battent le maquis, trouvant refuge chez l'habitant ou dans les monastères. Clémente et ses montagnards se trouvent partout où il y a du danger, justifiant son surnom "d'ange exterminateur".

En 1763, au couvent du Bozio, avec 200 montagnards il tire d'un mauvais pas son frère Pascal tombé dans une embuscade tendue par son rival le général MATRA. Placé à 60 km, Clémente arrive par des sentiers difficilement praticables, surprend son adversaire, tue leur chef et délivre son frère.

En 1768, dans les batailles qui l'opposent aux troupes royales françaises, il combat à San Pellegrino, et délivre San Fiorenzu. Il résiste 50 jours dans Furiani, et à Rutali, oblige les soldats de GRANDMAISON à retraiter en désordre.

Il joue un rôle primordial à la bataille de Borgu, avec GAFFORI, ABBATUCCI & GRIMALDI, en tournant la droite française, contraignant LUDRE et 600 grenadiers royaux à capituler.

À la bataille de Ponte Novu, la défection de GAFFORI laisse le champ libre aux troupes du Comte de VAUX. Clémente se réfugie avec 300 de ses fidèles dans les montagnes du Niolu. Il y harcèle les soldats du général NARBONNE, couvrant la retraite de son frère. Ne pouvant lever de nouvelles recrues, il se résigne à suivre son frère en exil. À Livourne il est à la tête des exilés, animant la révolte de 1774. Il trouve refuge en Toscane au couvent de Vallambrossa, où il y mène une vie monastique.

Il rentre en Corse après 20 ans d'exil, et assiste au retour triomphal de son frère. Il y décède en 1793.

Achille MURATI, (1733-1801 à Murato). Sans doute le plus brillant des lieutenants de Pascal PAOLI. Il s'illustre à la bataille de Furiani, où il est blessé le 18 juillet 1763. https://lh6.googleusercontent.com/-zcV4RH-wGHA/VNZ9TvUZ_HI/AAAAAAAAGNA/cXJg-sx5gd0/s400/achille-murati-13.jpgBattue, l'armée génoise désemparée, s'enferme dans ses présides. En Janvier 1767, il organise l'opération qui permet le débarquement et la prise de l’îlot de Capraja. A la tête de l'opération, il fait capituler la garnison génoise en mai, après qu'il ait fait échouer une tentative de débarquement d'une colonne de secours.

Il est blessé par les troupes françaises venues de Bastia à l'attaque de Teghime en 1768. Il trouve refuge à Livourne. De retour en Corse en 1773 suite à une amnistie. Il commande la Garde Nationale du Nebbio en 1790. Il est membre du Parlement anglo-corse en 1794.

Domenico ARRIGHI, de Speloncato. né en 1711, décédé le 25 avril 1789. Nommé par PAOLI Commandant de la force armée en Balagne au mois d'août 1762. Marié le 14 septembre 1732 à Marsilia (décédée le 26 février 1741), remarié le 25 décembre 1741 à Brigida SALADINI (1721-1803) dont il eut 12 enfants.

Ignaziu ARRIGHI, capitaine. Né à Letia en 1736, il est décédé le 1er Novembre 1790, Il est le fils de Giuseppe ARRIGHI, né à Letia en 1708, lui même fils de Gio Siliu ARRIGHI (né à Letia le 20 juin 1666) et petit-fils du capitaine Arrigo ARRIGHI, né le 6 octobre 1631, mort après 1680. Capitaine et Podestat en 1678.

Ignaziu ARRIGHI a représenté, comme député et Podestat, la communauté de Letia à la consulta organisée en 1765 et à celle du 22 juin 1768 à Corte qui décréta la mobilisation générale, sous le règne de Pascal PAOLI. Il est désigné pour commander la compagnie, formée à Letia en 1768.

Giacomo Petru Carlu ABBATUCCI. Patriote corse. Commande à Borgu, I Pumuntichi, (les originaires de la Région du Pumonte ou de l’Au Delà des Monts) et de patriotes du Cismonte avec quelques étudiants de l’université de Corté. Le général G.P. ABBATUCCI, héros de la guerre d’indépendance contre Gênes puis contre la France, responsable des Pievi du Sud de la Corse, contesta l’autorité de PAOLI, mais il se réconcilie avec lui en 1766 et nommé, à cette date, général pour le Sud de l’île.

