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Notre association, Letia-Catena, a retrouvé divers éléments d'information qui concernent les combats ultimes des membres de notre communauté, menés à Letia face au régiment Royal-Roussillon-Cavalerie de Louis XV.  Au lendemain de la bataille de Ponte Novu, avant de quitter la Corse pour l'exil, Clemente Paoli, Frère de Pasquale Paoli, tenta de réorganiser et de reconstituer l'armée nationale, autour des quelques éléments qui le suivaient dans le Vicolais avec, entre autres, des hommes de Gian Carlu Saliceti, lequel avait eu sous ses ordres, en 1768, la compagnie Arrighi, formée à Letia. Clemente Paoli et les éléments épars qui accompagnaient Saliceti pénétrèrent dans le Vicolais du 1er au 5 Juin 1769, avant de mener des combats sporadiques dans le Celavo.                                                           

 Nous savons que dès le mois de juillet 1768, la compagnie Arrighi, qui avait préalablement rejoint Corti  en mai 1768, pour y recevoir son armement et ses équipements, fut mise en place sur la redoute de Furiani, afin de barrer la route aux troupes françaises qui s'avançaient vers le sud. Après l'offensive française pour le contrôle du Cap-Corse et la descente des troupes de Louis XV vers la périphérie sud de Bastia, jusqu'au 4 septembre, les hommes de la compagnie participèrent à diverses embuscades tendues sur les sentiers descendants du Teghine, sur le trajet des troupes françaises, se dirigeant vers Biguglia en vue de pénétrer l'axe Bastia - Casamozza, en direction du sud. La compagnie, commandée par le capitaine Igniaziu Arrighi, faisait partie du bataillon Saliceti qui affronta les éléments avancés de l'armée de Louis XV, lesquels, placés sous le commandement du colonel Cogny, venaient de s'emparer de Biguglia et tentaient de déborder les troupes nationales par Furiani. Après avoir feint une négociation en envoyant des émissaires à Cogny, Saliceti engageât, dans la nuit du 4 septembre, un retrait stratégique vers la Casinca et au delà du Golo avec l'ensemble de ses unités. Découvrant, au matin du 5 septembre, le retrait que Saliceti avait opéré de nuit, le colonel Cogny se décida à maintenir prisonniers les émissaires venus négocier. Saliceti rejoint ainsi le gros des troupes nationales,  sous le commandement de Paoli, en Casinca. Les nationaux se réorganisèrent grâce à ce retrait. Ils purent ainsi reprendre l'offensive, sous le commandement et en présence du Général Pasquale Paoli. C'est à partir de Lucciana, où elle pris position le 14 septembre 1768, que la compagnie Arrighi participa, toujours sous les ordres de Gian Carlu Saliceti et en présence du général Paoli, à l'attaque de la garnison de Borgo où le colonel de Ludre capitula le 9 octobre 1768 au matin. Le général Marbeuf fut blessé devant Borgo, à hauteur du couvent de Lucciana. Le général Narbonne-Fritzlar, chargé de prendre les nationaux à revers, fut sévèrement battu et rejeté sur la route de Bastia, sans avoir pu pénétrer les abords de Borgo. Les nationaux firent là plus de 900 prisonniers, emmenez à Corti. Suite à cette capitulation, le marquis de Chauvelin, commandant du corps expéditionnaire français fut rappelé à Versailles par Louis XV. Après une trêve de sept mois, les français, commandés par de Vaux, reprirent l'offensive en marchant sur Corti par Ponte Novu.

 Après la bataille de Ponte Novu, malgré la défaite , les combats ne cessèrent point . Clemente Paoli et Gian Carlu Saliceti envisagèrent de faire du Vicolais un bastion de la résistance, comme au temps de Giuvan Paulu di Leca, des chefs cinarchesi et de Sampieru. Ils engagèrent avec leur troupe le combat jusqu'au 5 juin. Les unités nationales affrontèrent là les troupes françaises du Général Narbonne - Fritzlar, connu comme tortionnaire et ayant la réputation d'une arsouille. Malgré les liens tissés au combat par les chefs nationaux avec les hommes de la compagnie Arrighi, la majorité des capipopuli, rassemblée à Vico et sollicitée par Clemente Paoli et Saliceti, refusa de poursuivre la lutte. La compagnie Arrighi, repliée sur Letia, opposa,  avec les hommes de la communauté qui se mobilisèrent instantanément, une résistance acharnée, lors de l'arrivée des troupes de Louis XV sur le territoire letiais. La compagnie avec l'ensemble des hommes valides de la communauté de Letia engagea le combat avec les éléments du Royal- Roussillon-Cavalerie, chargé de neutraliser la résistance des nationaux dans le village de Letia et aux abords, où se déroulèrent de violents combats. Le général Fabre Vincent Joseph Dominique, dit Fonds, y fut blessé. Il était le frère du conventionnel Fabre d'Eglantine. Né à Carcassonne le 23 janvier 1752, et sous officier ou homme du rang en 1769, il avait été enrôlé le 2 décembre 1768 au régiment Royal-Roussillon-Cavalerie, chargé de poursuivre et de réduire les résistants à l'invasion jusqu'à Letia. La maison forte qui défendait le vieux hameau médiéval à San Roccu, située près du clocher actuel, a été incendiée par les éléments du Royal-Roussillon-Cavalerie, en juin 1769.

 

(Source : Dictionnaire biographique des généraux et amiraux de la Révolution et de l'Empire, Page 456, et livre L'armée régulière du Regnu di Corsica sous le généralat de Pascal Paoli. Exemple de la compagnie Arrighi. Editions Letia -Catena, publié à Letia, 3em trimestre 2014).