Rallié au vainqueur après Ponte-Novu. MARBEUF, marquis de Cargèse, «le vieux pacha luxurieux» le jalousait à cause de son charisme et de l’ascendant qu’il avait sur ses compatriotes. Il tenta de le compromettre dans un complot criminel, objet d’un montage avec le faux témoignage du curé de Guitera, qui tourna à son désavantage. Le général fut néanmoins condamné et envoyé au bagne de Toulon avant d’être innocenté en 1782, puis réhabilité en 1787. Il put retrouver son grade de Lieutenant-colonel de l’armée royale, avant d’être élevé au grade de Maréchal de Camp en 1791. Il s’opposa à nouveau à Pascal PAOLI après le retour de celui-ci de son exil de Londres.

Le général Jacques Pierre ABBATUCCI dont les aïeux originaires, de Zicavo, dans la Pieve de Talavu, se sont distingués au service de la République de Venise, et notamment lors de la guerre contre les Turcs, avait fait ses études chez les jésuites à Brescia, ville où son grand père maternel, le général Domenicu PAGANELLI-ZICAVO, était gouverneur.

Il est le père du général Charles ABBATUCCI mort au combat de Huningue en 1796 à l’âge de 25 ans, du jeune lieutenant Séverin ABBATUCCI, mort à 19 ans, après le siège de Calvi (août 1794) où il fut mortellement blessé, et du chef d’escadron Antoine ABBATUCCI, mort à 22 ans durant la campagne d'Égypte avec Bonaparte.

Son petit fils Jacques Pierre sera ministre de Napoléon III.

Couple de citadins Cortenais. L'homme semble porter un uniforme. Il est coiffé d'un petit bonnet de drap.

Ignaziu BALDASSARI, il est lieutenant en 1° au Régiment Royal-Corse Infanterie levé en 1739. Il démissionne pour se placer au service de Pascal PAOLI. En 1762, il met sur pied deux régiments de volontaires soldés forts de 400 hommes. En 1764, à la tête de l'un d'eux, il fait capituler la garnison génoise de Furiani. Il décède la même année de fièvres malignes.

Antonio BUTTAFUOCO, (1707-1758). Originaire de Vescovato. Épouse une fille d'Andrea CECCALDI. Il prend les armes contre les génois. En 1736 il est à la tête d'un groupe de partisans. Il est désigné par la Consulte pour faire parti des otages demandés par le Général de BOISSIEU. Retenus à Toulon d’août à septembre, les otages sont enfermés à Marseille après l'incident de Borgo. Il signe avec les otages le texte exhortant les rebelles à déposer les armes. En 1739, il est nommé Capitaine à la création du Royal-Corse. Fait la campagne pendant la Guerre de Succession d'Autriche. Rentre en Corse en 1748. Chevalier de l'Ordre de Saint-Louis

Ghjuvan Battista BUTTAFUOCO, dit "Tito" (1710-1764). Il est le frère d'Antonio et oncle de Matteo. C'est un adversaire acharné de Gênes et un fidèle partisan de Pasquale PAOLI. En 1762, il est membre du Supremo Consiglio. Il commande également l'un des deux régiments réguliers Corses. Il est tué accidentellement par l'un de ses soldats.

Antonio GENTILI, dit "Bonavita". Il est originaire de Saint Florent. Officier de l'armée nationale, il commande les mercenaires prussiens qui défendent le pont à la bataille de Ponte Novu. Après la défaite, il se réfugie à Livourne et participe à l'organisation du soulèvement de 1774. De retour en Corse avec PAOLI, en 1790, il est nommé Commandant de la Garde Nationale du Nebbio. Hostile à la sécession de 1794, il s'illustre lors de la défense de Saint Florent contre les Anglais. Il reçoit le grade de Général de Brigade par les représentants de la Convention. Après la chute de Saint Florent, il participe à la défense de Bastia qui capitule avec les honneurs de la guerre, après un intense bombardement en mai 1794.

Il sert à l'Armée d'Italie. Il est promu divisionnaire en 1795. Le Général BONAPARTE le désigne pour rétablir la République en Corse. Il en devient le Commandant Militaire. En 1797, il est gouverneur de Corfou. Il décède l'année suivante du paludisme.

La Bataille de Ponte Novu - Lithographie du XIX° in Napoléon Bonaparte sous la direction de Dimitri CASALI - Ed. LAROUSSE. sept 2010 (Coll. de l'auteur)

SOURCES

Je dois à l'amitié de M. Martin ARRIGHI la relation de la bataille de BORGU. Qu'il en soit à travers ces lignes chaudement remercié.

Mes plus vifs remerciements au Pr Jean-Dominique POLI, de l'Université de Corté.

Mes plus vifs remerciements à M. Jean-Christophe ORTICONI de MASSA.

Mes plus vifs remerciements à Mme Hélène COLONNA-CESARI, pour les renseignements relatifs a sa famille.


 

Le territoire de la communauté de Letia qui s’étend sur 36,44 Km2 a fait l’objet durant les années 2013 et 2014 de recherches archéologiques, menées sous l’autorité du conservateur régional de l’archéologie et sous la direction de deux archéologues confirmés, un docteur en archéologie, Madame Emilie Tomas et un doctorant, Jean Baptiste Mary, assistés des bénévoles de Letia-Catena. L’objectif était de vérifier la situation géographique et le contenu des sites déjà répertoriés et inscrits sur la C.A.N. (Carte Archéologique Nationale), et de découvrir et d’inventorier de nouveaux sites par une recherche soutenue sur le terrain. Les premières recherches effectuées en 2013 ont concerné l’environnement des deux hameaux de Letia et d’un périmètre s’étendant, sous forme de triangle, de la pointe du Monte Russetu 1 427 m, jusqu’à deux points spécifiques dans les bas de Letia, facilement identifiables sur la carte, ci-contre, et constituant avec le Monte Russetu, une surface triangulaire. La limite Sud- est du triangle est constituée par le lieu de confluence sur le fleuve Liamone, là où le Fiume Grossu, venu de Guagno, se jette dans le Liamone, au Sud-est du hameau de San Martinu. L’autre point d’ancrage du triangle prospecté se situe au Sud-ouest, là où le Liamone entre sur le territoire de la communauté de Murzo. Les sommets de Chjieragella (1 510 m) et la pointe de Bazzighera (1 269 m) sont inclus dans ce périmètre[1]. Il est utile de préciser que Capu Soro, enclave létiaise en dehors du triangle précité et au sud du Liamone, située à 745 m au dessus de la rive gauche du fleuve, a également été prospectée sans succès. 

 

 

                                                                                                                                                      Territoire de la communauté de Letia - carte IGN - (géo portail). 

 

Les informations recueillies sur les sites et indices de sites confirment l’occupation de ce territoire de la préhistoire à nos jours. Cette opération a permis de mettre au jour des sites à prépondérance protohistorique. En effet le mobilier découvert atteste d’une occupation protohistorique pour l’ensemble des 31 sites visités. Pour deux de ces sites, la présence de mobilier spécifique de la période néolithique pourrait faire remonter l’occupation au néolithique final ou élaboré, même s’il n’a pas été possible d’établir formellement une datation. Le mobilier trouvé est spécifique de la culture des céréales. On a noté également la présence d’une lame en obsidienne qui pourrait se rattacher au site du Monte Arci en Sardaigne. Elle se trouvait sur un site portant des mobiliers spécifiques du néolithique dont une meule de broyage des grains de céréales, ainsi que des galets de broyage. Plusieurs fragments de céramiques ont été identifiés sur deux sites différents, comme datant de l’âge du bronze et d’autres de l’âge du fer. Dans certaines parties du territoire on a pu discerner la prépondérance de mobiliers antiques. 

 

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Cliché Letia-Catena 2013 

Fragments d’une poterie utilisée pour stocker les céréales 

 

L’apport essentiel du néolithique concerne l’agriculture, qui permit de faire pousser et récolter des plantes pour assurer et diversifier l’alimentation des hommes et du bétail : le blé, l’orge, etc.., les légumineuses qui nécessitaient l’utilisation d’ustensiles pour leur conservation par stockage. Les mobiliers identifiés nous démontrent que les populations établies dans ce périmètre maîtrisaient la culture des céréales. Les sites visités se trouvent généralement près de sources mais surtout de zones agraires laissant supposer une activité agricole d’emblavement, liée à ces occupations. Il en est de même pour les fragments trouvés, sous formes de panse d’ustensiles et de coupes, ainsi que de céramiques, caractéristiques de la période néolithique, prouvant la maîtrise de la culture des céréales. 

Meule 

Cliché Letia-Catena 2013 

Meule de broyage mobile d’une dimension de 65 cm. 

La prospection-inventaire réalisée en 2014 s’inscrivait dans la continuité de l’opération menée en 2013. Aussi, afin de compléter les données acquises, il apparaissait nécessaire d’examiner la partie nord de la commune jusqu’alors inexplorée. Cette zone géographique se caractérise par son relief montagneux où culmine Cimatella à 2098 m. Bien que la topographie soit accidentée, différentes bergeries au nombre d’une dizaine, sont installées, témoignant ainsi de la fréquentation de ce secteur sur la rive droite du Liamone. Accessible par le chemin à flanc de montagne, en empruntant le sentier qui quitte Letia vers le Nord-est, en traversant la châtaigneraie du Frassu, après avoir longé par les hauteurs l’ancien village de Cosju, on atteint le vieil oratoire de San Liseï, au col du Veralu, puis le rocher nommé a Sciappa à tribbiatoghjia dont le nom indique qu’ont y battait les céréales.  

La prospection s’est étalée sur plusieurs jours et la rive gauche du Liamone à elle-même été visitée en empruntant le sentier qui de Letia remonte la vallée, jusqu’à la partie centrale, constituée par une large étendue plane, naturelle, à San Clemente, puis plus au Nord jusqu’à Custica, et enfin sur les crêtes qui surplombent Ciuttare et les autres sites, sur la rive droite du Liamone, aux pieds du Capu Farinettu à 1377 m, du Tritore à 1790 m, sommets que domine u Capu à u Tozzu à 2007 m. 

L’examen des différents sites, dans la haute vallée du Liamone, et de leur réseau d’accès a permis de découvrir des vestiges archéologiques. Parfois ténus, ces vestiges permettent toutefois de proposer la fréquentation de ce secteur géographique de la commune durant la préhistoire et la Protohistoire, comme pour le reste du territoire de la communauté de Letia, le mobilier indique que les populations maîtrisaient la culture des céréales. Les sites visités, au nombre d’une quinzaine, présentent les caractéristiques de la période néolithique. Nous retenons, un des sites les plus significatifs, qui à permis de découvrir la présence d’un éclat d’obsidienne, accompagné de fragments de quartz, ainsi que nombre de céramiques, fragments de poteries. 

 

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Cliché : Letia-Catena 2014 

Roue portative de moulin à grains, abandonnée car brisée lors de la découpe. 

 

On a noté un site constitué de différents chaos rocheux formant pour certains des abris. Aucun mobilier archéologique n’a été observé dans ces cavités, en revanche, au moins trois cupules ont été enregistrées tandis qu’un élément de moulin portatif, significatif de la période du néolithique final, avait été abandonné en cours de découpe. 

Un gisement de céramiques modelées et des résidus issus d’une activité métallurgique du fer à été découvert, bien plus bas. La majorité des sites visités, situés près de sources ou cours d’eau, sont proches également de zones agraires et présentent des mobiliers identifiés comme relevant du néolithique. Ils nous démontrent que les populations établies dans ce périmètre maîtrisaient la culture des céréales. 

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Cliché : Letia-Catena 2013 

Cupule pour moudre les grains 

 

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Cliché : Letia-Catena 2014 

Cupule pour moudre les grains 

 

 

 

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Matériaux archéologiques trouvés aux lieux dits a Cruccianaghia et l'Albitrone 

 

Jean André Rossi qui est installé comme berger au lieu dit A CRUCCIANAGHIA, à Letia,  a découvert sur ce site, bien au dessus de sa bergerie, un moule pour la confection de pointes de flèches, ainsi qu’un lingot (cuivre ou bronze) cylindrique qui doit peser près d’1 kg. Le moule est daté de la fin du Bronze final.

La déclaration de cette découverte auprès du SRA (Service Régional d'Archéologie ) pour la mise à jour de la CAN (Carte Archéologique Nationale), a été effectuée par madame Gardella, à laquelle Jean André Rossi avait remis sa découverte, ainsi qu'à l'archéologue Jean Baptiste Mary.  La découverte du moule a récemment fait l'objet d'une publication par le Proto-historien Pêche-Quilichini ( 2014b). 

 

Deux résultats des prospections menées sur la commune par Marie-Andrée Gardella.  

 

Référence : M. Rageot, Les substances naturelles en Méditerranée nord-occidentale (VIe-Ier millénaire BCE). Chimie et archéologie des matériaux exploités leurs propriétés adhésives et hydrophobes, Thèse de doctorat, Nice, 2015, p. 191 :

                      

 

                                                                                         Un tesson de céramique présentant une substance noire, répartie sur une des cassures, a été découvert à Albitrone

Le caractère typo-morphologique du fragment de céramique pouvait l’intégrer au premier âge du Fer corse (IXe-VIII s. BCE). Ce matériau aux propriétés adhésives a donc été utilisé sur le site pour réparer des récipients (classe A).Op. cit., p. 322 : 

 

Albitrone (Letia, Corse-du-Sud)  

 

Le site se trouve sur la commune de Letia (avec une partie à Renno), lieu-dit « Punta di Castellu ». Il a été découvert lors d’une prospection réalisée par Marie-Andrée Gardella (Laboratoire Régional d’Archéologie de Corse). Il s’agit vraisemblablement d’un habitat, au moins partiellement fortifié (dont la toponymie a gardé le souvenir), qui se situe dans un contexte de sommet granitique, érodé à environ 1000 m d’altitude. Très peu d’informations sont disponibles pour ce site. À ce jour, le corpus est uniquement constitué du mobilier superficiel, principalement de la céramique datée des Xe-VIIIe siècles (communication de K. Pêche-Quilichini). Un moule de pointe de flèche a également été découvert et a récemment été publié (Pêche-Quilichini et al., 2014b), ainsi qu’un lingot (cuivre ou bronze) cylindrique qui doit peser près d’1 kg. Le moule est daté de la fin du Bronze final.  

 

Référence : K. Pêche-Quilichini, J. Graziani, G.F. Antolini, M.A. Gardella, M. Milleti, « Les matrices de fusion protohistoriques de Corse. Etat de la recherche et découvertes récentes », in Chronologie de la préhistoire récente dans le Sud de la France. Actualité de la recherche, sous la dir. d’I. Sénépart, Fr. Léandri…, Toulouse, Archives d’écologie préhistorique, 2014, p. 431-1146, p. 439-440 :

 

 

 

 

Albitrone-Cruccianaghja (Letia, Corse-du-Sud) Découvert récemment lors de prospections, cette valve triple en stéatite, très endommagée, était à l’origine probablement quadruple. Une face porte la pointe d’une lame (pointe de lance ou poignard) à nervure centrale assez identique aux matrices de Ficaghjola et Capificu. Les deux autres faces gravées portent plusieurs pointes de flèche très aigues à soie et ailerons, pour lesquelles les meilleures comparaisons renvoient au premier âge du Fer initial, notamment dans les Pyrénées (Castiella Rodriguez et Sesma Sesma, 1989 ; Cert, 2000, fig. 5, n° 1-3). Les pointes de flèches en bronze de ce type sont, en l’état des recherches, inconnues dans l’île. Un exemplaire, à douille et ergot, provient de Cucuruzzu (Levie, Corse-du-Sud). L’absence d’entonnoir montre que le métal liquide était coulé sur matrice horizontale, avant l’adjonction de la seconde valve ou d’un couvercle (dont l’existence est démontrée par la présence des mortaises d’emboitement). Il s’agit là des seuls témoignages permettant de documenter l’archerie à l’âge du Bronze final (Pêche-Quilichini, 2012). L’épandage auquel l’objet appartient a également livré de la céramique du Bronze final 3 et un lingot cylindrique en bronze. 

Autre commentaire pour le même moule de flèche.  

 

K. Pêche-Quilichini…, Chronologie…, op. cit., couverture :  

 

Albitrone- Cruccianaghja (Letia) - Stéatite Ce moule triple était à l’origine probablement quadruple. Une face porte la pointe d’un outil perçant (poignard ou pointe de lance) à nervure centrale. Les deux autres faces gravées portent plusieurs pointes de flèche à soie et ailerons. Il s’agit là des seuls témoignages permettant de documenter l’archerie à l’âge du Bronze (final ?). L’épandage auquel l’objet appartient a également livré de la céramique du Bronze final 3 et un lingot cylindrique en bronze. 



[1]. Chjiragella, nommé souvent L’Inchinosa sur diverses cartes IGN, se trouve, comme le monte Russetu, en limite du territoire des communautés de Renno, Cristinacce et Letia. Le Monte Russetu est à la limite des territoires de Letia et Cristinacce.